Véritable fer de lance de la scène stoner/doom américaine actuelle, encore malheureusement trop méconnu dans nos contrées européennes, Yob est de retour, et je vous le dis tout de suite, vous ne serez point déçu. Le groupe, mené d’une main de maitre par Mike Scheidt (chant/guitare), a vu son line-up évoluer au gré des vents et marées. Toutefois, depuis le retour du groupe sur le devant de la scène en 2009, le line-up semble stabilisé, avec Aaron Rieseberg à la basse et Travis Foster à la batterie.
En 2011, le groupe originaire d’Eugene dans l’Oregon nous avait pondu l’immense Atma, il était temps qu’ils remettent le couvert avec Clearing The Path to Ascend. Le titre de l’album évoque déjà la thématique du voyage spirituel, et en effet, la musique qu’il contient semble un excellent moyen d’atteindre un état d’élévation spirituelle.
L’album est composé de quatre morceaux, quatre pans sonores d’un voyage dans un lieu encore inconnu. Chacun des morceaux d’une durée variant entre dix et vingt minutes occupe une face du pressage vinyle de l’album (que je ne peux que vous recommander).
Photo © James Rexroad
"Time to wake up"
Le voyage commence sur ces mots, et se poursuit avec quelques accords de guitare clean qui donnent le ton du morceau : une lente procession vers un autre univers, celui de Yob. On se pose et on commence tout juste à apprécier la douceur de ces quelques accords, quand débarquent sans prévenir une batterie musclée, appuyée par un mur d’amplis poussés à 12. "Yob is back" comme diraient certains. Malgré la lourdeur étouffante du propos, celui-ci reste intelligible, avec les harmonies qui font la singularité du son du trio. La voix de Scheidt est plus en forme que jamais, allant d’un voie aigue et plaintive sur les couplets à des growls et autres chants gutturaux dignes d’un Corpsegrinder croisé avec un grizzly. L’atmosphère lourde du morceau est soutenue par une batterie qui maintient bien cette pression qui durera toute la durée de l’album. Les riffs sont groovy, la basse vibre dans le ventre, ça y est, je commence à m’envoler, ou peut-être suis-je en train de m’enfoncer dans le sol, je n’en ai aucune idée.
"Nothing To Win", deuxième piste de l’album nous surprend dès ses premières mesures, comme une impression de déjà vu, ou plutôt de déjà entendu en l’occurrence. En effet, que l’harmonie du morceau, ainsi que son rythme rappellent beaucoup nos compatriotes de Gojira. Bien entendu, il ne s’agit pas là d’une pâle copie, mais bel et bien d’un morceau reprenant les ingrédients utilisés par Gojira pour créer une atmosphère lourde. Le rythme est rapide, la batterie est très présente et les riffs sont planants. Vers la fin du morceau survient un break basse/batterie des plus inattendus, la tension redescend et l’atmosphère devient plus reposée, jusqu’au retour de la guitare de maitre Scheidt qui clôt le morceau tout en lourdeur, donnant au fan de doom le plus calme et posé qui soit une irrépressible envie de headbanguer.
Photo © Dirk Frewing
"Unmask The Spectre" apparait comme un retour vers le groove d’"In Our Blood" (le premier titre de l’album) avec son intro toute en douceur, et la guitare arrivant comme un troupeau d’éléphants. Les riffs sont encore plus lourds que sur les morceaux précédents, le ton est moins plaintif, plus vindicatif, mais les mélodies sont toujours aussi présentes. La lourdeur psychédélique de Yob se ressent tout particulièrement ici, avec un très beau solo de guitare. La pression retombe quelques instants, où l’on peut entendre le bruit du vent des plaines de l’Oregon, jusqu’à ce que le groupe revienne mettre une dernière couche.
Le dernier titre de l’album, "Marrow", débute sur des arpèges très mélancoliques, à l’instar de la progression qui en résultera. On a presque à faire à du prog, le son s’épaissit tout doucement, puis se radoucit, le tout rythmé par une batterie très épurée, ça y est, notre voyage prend fin, le tout sur une petite ambiance à la Pink Floyd, avec un solo de guitare très simple mais expressif. Puis comme d’habitude, les grosses guitares sont de retour pour sublimer le chef d’œuvre.
Il apparait en fin de compte assez difficile de décrire la musique de Yob, et encore plus ce que l’on ressent en l’écoutant, c’est pourquoi je vous invite vivement à jeter une oreille sur cette galette, qui plaira sans aucun doute à l’amateur de stoner/doom bien lourd et burné qui cherche la bande son de son prochain splif, autant qu'à l’amateur de prog et autres musiques méditatives.
Pour ceux que cela intéresse, Yob sera de passage en France en compagnie de Pallbearer, autre fleuron de la scène doom metal actuelle le 7 octobre à Nantes et le 8 à Paris.