*Partagez avec nous un nouveau Live Report de l'ami Born 666, en mode black metal impitoyable !*
Il pleut sur Paris. La ville est bien grise en cette fin de semaine. Les embouteillages sont de mise et la rue d’Oberkampf bien chargée.
Ce début d’automne ressemble déjà à l’hiver. La pluie et le froid me poussent à l’intérieur du Café Charbon pour trouver un réconfort, auprès d’une infusion d’houblon.
A travers les vitres du bar, on devine des passants qui courent sur les trottoirs à travers les gouttes. L’eau sur le verre dessine des veines blanches d’un corps déjà mort... et je repense aux cris des paysans dans le livre de Carlo Levi : « Non siamo cristiani. Cristo si è fermato a Eboli » (« Nous ne sommes pas chrétiens. Le Christ s'est arrêté à Eboli »)... et aujourd’hui je ne pense pas qu’il s’arrêtera Rue Oberkampf !
Les minutes s’écoulent lentement, les gens rentrent et sortent. Les discussions s’éternisent entre le fait d’aimer le dernier Iron Maiden ou Non ? Est-ce que Dimmu Borgir est encore Black Metal ? Est-ce qu’on connaît le dernier groupe Polonais de Varsovie ? Pourquoi Darkthrone ne fait pas de concert ? Est ce que Nergal (Behemoth) survivra ?
Eternels échanges entre Metalleux autour d’une bonne bière, qui laissent présager d’une bonne soirée. Et ce soir là va très bien commencer grâce à l’intervention de Rose qui me permettra de rentrer dans l’antre des Démons. Le Nouveau Casino étant déjà « Sold Out »... Je m’approche en compagnie de Hieronimus dans la salle tiède, dont les décibels remontent des entrailles de la Terre Mère.
Otargos est vraiment surprenant. Après les avoir appréciés au Hellfest cette année, c’est sans peur qu’ils montent sur les planches du Nouveau Casino. Leur carapaces sur le dos. Ils sont entourés de leurs lasers rouges qui nous visent tel un Sniper Bosniaque à Sarajevo.
Ils nous transmettent leur énergie, au travers de leurs hymnes. Ils ont une réelle aisance, et paraissent très à l’aise devant le public de Watain, qui n’est pas obligatoirement tendre envers les premières parties.
Dagoth est très expressif devant son micro. Leurs chansons nous permettent de nous évader dans un Cosmos parsemé de météorites qui n’auront que pour seul objectif de nous anéantir. Aucun refuge dans l’infini, personne ne vous entend.
Pendant Deströyer 666 on assiste à un Pogo dantesque qui aurait rendu jaloux Londres aux temps des Sex Pistols. Les australiens mettent une ambiance extrême dans le Nouveau Casino. Ils jouent quand même une heure, et donnent au public un moment exceptionnel, encore plus puissant de ce qu’ils avaient pu donner en 2009 au Hellfest.
Ils viennent de Melbourne en Australie, mais Warslut habite Eindoven Les autres membres sont en Angleterre et en Allemagne. Ce qui leur permet de tourner très souvent en Europe.
Leur Trash / Black Metal nous fait indéniablement penser au premières heures du Trash de la Bay Area, qui se serait perdu du côté de Bergen. Le public est ravi et se rue vers le bar (4,50 € la bière de 25 cl !!!). Le merchandising se porte bien et moi aussi.
Je m’approche de la scène, et je vois des jeunes filles quitter les premiers rangs tellement l’odeur est désagréable. Ca sent le Kebab de porc qui aurait pourri au Soleil des jours durant attisé par des braises de Bibles étouffées dans la poussière d’un manoir sans toit.
« L’Est est une maison de putains chantant des louanges au milieu des flammes de la gloire du Seigneur Noir lorsqu’il a ouvert Sa Bouche, et elles sont devenues comme des demeures vivantes dans lesquelles la forece de l’homme se rejouit, ... »
La Bible Satanique – Le Livre de Léviathan – A. S. LaVey
Pour survivre près de la scène, il faut respirer par la bouche. Le nez ne doit surtout pas se sentir en alerte sous peine de vomir son diner, et de voir sa bière ressortir par ses narines. L’odeur est acre... Bienvenue dans une Messe Satanique que sait bien orchestrer Watain.
En effet les roadies ont apporté des carcasses d’animaux, lapins, morceaux de vaches accrochées à des candélabres éclairées par des bougies. On y reconnaît des mâchoires d’animaux, porc, vache, brebis, on ne sait pas ce que c’est, mais l’odeur est très forte. Est ce que ça pue autant en Enfer ? Je ne saurai vous répondre.... on se croirait sur une scène de crime dans les Experts quand les flics se masquent le nez avec un mouchoir devant un corps en décomposition...
L’intro commence, et le public scande « Hail Satan, Hail Satan », pendant une minute interminable : l’ambiance est crée.
Le concert commence fort mais est interrompu au bout de la première chanson pour des problèmes de son. Le groupe quitte les planches. Le public attend envoyant des vannes, par ci par là, dont un « Sarkozy is the Devil… » !
La majeure partie du spectacle se passe sous un lumière rouge infernale. L’ambiance est lourde et ce n’est pas une simple prestation musicale : les membres du groupe paraissent possédés. Le chanteur regarde en l’air à la recherche de son maître, chose étrange quand on sait que celui-ci est censé demeurer dans les ténèbreuses profondeurs...
Watain vient d’Uppsala en Suède. Leur mépris des religions se retrouve dans leurs albums et particulièrement dans le dernier et quatrième album Lawless Darkness sorti cette année chez Season of Mist.
Leur style nous fait souvent penser à Dissection et ce n’est pas pour rien qu’en leur sein sévit Dadide Totaro, ancien guitariste (sous le nom de Set Teitan) auprès de Jon Nödtveidt dans le défunt groupe black death. Ce dernier s’étant suicidé en Août 2006, à l’aide d’une arme à feu, entouré d’un pentagramme de bougies. Un grimoire Satanique était ouvert à ces côté. Dissection disparaissait à jamais.
Néanmoins la scène est superbe : des candélabres donc avec des morceaux de viande en décomposition en forme de « W » qui brûlent autour de la batterie. Il y a environ une quarantaine de bougies sur scène. Des chaines sont accrochées entre amplis Marshall et pieds de micro, tel des cordons ombilicaux d’enfants déjà mort-nés...
« O vous qui habitez le Sud et êtes les lanternes du désespoir, attachez vos armures et visitez-nous ! Amenez les légions de l’Enfer, que le Seigneur des Abysses puisse être magnifié, dont le nom pour vous sera Colère !... »
La Bible Satanique – Le Livre de Léviathan – A. S. LaVey
Comme toujours Watain joue dans une ambiance claire/obscure, où il est très difficile de discerner les traits des musiciens. Ce soir points de tridents symbolisant le logo de Watain, simplement ces bouts de viandes en décomposition.
Ils commencent par « Malfeitor » bien emmené par des riffs acerbes, qui ne nous laissent pas de marbre. Notre descente aux Enfers est largement entamée…
« Devil’s Blood » ne nous donnera aucun espoir quand à une absolution donnée in extremis par un Vatican ébranlé par des affaires de pédophilies. Qu’ils brûlent en Enfer pour la souffrance de leurs enfants.
The curse of salvation
The odious essence
of His holy revelation
It floats from the garden of eden
In malevolent grace
The Devil's blood
Through the pentagram's maze"
Et c’est un « Satan’s Hunger » qui se réveille pour imposer l’infamie dégoulinante prospérée par le christianisme sur nos terres.
will always cast the darkest shadows.
Shadows in which truth lies concealed.
For deep in the tunnels
beyond the dream of this world
the mysteries truely reveal..."
Suivront des “Reaping Death” et “Sworn to the Dark”.
« Wolves Curse » du denier album nous entrainera, dans une spirale abyssale, et infinie.
Et nous pauvre public qu’est ce qui nous ouvrent les yeux ?
And let the beast regain his sight.
A gift from Azerate.
A path way back - to thy
Thoughtless Light!
Legions of the Black Light!
Chosen sons of snakes.
A burning wrath reveals the Black Sun."
« Legion of the Black Light » aux sonorités très Heavy nous envoûte tel le sermon d’un prêtre lors d’une émission culinaire.
« Ô toi, le gouverneur de la première flamme, sous les ailes duquel résident les tisseurs des toiles d’araignées qui tressent la Terre avec sécheresse ; qui connait le grand nom de « vertu » et le secret de l’honneur. »
La Bible Satanique – Le Livre de Léviathan – A. S. LaVey
Your might shall fade
Jesus has wept
On goathorns impaled"
Pas plus de mots pour imaginer la scène.
Sur ce, une ultime chanson rageuse nous poussera vers la sortie où une Outro nous laissera sur notre fin sur une scène désertée par les musiciens... Erik Danielsson reviendra nous crier dans le micro que la prestation est terminé, visiblement énervé par la coupure tantôt (et l'interdiction du sang de porc).
P.S. : Merci à Rose de Season of Mist pour sa gentillesse et son aide pour percer les murs du Nouveau Casino.