Le jeune groupe canadien Astrakhan est un nouveau venu prometteur sur la scène sludge. Afin d'en connaître davantage sur leur parcours, leurs influences et leurs ambitions, Rob Zawistowski, chanteur et guitariste de la formation, a répondu à nos quelques questions concernant le quatuor et ses projets.
"Dans l'ombre de toutes ces horreurs, l'écoute d'un morceau de Katy Perry ou Nickelback suffirait à rendre n'importe qui fou. Le doom et le sludge sont universellement libérateurs à cet égard."
Interview mailer par Sanguine_sky, questions de Sanguine_sky
Salut Rob et merci à toi de m'accorder cette interview! Pourrais-tu présenter le groupe?
Astrakhan est constitué d'Adam, Dustan, Jerome et moi-même.
Vous allez bientôt sortir un EP du nom d'A Tapestry of Scabs and Skin (NDLR : celui-ci est déjà sorti à présent), composé de quatre morceaux. Peux-tu nous en dire plus sur l'écriture de ceux-ci?
Le processus d'écriture fonctionne dans une variété de facettes. Généralement, l'un de nous fait un riff ou propose une idée à un autre du groupe, pour ensuite affiner et arranger cette idée musicalement en la relatant à un concept que nous décidons.
Tu as un morceau préféré sur cet EP?
Je vois nos chansons comme nos enfants. On aime chacune de la même façon. Si l'on considère qu'un morceau n'est pas à la hauteur, nous l'abandonnons. C'est devenu très important pour nous d'être critique sur notre propre musique et je pense que Tapestry est un disque très équilibré.
Quels sont les principaux thèmes abordés dans vos morceaux?
Nous écrivons la plupart de nos titres sur la nature humaine. Nous utilisons des narrations ou des métaphores pour explorer ces thématiques le plus possible. Tapestry en particulier fait référence à la cupidité, l'égocentrisme, le matérialisme et la volonté de se préserver face à une recherche de l'hédonisme.
Quels genres de sentiments souhaitez-vous exprimer à travers votre musique?
La frustration, l'espoir, l'amour, la douleur, la colère, la fierté, la réalisation de soi, et le triomphe. Tout ce que nous ne pouvons exprimer par d'autres moyens.
Avez-vous des artistes et groupes que vous considérez comme des influences majoritaires?
Nous avons tous un large éventail d'influences, et nous avons tous un parcours musical différent. Les influences metal les plus visibles mises à part, j'écoute de la musique classique, du jazz, sans oublier du rock et du blues. Quelques uns de mes favoris sont Stravinsky, George Gershwin, ou Debussy. J'adore John Coltrane, Mahavishnu Orchestra, Santana, Robert Johnson, Ry Cooder. Et en metal, en ce moment, j'écoute surtout Sleep, Inter Arma, YOB, Ufomammut, et Helm's Alee.
On constate que de plus en plus de groupes de stoner / sludge / doom reçoivent de l'attention de la part du public, des médias et des labels. Quelle est ton opinion sur ce phénomène?
Je ne sais pas si j’appellerai ça un phénomène. Les goûts des gens fluctuent. Peut-être que c'est un indicateur de la façon dont les gens répondent à l'état du monde actuel. Les humains, dans ces cents dernières années, ont vécus des périodes dévastatrices, violentes, des actes de manipulation et de cruauté dont les Hommes n'avaient jamais été témoins – sans oublier la menace nucléaire qui pèse, ou encore celle de la pollution. Dans l'ombre de toutes ces horreurs, l'écoute d'un morceau de Katy Perry ou Nickelback suffirait à rendre n'importe qui fou. Le doom et le sludge sont universellement libérateurs à cet égard. Tu ris de ton propre déclin, et c'est quelque chose de très libérateur.
De nombreux nouveaux venus jouent ce type de musique. N'avez-vous pas peur, paradoxalement, d'être noyés dans la masse?
Non. Si tu te compares aux autres, tu limites ce que tu peux accomplir dans la pureté de ta création. La musique est un collectif, qui ne doit pas se limiter au succès d'un groupe uniquement, mais plutôt à inspirer notre culture. Un peu comme la dubstep représente le déclin mental de notre génération, notre genre musical est représentatif de ceux qui en ont assez de voir leurs pensées supprimées, forcés à vivre dans un constant état de sédation. Si nous sommes un simple tremplin pour octroyer quelque chose de meilleur, qui va dans la bonne direction, alors c'est très bien.
Comment se porte la scène metal au Canada?
Vancouver est pleine de très bons groupes de metal en ce moment. Il semblerait que la mainmise traîtresse des groupes pourris qui singent ce qu'ils entendent à la radio est en train peu à peu de se relâcher. Les radios ici sont à chier, mais des gens comme Jesse Gander et Stu Mckillop ont donnés à beaucoup d'entre nous une plate-forme pour diffuser de l'excellente musique. C'est sûrement notre salut... enfin pour le moment.
Quels sont les projets d'Astrakhan pour l'avenir?
Nous écrivons un album. On va l'enregistrer certainement en Juillet. Ensuite, nous espérons tourner. Je suis très excité à propos de l'album. C'est un projet très ambitieux, et une nouvelle étape pour nous!
Merci à toi pour tes réponses! Quelques derniers mots pour nos lecteurs?
Le vinyl est disponible ici, et tu peux télécharger notre musique là. Tu as aussi notre Facebook et notre site officiel.