Brant Bjork – Black Flower Power

Musicien émérite, le nom de Brant Bjork n'est plus à présenter parmi les nombreux fans de desert rock et de stoner. Ayant fait ses armes au sein de Kyuss et de Fu Manchu, l'Américain est à présent bien établi en solitaire, et arpente les scènes internationales en se produisant dans les plus grands festivals, du Desertfest au Up in Smoke en passant par notre Hellfest national. Le musicien est également très productif en studio et offre à ses fans un onzième disque sous son nom, Black Flower Power.

On ne change pas une recette qui fonctionne et après tant d'années de carrière, il aurait été difficile d'imaginer un revirement musical de la part du frontman. Effectivement, l'opus s'inscrit dans la bonne vieille tradition du stoner, avec ces guitares aux riffs chaleureux et envoûtants et cette production à l'allure dâtée afin de garder toute l'authenticité du son des grandes heures du genre. Brant Bjork rassure ses fidèles, et maintient le cap en montrant tout son talent de compositeur. L'opus ne redessine pas les contours d'un style musical mais l'ensemble est suffisamment solide et appliqué pour combler les attentes. La patte du musicien est identifiable à mille lieues, et c'est là que réside toute la force de Black Flower Power. En effet, l'Américain évite l'écueil du recyclage en modulant à plus d'une reprise les tempos, tout en conservant une véritable cohérence au sein de l’œuvre. Les ralentissements presque doom de « Controllers Destroyed » contrastent à merveille avec un « Stokely up Now » bien plus immédiat, rendant l'écoute très agréable.


 

Variant les goûts et les plaisirs, le chanteur et guitariste se permet également de disséminer un véritable tube rock en la présence de « Buddha Time (Everything Fine) », piste qui jouit d'excellents riffs de la part du maître d'équipage et de ses matelots. Son chant, par ailleurs, n'a rien perdu de sa superbe, dans des tons très rock et âpres qui conviennent parfaitement au genre pratiqué. Aussi aride que le désert, sa voix sait également se faire plus posée, à l'instar de sa prestation sur « Hustler's Blues », démontrant ainsi les multiples rôles que Brant Bjork est à-même d'endosser. Il sait également se mettre en retrait afin de laisser la musique parler, en particulier sur la pièce de conclusion « Where You from, Man », piste instrumentale qui évoque les grandes heures de Kyuss. Un nom dont l'influence est encore traçable à plus d'une reprise, notamment via les riffs de « Boogie Woogie on Your Brain », mais le musicien ne tombe jamais dans le plagiat de son ancien groupe, fort heureusement.

Brant Bjork

Black Flower Power sent le passéisme mais l'effet madeleine de Proust est immédiat. Renvoyant directement au temps où le desert rock et le stoner avaient le vent en poupe, Brant Bjork comble les plus nostalgiques au travers d'un disque de belle facture, rempli de morceaux simples en apparence mais soigneusement écrits. Amateurs de bons riffs, jetez-vous sur cette nouvelle offrande d'un maître du genre qui prouve une fois de plus que les belles heures sont loin d'être derrière lui.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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