October File – Our Souls to You

Une définition énigmatique du genre dit "métal industriel" pourrait être la suivante : "noirceur goudronnée, bouche pleine de gravier, martèlement mécanique, fin du monde".
Les anglais d'October File n'y vont pas par quatre chemins : leurs maîtres sont Killing Joke (dont un membre participa à l'aventure), Prong (qui partagea sa tournée 2008), Ministry et autres groupes de midinettes en tutu rose.
Vous l'avez compris, le groupe ne fait pas dans la dentelle.
Leur précédent album, "Holy Armour from the Jaws of God", malgré la présence de Jaz Coleman (Killing Joke), avait eu du mal à convaincre pleinement. Qu'en est-il donc de ce troisième album, sorti en avril 2010 ?
Suspense, suspense.

Autant ne pas parler de la première écoute, tant elle m'a retourné le cerveau. J'ai eu l'impression de prendre un dolmen dans la gueule, avec tout ce que ça peut avoir de séquelles.
L'album est dense, très dense, et dure un peu plus d'une heure. Avec ce genre de galette, ça passe ou ça casse, ça tabasse ou ça lasse.
De toute façon, lorsqu'on on aime participer à la grande messe industrielle, il faut aimer avoir mal.
Mais point d'inquiétude à avoir, October File file un bon coton. Il faut juste se faire à l'idée que la fin du monde est proche.

Sérieusement, le chant haîneux de Ben Hollyer évoque tour à tour Jaz Coleman et Al Jourgensen, avec une maîtrise qui fait froid au coeur. Sur certains morceaux où les ambiances se font presque mélancoliques ("Falter" notamment), j'ai cru entendre le timbre de voix de Nicolas Dick, vocaliste des Kill The Thrill. Bref, le chanteur d'October File est un atout indéniable.
Les riffs de guitare ne sont pas en manque, elles ont cette capacité à vous compacter l'hypothalamus sans chercher l'esbrouffe.
La basse est jouée au coude, épaisse comme un pieu.
Quant au batteur, il garde une certaine simplicité toute industrielle : l'efficacité avant tout.

Il se dégage donc de cet album une puissance parfaite. Presque trop parfaite. Heureusement que quelques incursions tantôt tribale (Our souls to you part. 1), tantôt Hard-core (A public display of anger) viennent agrémenter le tout de nouveaux paysages.

Venons-en au dernier point : deux enregistrements sont proposés à l'auditeur (ils semblent que les gars d'October File ne soient jamais d'accord sur ce que doit être la production de l'album) : une production classique et propre signée John Mitchell, et une autre bien plus agressive, bien plus corrosive signée mister Justin Broadrick (Godflesh, Jesu). Les deux disques se marrient parfaitement à l'humeur du moment. C'est un petit plus sans grande importance, à vrai dire.

Au final, on a là un album qui tient ses promesses. Un groupe à suivre dans l'église des Industries sonores qui, une fois ses influences totalement digérées, pourrait bien remettre les pendules à l'heure.

Ma note : 8,5/10

PS : la superbe couverture est signée Victor Safonkin. Voici son site.



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