La croisette n’avait qu’à bien se tenir samedi dernier. Au milieu des cannois du week-end, des touristes chics et des petits vieux, des êtres aux allures punky marquent les trottoirs du bord de mer avec leurs pompes cirées.
C’est à la MJC Picaud qu’a eu lieu le 2ème concert de cette tournée plus intimiste durant laquelle Mademoiselle K traverse l’hexagone, de façon centrale comme elle nous l’a fait remarquer : « je voulais poster une image avec la carte de France pour ces prochaines dates et j’ai vu que tout était plutôt centré, il n’y a rien sur les bords ! »
Après s’être pété la voix la veille (dans le 84) pour une reprise sur les chapeaux de roues, Katerine déboule sur cette chouette scène du 06, accompagnée de son fidèle Peter et de son nouveau batteur, Colin.
Peter Combard, on le connaissait déjà, il a assuré les grattes de chaque album depuis le début. On a eu l’habitude de le voir jouer, discret sur son côté de scène, avec des chemises à manches longues, des allures timides mais un jeu déjà remarquable. Samedi, c’est en débardeur qu’il s’exhibait, avec des bras de camionneur, mèche dans les yeux, jean complètement défoncé (fait gaffe Pet’, t’as juste plus de braguette !), partageant largement le devant de scène avec la leadeuse qui lui envoie sa guitare puis sa basse selon les titres et même, parfois, pendant les chansons. Un échange, une complicité palpable entre ces deux êtres qui t’hypnotisent sur leurs planches.
Colin, Russell de son nom, a pu se faire remarquer jusque là auprès de Gaëtan Roussell et de Katerine Gierak donc, avec qui il tourne depuis quelques temps. Et si généralement la place du batteur se veut en retrait, d’un point de vue purement visuel, c’est sur une estrade que les drums de Colin ont été posées, histoire de surélever un peu ce musicien de taille plutôt petite mais que la chanteuse considère comme un grand, revendiquant ardemment ses talents telle sa fan number one. Et il faut l’avouer, son jeu donne un sacré coup de peps à la partie rythmique des compos K-iennes.
Avec ce trio de choc, Mademoiselle K est parée pour nous faire entendre son nouveau son, en anglais. On avait déjà pu entendre « Glory » sur Youtube, titre qui, en une seule écoute, te martèle la tête toute la journée et « même si c’est la nuit » d’ailleurs. Joué en intro du concert, il donne tout de suite la couleur : retour à un rock minimaliste pêchu et transcendant.
Ce nouveau disque, c’est en janvier 2015 qu’il sortira. Nous le découvrions donc en avant-première et pouvons dores et déjà vous le dire, ça va envoyer du lourd. Même pour les fans attachés à l’écriture de l’artiste en français, cet opus ne pourra pas décevoir puisque ce sont les lignes de guitare, de basse et de batterie qui viennent cette fois nous parler, nous raconter des choses. Si tu comprends l’anglais, ça ne sera que du bonus.
Et comme tout bon concert de rock, pas besoin d’en faire des tonnes avec un décor, une mise en scène ou des artifices venant gêner le fondamental. Trois excellents zicos, de bons instru, du matos côté pédales, retours et enceintes, c’était bien suffisant. On s’attendait tout de même à un accessoire sur Katerine, une crête, des sparadraps sur la poitrine ou quelque chose du genre. Mais c’est avec de la peinture sur le visage qu’elle se découvre cette fois. Entre un look gothique et tribal, maquillage complètement asymétrique comme sa coupe de cheveux ou le port de ses boucles d’oreilles, peut-être pour marquer, inconsciemment ou pas, sa nature : contradictoire. Et c’est super à l’aise qu’elle se montre ce soir, blaguant avec les gens entre deux chansons, racontant ouvertement quand il y a des couacs, des problèmes de pied de micro, de position du synthé (sur lequel elle jouera par moment, faisant quelques infidélités aux cordes pincées). Les grattes saturent, les lumières sautillent, le public semble en transe. D’ailleurs l’audience emballée n’a pas compté un seul assis ce soir. Tout le monde est levé par le tonus de cette jeune chanteuse qui trace sa route.
Au bout de pratiquement 1h30 de live on en redemande. Le rappel n’a même pas rassasié les fans déchaînés. Mais ils partiront emballés par la découverte de ces inédits, continuant de fredonner les titres plus connus : « Ca me vexe » et « Jalouse » (dont on préfère tous la version d’origine, n’est-ce pas ? ^^).
Bonne route Mademoiselle K, « est-ce que tu reviendras ? »
Crédit photos : Flora Doin
Flora-D