Frappe nucléaire et moussaka
Biotoxic Warfare sort en ce mois de janvier son tout premier album : Lobotomized. Comme le nom l'indique, les Crétois font du thrash. Le thrash destructeur, apocalyptique et un brin malsain. En un mot comme en cent : le thrash à la manière de Slayer. La filiation avec les géants américains est assumée, mais ce petit groupe arrive à poser les bases d'une personnalité sur cet album, ce qui augure du meilleur pour la suite.
Il faut en avoir dans le caleçon pour commencer un album par un hommage direct à Slayer. Biotoxic Warfare le fait dès "Mors Indecepta", l'intro de son premier album, en y mettant le même plan de batterie que "Criminally Insane". Mais dès la suite de ce petit instrumental, on peut flairer le potentiel de ce petit groupe, qui arrive à caler une ambiance malsaine et une poignée de riffs evil en trois minutes, avec même des solos plutôt bien tricotés. Et ce n'est que le début.
En effet, le groupe n'hésite pas à taper du poing sur la table tout le long du disque, "Proclaim the Gospel of Lies", balancé à la suite de l'intro, le montre bien. Après une intro vocale kitschouille qui rappelle celle de "Total Desaster" (Destruction), on a un bon gros riffs typiquement thrash avec une rythmique supersonique à l'avenant, qui démarre le disque sous les meilleurs auspices. Le groupe aurait pu s'arrêter là, mais insuffle ensuite un nouvel intérêt au morceau avec des arpèges bien amenés, pour ensuite mieux repartir.
Biotoxic Warfare connaît son sujet dès son premier album et s'éclate à poser des ambiances dans ses morceaux, façon Sepultura dans Beneath the Remains et Arise. Ainsi, aux riffs destructeurs s'ajoutent des passages inquiétants tout à fait crédibles. Le groupe va même au bout de son délire sur le morceau "Lobotomized" en sortant la guitare acoustique sur l'intro, sans que cela ne jure avec l'ensemble et, surtout, sans en faire une ballade.
Côté voix, le chanteur Mike a un timbre éraillé typiquement thrash, un peu comme l'était celui de Max Cavalera sur Schizophrenia et Beneath the Remains, en mettant un peu plus l'accent sur les aigus. Le phrasé haché et agressif est aussi en plein dans les codes du genre. A ses côtés, les guitaristes George et Stellios s'éclatent avec des riffs carrés et toujours pertinents, typiquement thrash, mais aussi avec une pincée de death ici et là. Les solos de George sont aussi très bien amenés et exécutés avec brio. Côté rythmique, Panais et Orestis assurent le travail sans défaillir, avec la basse du premier bien en avant.
Au sein d'une scène thrash grecque en pleine ébullition, Biotoxic Warfare arrive à sortir du lot avec son premier album étonnamment bien produit et surtout jouissif à l'écoute. Sans réinventer le genre, les thrashers d'Heraklion préparent leur tambouille à leur manière, sans fausse note ni longueur, faisant de Lobotomized un album tout à fait recommandable pour les amateurs du genre.