Neonfly – Strangers in Paradise

Pas encore au paradis

Neonfly n'est pas une formation inconnue des lecteurs et auditeurs de La Grosse Radio Metal. En effet, nous les avions découverts en première partie de Magnum au Forum de Vauréal en 2012, saluant au passage une performance plus qu'honorable sur nos pages. Agréablement surpris que nous fûmes, nous avions écouté avec plaisir le premier opus que le combo nous avait offert sur place des mains de son membre français exilé en Angleterre (l'un des guitaristes, Frederick Thunder). Voici venu le temps d'un second disque, prévu chez Inner Wound Records le 28 novembre et intitulé Strangers in Paradise. Révélation ?

Saluons d'ores et déjà un gros effort niveau son, ce travail de mixage et de mastering professionnel réalisé par Dennis Ward (Unisonic, Pink Cream 69...) met largement en valeur Neonfly qui peut ainsi songer à tutoyer la cour des grands. Devant ce résultat à la fois dynamique, puissant et mélodique, nous ne pouvons que nous montrer exigeants, et c'est ainsi que quelques écueils apparaissent alors qu'on aurait aimé qu'il en soit autrement.

Attention, ce disque est loin d'être mauvais, Neonfly délivrant une musique entre simplicité et complexité qui sait de temps à autre faire mouche que ce soit par des mélodies imparables ou quelques riffs bien costauds. Cette dualité "hard FM pop rock" et "power metal bien burné" aurait pu fonctionner si le groupe n'en avait pas trop abusé, tant est si bien que parfois on ne sait plus trop où se situer et qu'on ne profite pas pleinement de l'un ou l'autre aspect offert par cette sortie.

Neonfly 2014

Pourtant Willy Norton mène parfaitement sa barque derrière le micro, variant sa voix suffisamment pour nous faire profiter de sa large palette vocale et de son timbre. Tantôt rentre dedans ("Highways to Nowhere" et "Force Battalions" où du Mats Levén sommeille dans les influences), tantôt très doux ("Batter Angels" et sur les ballades), parfois même très théâtral, le jeune homme fait tous les efforts pour nous permettre de pénétrer l'univers Neonfly. Mais voilà, parfois ça part un peu trop dans tous les sens...

Alors certes les musiciens s'en donnent à coeur joie, que ce soit sur les guitares très variées entre riffs heavy ou thrashisant aux harmoniques lissées et power rock plus direct, ou bien la base rythmique qui se gave avec plaisir de divers changements de structures. Certes les arrangements sont majestueux et grandiloquents, très Sonata Arctica période The Days of Grays ("Heart of the Sun") ou même Nightwish récent (l'épique "Chasing the Night" qui malheureusement s'écroule sur ses longueurs). Certes oui, c'est bien foutu... mais la sauce a du mal à prendre.

Faute donc à des changements trop brutaux qui nous donnent un peu le tournis et ne laissent pas certains morceaux respirer ou simplement s'affirmer. L'exemple type serait le single "Better Angels" qui part en mode énervé et se pose soudain en couplet pop, "Highways to Nowhere" également qui se voit un peu plombée par son refrain après d'excellents couplets ou encore l'entame "Whispered Dreams" qui a une bonne touche Dragonforce dans ses meilleurs jours mais qui se fait un poil trop théâtrale au-delà d'un pont chanté moins évident.

Des titres comme "Sons of Liberty" qui tutoie le AOR comme le faisait si bien Silent Force ou "Fierce Battalions" qui tutoie par instants le metal moderne montrent bien le groupe sous ses meilleures auspices, mais l'enchainement global a du mal à se faire la faute aussi à quelques moments peu utiles. Tout ceci sans parler de l'instrumentale très filmique "Aztec Gold" située en plein coeur de l'album (pas à la bonne place peut-être ?) ou les ballades quelque peu... difficiles à accepter, que ce soit ce "Rose in Bloom" plus proche du "Sous le vent" de Garou/Céline Dion que d'un univers rock ou bien la conclusion "Falling Star" qui certes est loin d'être mauvaise en mode années 80 mais nous laisse sur une fin un peu légère.

Neonfly a tout de même le mérite de s'affranchir de certaines influences même si les ponts sont là vers ces ainés que sont Sonata Arctica, Angra, Nightwish ou encore feu Power Quest. Les choeurs sont par exemple très osés mais fonctionnent plus qu'ils n'irritent, un petit exploit lorsqu'on se rend compte que ceux-ci pourraient être à la base fortement critiqués par le metalleux de base. Mais nos anglais assument si bien leur côté lover et storytelling que cela ne choque pas plus que cela au fond.

Avec cette seconde sortie, Neonfly confirme donc son potentiel en l'enrobant d'une production plus aboutie avec des arrangements ambitieux. Cependant, même si le talent semble indéniable, que ce soit au niveau de l'exécution ou des compositions, le quintet franco-britannique peine encore à convaincre en voulant trop en faire et mêlant aux passages trop de directions musicales soufflant ainsi le chaud et le froid sur la durée du CD. On ressort donc un peu frustré de ce Strangers in Paradise qui a tous les ingrédients d'un grand cru mais qui voit son résultat final quelque peu décevant. Malgré cela, nous sommes très certainement en présence d'un groupe à suivre de très près pour l'avenir, d'autant plus qu'ils avaient su nous séduire en live... La maturité venant, il faudra très certainement compter sur Neonfly dans les années qui viennent.
 

NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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