Samedi 13 Septembre
N'ayant pas été dans la possibilité de répondre présente sur la totalité des deux journées, voici un pot-pourri de ce à quoi votre fidèle serviteur a pu assister :
DearDevil
De tous les jeunes groupes rock / metal en effervescence, les chouchous de votre serviteur ! Après un très bon EP (notre chronique ici) et quelques prestas live très convaincantes, le groupe parisien - multiculturel en réalité – a su gagner les faveurs de Mennecy.
Dans un style Aerosmith meets Guns’n’Roses, les quatre se démènent sur scène et offrent un set cimenté. Avantagés par un son de guitare massif, et poussés par un frontman déchaîné (le Costa-Ricain Robert, très en forme aujourd’hui !), le groupe défend un hard rock efficace, mais non dénué d’une certaine complexité musicale. Qualité des compositions, et de leur exécution scénique ; belle entente et complémentarité au sein du groupe ; le public réagit positivement, bien que pas encore ostensiblement fourni en ce début de deuxième journée. Mais les gens retiennent, et l’on peut entendre, en traînant une oreille alentours, fuser quelques commentaires flatteurs, par-ci par-là. Pour notre part, on veut bien vous gager qu’il s’agit peut-être bien d’un futur gros groupe ... A suivre !
Vulcain
Connus comme le loup blanc et souvent étiquetés les « Mötörhead français », quelle bonne idée que la reformation de nos compatriotes de Vulcain il y a un peu plus de quatre ans maintenant ! Car s’il est bien une chose que l’on pourra comprendre au fil de ces Nuits Metal, c’est que lorsque l’ancienne garde revient sur scène, c’est pour mettre des fessées à tout le monde, et particulièrement aux jeunes musiciens & groupes aspirants, qui feraient mieux d’en prendre de la graine.
Avec ses titres calibrés « live », racés et efficaces, le power-trio s’avère ultra-crédible. Le basse-batterie de Vincent Puzio & Marc Varez (respectivement) est en béton armé, et Daniel Puzio excelle tout-à-la-fois au chant et à la guitare. Car assurer un show sur-vitaminé comme celui-ci en tant que frontman, et taper des solos de guitare en même temps, il fallait le faire … Un très bon feeling à la guitare donc, des chansons taillées pour la scène, un groupe souriant et heureux d’être là – le cocktail d’une soirée idéale.
ADX
Il y a peu de groupes français qui peuvent se vanter de n’avoir pas sombré sous le lourd fardeau de l’étiquette « has-been », et ADX en fait partie. Polémiques, très controversés, mais aussi extrêmement populaires à l’époque de leur sortie (rappelons tout de même pour les incultes qu’ADX dans les 80’s, c’est un succès à l’internationale, remportant haut-la-main le plébiscite français, qui les place bien souvent devant les Helloween, Slayer, ou encore Megadeth), nos compatriotes ont su garder une fan-base loyale et un renom au fil des ans (et ce malgré un gros break, tout comme Vulcain par ailleurs).
Le choix du chant en français et de l’abord de thèmes inspirés de l’histoire de France et de la littérature classique a de quoi séduire, de même que la qualité d’exécution du set du groupe, qui se distingue dans une veine old school à la Iron Maiden, portés par la belle voix et le coffre de Philippe. Une très bonne (re-) découverte, qui donnera envie de se plonger dans la discographie du groupe, et qui nous prendra à rêver qu’avec un peu de chance, on aurait bien pu avoir là notre équivalent frenchy de ce que Rammstein est à l’Allemagne, par exemple …
Tankard
Pour ponctuer en beauté cette deuxième journée, c’est au tour des allemands (l’Allemagne en tête, comme la veille !) de Tankard de venir nous bercer de leur douce musique thrash metal aux influences punk. Jusque-là, aucun des groupes à l’affiche ne se prenait au sérieux, et ça ne saurait s’arrêter en si bon chemin avec nos voisins outre-Rhin : presque exclusivement axés « bibine » (et oui : Tankard signifie « choppe », comme dans « choppe de bière », en anglais) et forts d’un dernier album très justement intitulé Rest In Beer (sorti cette année), le groupe prend le parti d’offrir un metal second degré, loufoque et finalement très cocasse.
Aux antipodes du « metal bogosse » ou « trendy », les Tankard ne se prennent pas le moins du monde au sérieux, et poussent le bouchon plus loin que des Pantera dans cet abord-là, avec de grands moments scéniques comme lorsque Gerre, le chanteur, se pavane de cour en jardin, levant son t-shirt pour dévoiler un énorme … bidon à bière ! On entendra murmurer derrière nous : « mais il marche comme un autiste, il n’a pas de charisme ! » ; mais on saura pour notre part apprécier ce côté décalé, pas formaté pour un sou, et brut de chez brut, nous rappelant, mine de rien, une perspective perdue de vue depuis un moment : celle du metal comme musique de la contestation, apanage des renégats et misfits en tout genre. Rafraîchissant. Car au final, malgré un son beaucoup trop fort qui fait porter les mains aux oreilles de beaucoup, ça joue sévère musicalement, le public passe un très bon moment, et le groupe peut se vanter de posséder pas mal de fans die-hard venus les encourager.
Dimanche 14 septembre
Crucified Barbara
On aura beaucoup entendu parler des Suédoises de Crucified Barbara dernièrement, et on était assez curieux de les découvrir live. Alors qu’en est-il vraiment ? Quatre fans de metal, aimant la cuisine épicée et les voyages (comme elles l’auraient confié à nos confrères de chez MusikÖ_Eye) ; ou bien groupe de fifilles assemblées par un manager-Sugar Daddy à la dent longue ?
Dans un style hard rock plutôt heavy, les scandinaves offrent ce soir un show énergique, aidées par des chansons dotées de quelques bons riffs, et d’une chanteuse-guitariste qui assure plutôt pas mal. Si leurs compositions rendent bien sur scène, on regrettera tout de même que les parties de batterie ne soient pas un poil plus élaborées que le diptyque grosse caisse-caisse claire (était-ce trop demander qu’un peu de toms, une cow-bell, ou un petit charley en contre-temps de temps à autre ?), que Mia (chant et guitare, donc) n’assume pas plus son rôle de frontwoman, et que le show ne soit pas un peu plus spontané et un peu moins « calibré » … Car le tout possède un arrière-goût étrange de « formule », et lorsque Klara (guitare) prend le micro pour nous évoquer la terrible nouvelle selon laquelle « le parti d’extrême-droite vient de gagner en Suède ce soir, bouh bouh bouh ! Non au fascisme ! », et bien on se dit qu’on aura eu droit au menu complet. Un peu facile ...
Ce qui n’empêchera cependant pas d’apprécier (et beaucoup, même) le show de nos belles, et particulièrement le moment de « … », ballade à la Scorpions au cours de l’exécution de laquelle Mia brillera : car lorsque la chanteuse-guitariste décide d’entonner une chanson plus douce, ce n’est pas pour sonner de manière inappropriée comme du Beyoncé, à la Halestorm (cf. notre live report), mais plutôt comme du Doro, en toute subtilité et en crédibilité metal.
Côté backstage, il s’avèrera que la presse se verra imposer un veto : celui d’approcher ou de parler aux quatre petites merveilles (de peur qu’on ne les casse ?), ce qui confirmera notre impression évoquée précédemment. Elles viendront néanmoins signer quelques autographes et se faire tirer le portrait avec la plèbe, bien qu’avec parcimonie et pour un temps strictement chronométré. Et nous de ressortir nos disques de Manhole (l’excellente Tairrie B.) et Phantom Blue (cinq musiciennes sévères qui travaillaient avec des Gene Hoglan et des Marty Friedman avant l’heure) pour ponctuer le chemin du retour, dans la nostalgie des vraies Amazones …
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Un succès que cette deuxième édition du metal à la Menneçoise ! Un concept très intéressant et fédérateur que celui de groupes jeunes et plus vieux se partageant une même scène. Une belle leçon scénique, et également d’humilité, car il faut voir si nos groupes populaires du moment pourront un jour se vanter à leur tour d’avoir 20 ou 30 ans de carrière à leur actif, et s’ils sauront percer à l’internationale comme beaucoup de loups de l’ancienne garde. On appréciera la richesse du programme, la variété des acteurs et du public, de leurs âges et de leurs styles. Un festival finalement assez familial, où le death oppressant côtoie le heavy teutonique avec brio.
Si l’affluence est apparemment moins importante que l’an passé, la configuration du festival et la réaction du public donneront pourtant l’impression inverse : une courbe ascendante dans la qualité du spectacle proposé, une excellente organisation (il faut saluer, notamment, le travail de nombreux bénévoles passionnés), un timing toujours précis et respecté dans le déroulement du spectacle, un très bon accueil (aussi bien de la presse que du public ; backstage, c’est assez royal, soulignons-le), un cadre très sympathique (se poser en pleine verdure du Parc de Villeroy, flâner au fil des échoppes variées, et puis pouvoir assister avec le même billet à la Convention Mennec’Ink Tattoo Fest, c’est quand même des luxes que peu de festivals offrent à l’heure actuelle).
On attribuera encore des bonus pour les facteurs suivants : 1. L’occasion de découvrir des groupes de qualité, que l’on n’aurait pas forcément eu l’initiative d’écouter, et qui pourtant méritent ; 2. L’occasion parfaite de cimenter la scène locale et ses acteurs du quotidien (bénévoles, presse, radios, photographes, groupes & musiciens, artistes en tout genre) ; 3. La présence en continu du Maire de Mennecy, Monsieur Jean-Philippe Dugoin-Clément, passionné de metal et attaché à sa cause.
Pour finir, lorsque l’on sait que c’est Monsieur le Maire lui-même qui organise également le festival (très réussi, et devenu une véritable institution) des Confluences de Montereau, on ne peut fonder que de bons espoirs sur les Nuits Metal de Mennecy aussi, par conséquent !
Liens utiles :
DearDevil
Vulcain
ADX
Tankard
Crucified Barbara
La Mairie de Mennecy (91)
Un grand merci aux photographes suivants pour leurs magnifiques clichés :
Elie Lahoud-Pinot
François Phoenix / Pics'n'Heavy
Ed Duncan
Enfin, un grand merci également à la Mairie de Mennecy, Monsieur le Maire, et Mr Alain Nyer.
