Thrash dans tes jupons
Tormentress, groupe de thrash uniquement composé de filles et venu tout droit de Singapour, présente son tout premier album, Operation Torment. Fans de thrash old school jusqu'à la moelle et bien déchaînées, les cinq metalleuses rendent hommage à leurs idoles avec un album de thrash classique, mais pêchu et bien fait. De quoi contenter les thrashers en manque d'exotisme.
La scène metal se développe partout dans le monde. Les années 90 avaient vu émerger Sepultura, premier représentant metal du tiers-monde qui a conquis la planète. A Singapour, le thrash fait aussi rage, avec notamment Tormentress, groupe qui vient de sortir son tout premier album après huit ans de formation auquel nous allons nous intéresser ici.
Ici, la rage n'est pas éructée par le timbre grave d'un veau barbu, mais par Neez, jeune femme à la veste patchée et un grain de voix qui n'a rien à envier à celui de Mille Petrozza au début de sa carrière, avec un léger brin de death qui accentue la colère et un accent charmant. Tormentress, en plus de venir d'un pays inattendu, est uniquement composé de femmes, qui font un thrash transpirant et bien agencé, sans tomber dans le piège du sexy.
Car les thrasheuses ont de la rage à revendre. Outre les délires de concerts ("Thrash & Torment") ou les allégories destructrices ("Mutilator"), elles parlent des droits des femmes et de leur condition, notamment dans "Why", chanson qui apparaissait dans leur première démo. L'aspect politique est présent dans le thrash depuis le début du mouvement et justifie cette colère terrible qui traverse l'album pendant une demi-heure.
Cette colère est bien retranscrite dans la musique. Les riffs saccadés de Gwen et Massie s'enchaînent sans laisser de répit, citant parfois des géants tels qu'Exodus (dans "No Remorse" par exemple) sans jamais singer leurs idoles de manière outrancière. On a affaire à du thrash traditionnel, mais joué avec conviction et sincérité. On retiendra également le petit plaisir que s'offrent les metalleuses en conclusion d'album avec le classique de Kreator, "Tormentor".
Le but de Tormentress n'est pas de réinventer le thrash. Les cinq demoiselles servent la cause sans poser et sans se prendre pour ce qu'elles ne sont pas. Pas de chichi, pas de fioriture, du thrash pur et dur, qui rend hommage aux géants et qui restent dans l'ère du temps en cette période de revival. L'envie et la rage sont là, reste maintenant à les voir se développer.