Pure Inc. – IV

C'est en 2008 que j'ai découvert les suisses de PURE INC, puisque certains amis bien renseignés de cette bonne vieille grosse radio en disaient le plus grand bien. Et il faut reconnaître que leur 3e album, le bien nommé "Parasites and Worms", avait de sérieux atouts à faire valoir, sorte de condensé entre PANTERA et SOUNDGARDEN, des titres agressifs qui conservaient un feeling foncièrement rock'n roll, le tout réhaussé par un chanteur d'exception. Gianni dispose en effet du genre de voix que l'on n'entend pas tous les jours, sorte de Chris Cornell (SOUNDGARDEN, AUDIOSLAVE) dopé au jack'da, et qui améliore considérablement le potentiel d'un groupe déjà bien affûté. Des bons chanteurs, on en entend tous les jours ou presque, mais des chanteurs qui parviennent à faire vibrer, c'est déjà bien plus rare. Du coup, on était curieux et impatients d'écouter le nouvel effort des helvètes, qui sera disponible dès le 29 octobre prochain via Brownsville Records, leur propre label, comme nous l'explique Sandro (guitares) dans son interview. Et autant le précédent était très agressif, autant ce cru 2010 joue davantage la carte de la diversité.

Les influences metal n'ont bien sûr pas disparu pour autant, à commencer par le titre d'ouverture ravageur qu'est "Once Upon a Time" : gros riffs rageurs, couplet faussement posé, refrain au bord de l'explosion avec un Gianni (chant) en pleine forme, c'est du très lourd. Difficile de faire plus efficace que "Blood Runs Black", avant que le mid-tempo "Fading to Grey" nous apporte un vent de fraîcheur bienvenu et nous rappelle que PURE INC, ce n'est pas que du bourrin avec une voix impressionnante. Le feeling Rock'n Roll est d'ailleurs davantage présent cette fois, sorte de léger retour aux sources pour un groupe dont les influences sont bien plus larges qu'on ne pourrait le penser au premier abord. Car si le bien nommé "F.U.C.K.", qui donne l'occasion à Gianni de nous prouver toute l'étendue de son talent (et de prouver que la comparaison avec Cornell n'est pas exagérée, ce qui n'est pas un mince exploit), caresse les fans dans le sens du poil, la suite de l'album se dirige vers des territoires plus surprenants.

"My Riverbed" réussit ainsi l'exploit d'être très calme et planante sans pour autant tomber dans la ballade sirupeuse, grâce notamment à un excellent travail de Sandro à la guitare. Peu démonstratif (il n'y a que très peu de solos dans PURE INC.), notre gratteux n'en est pas moins fort inspiré dès lors qu'il s'agit d'accompagner les sentiments véhiculés par un titre. Son jeu est ainsi très varié, capable de passer de l'agression pure à des petites touches mélodiques certes discrètes mais terriblement bien trouvées et qui font mouche à tous les coups. "Diary of a Suicidal Man" est à ce titre une totale réussite, démarrant sur une ligne de basse bien groovy, avant que la guitare n'instaure une ambiance légèrement plaintive, empreinte de mélancolie, parfaitement relayée une fois de plus par le chant de Gianni, avant un final bien rageur. L'occasion pour le groupe de dévoiler un spectre d'influences très riche, SOUNDGARDEN et la scène rock moderne bien sûr, mais aussi ALICE IN CHAINS, LED ZEPPELIN, TOOL, quelques touches de prog de ci de là, voire même de la funk sur l'énergique et excellent "Sexxels", qui voit même débouler un saxo sur fond de basse rumba. Détonnant, très original, et avec malgré tout la patte du groupe toujours bien présente. Cet album permet à nos petits suisses d'affirmer leur style, entre tradition et modernité, le tout saupoudré d'une touche de folie bienvenue.

Si cet album peut dans un premier temps décontenancer les puristes du gros son et les adeptes (dont je suis) de "Parasitres and Worms", du fait d'un milieu assez calme avant de retrouver plus de rythme sur la fin, il serait dommage de ne pas lui donner sa chance. Car la cohésion dont le combo fait preuve est impressionnante. On sent un groupe en confiance, qui prend énormément de plaisir à jouer ensemble, et qui a laissé la musique parler sans se forcer. Ce faisant, ce que PURE INC a perdu en agressivité, il l'a incontestablement gagné en feeling, ce qui lui permet d'entrer de plein pied dans la cour des grands.

Ce nouvel album possède indéniablement ce petit "truc" en plus, cette magie qui est la marque des meilleurs. Entre un "To the Rythm" qui ferait bouger le cul d'un mort, et la montée en puissance du final "Beyond the Universe", pachydermique à souhait, il y en a pour tous les goûts. Cette diversité peut étonner au premier abord, mais d'une part PURE INC a toujours été un groupe multifacettes, à l'exception de son 3e album  plus bourrin qui détonnait quelque peu dans sa discographie, et d'autre part quelques écoutes devraient suffire à convaincre les plus réticents. Cette fois, impossible de ressentir une légère redondance comme cela pouvait être le cas sur "Parasites and Worms". Y a décidément pas à dire, en matière de Rock'n roll, les Suisses savent y faire. Même si leur style est assez différent, Steve Lee, chanteur de Gotthard récemment décédé, peut reposer en paix, les jeunes sont là pour assurer la relève. Et ils assurent.

Ma note : 8/10

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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