Un peu plus de 25 ans de carrière et voici nos citrouilles préférées plus mûres que jamais avant de nous offrir, le 31 octobre 2010 (jour d'Halloween oblige), leur 13ème album studio. 7 Sinners, ou la quintessence d'un retour aux affaires après un Unarmed acoustico-symphonique en forme d'hommage qui en laissa pantois plus d'un. Retour au metal, oui, et ce sans concession, pour une sortie chez leur désormais nouveau label Sony Records.
Inutile de présenter ce combo germanique désormais célèbre et über culte pour la confrérie metalleuse. Dignes fers de lance du heavy speed power metal teuton, le groupe - mené depuis longtemps au chant par Andi Deris - sait encore faire parler son énergie et sa fougue. Tels de jeunes hommes encore bien fringants, le quintet d'outre-Rhin semble s'être totalement lâché afin d'effacer du subconsient collectif la précédente sortie "anniversaire". Le single "Are You Metal?", présenté en avant-première et illustrée par un clip bien sombre suffit à rassurer tout le monde sur l'orientation de cette nouvelle offrande.
Pour autant, il serait impossible et foncièrement réducteur de résumer 7 Sinners à ce simple morceau. Qui, s'il envoit le bois comme rarement depuis l'opus The Dark Ride, n'en est pas moins l'un des plus "simplistes" d'un opus qui regorge de richesses. Certes, le côté "moderne" de cet avant-goût se répercute sur des morceaux tels que "Where the Sinners Go" (aux riffs perturbants pour les fans old school du groupe) ou sur quelques arrangements plutôt bien pensés ; alors que l'aspect "bourrin" ici souligné peut aisément être ressorti d'une chanson comme "Long Live the King", composée par Andi et aspergant l'auditoire à coups de gros riffs bien thrashy-power. A rapprocher d'un "The Final Sacrifice" du projet Avantasia, si on cherche une certaine comparaison dans le genre, mais en plus intense ici encore...
Car si Helloween vit avec son temps, il n'oublie pas non plus les mélodies - les hymnes - les temps forts - ce petit truc en plus qui reste en tête pour l'éternité. Freedom Call n'a qu'à bien se tenir losrqu'on se délecte des refrains de "World of Fantasy" ou "My Sacrifice", pureté de notes enchaînées comme du miel à nos oreilles. Et si "Raise the Noise" et sa "fucking flute" (dixit Andi), compo chapeautée par le facétieux Michael Weikath, ne vous entraîne pas dans une bonne humeur incontrôlée, c'est que cet album et le groupe dans son ensemble n'est pas véritablement fait pour vous.
Ceci étant dit, les chefs d'oeuvres - au-delà même des mélodies faciles ou autres nouveautés - sont bel et bien légions sur ce 7 Sinners. "Who Is Mr. Madman?" risque fort de devenir le nouvel hymne du groupe, en concert et ailleurs. Suite inattendue du glorieux "Perfect Gentleman" sorti en 1994 sur Master of the Rings, cette chanson balance tout ce qu'on attend d'un Helloween en grande forme. Si les riffs surplombent peut-être un poil trop le chant, le reste s'avère parfait en globalité puisque couplets-refrains-breaks-soli sont ici maîtrisés à la perfection. Merci Sascha Gerstner d'avoir eu l'idée, comme quoi l'alcool a parfois un bon côté (cf. mon interview avec Andi Deris)...
Le summum de la surprise se verra ici représenté par deux chansons diamétralement opposées. "You Stupid Mankind" et son unique profondeur de son, aux arrangements originaux et percutants, à la force de frappe impressionnante... mais aussi "Not Yet Today", seul effort non-metal du disque, sorte d'interlude annonçant le final mais titre à part entière selon Andi, composé avec émotion et profondeur. Ambiant, aérien, plombé, sombre... Du Helloween comme vous n'en entendrez peut-être plus jamais...
Alors il est clair qu'ici Helloween varie, s'affine, ose des tempos différents, le tout sans trop s'aventurer dans un speed surusité dans une carrière déjà longue et riche - peut-être au détriment de certains fans hardcore. Tout est finement pensé sur ce 7 Sinners... Même la ballade, car il n'y en a qu'une (et encore, peut-on la classer dans cette catégorie ?), possède un superbe charisme et s'éloigne des clichés du genre : "The Smile of the Sun" nous laisse ainsi rêveur, ennivrante par sa mélodie travaillée et alanguie, aux reflets légèrement Amorphis dans ses passages de guitare calmes. Du grand art sans prétention, un peu à l'image de l'opus en son ensemble.
Peut-on ainsi relever des défauts sur un album relevant d'un véritable coup de maître ? La production, parfaite en somme, amènera peut-être quelques débats - le chant étant parfois légèrement noyé derrière les guitares acérées et une batterie plus percutante que jamais. Ceci ne dérangeant pas plus que cela au final, concentrons-nous peut-être sur quelques chansons en dessous des autres... Si l'ouverture un peu trop typée "moderne simpliste" aurait pu s'avérer plus cinglante, la conclusion - bien que parfaitement introduite - souffre de légères longueurs y compris sur quelques mélodies répétitives. Dommage, "Far in the Future" aurait pu être la cerise sur le gâteau, elle ne marquera finalement que trop peu les esprits. Quant à "The Sage, the Fool, the Sinner" ou "If a Mountain Could Talk", elles s'insèrent parfaitement dans le moule mais ne se dégagent en rien des autres, et ce même si le final de la deuxième nommée lui permet de s'en tirer avec les honneurs.
Les musiciens s'en donnant à coeur joie, feeling et technique ne peuvent être ici discutés, inspiration et motivation non plus. Markus, Michael, Sascha, Dani (qui se révèle de plus en plus derrière les fûts, offrant ici sa meilleure prestation depuis son entrée dans le groupe) et Andi se donnent sans compter, à l'unisson, heureux de pouvoir offrir aux fans un disque sans véritable temps mort, parfaite continuation et maturation d'un Gambling With the Devil déjà bien réussi. Bref, un véritable album de metal qui ne se pose aucune question et qui mettra, à n'en pas douter, tout le monde d'accord. Ou presque...
Note : 9/10
Interview avec le chanteur Andi Deris à l'occasion de cette nouvelle sortie
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