Thulcandra – Ascension Lost

En 10 ans d’existence et deux albums studio, les Allemands de Thulcandra ont eu le temps de se tailler une belle petite réputation dans le milieu du black/death. Connu et reconnu dans son domaine tout en restant assez confidentiel pour le public non-initié, le groupe a pris soin de cultiver une direction musicale maîtrisée de fond en comble et très personnelle : celle d’un black metal puissant et mélodique qui sonne comme la relève de Dissection pour parvenir à renouveler un genre qui tourne un peu en rond depuis la fin de son âge d’or.

Qu’en est-il de 2015 ? La formation propose ici un niveau de composition encore au-dessus de ce qu’elle a déjà pu livrer par le passé, ce qui est sans doute dû au processus d’écriture très lent comme le déclarait Steffen Kummerer il y a quelques temps. Toujours sous la direction du chanteur/guitariste allemand, plus connu pour son travail dans Obscura, on retrouve ici tout ce qui fait le sel de Thulcandra : mélodies de guitares atypiques, passages acoustiques et interludes rappelant le folk et le pagan, les allemands brouillent les pistes en sortant un album où se mélangent de nombreux genres dans une tambouille réussie.

Thulcandra, 2014, germany, black metal, death metal, review

L’écoute complète d’Ascension Lost donne en tout cas une impression de cohérence très forte, avec une ligne directrice qui s’autorise quelques incartades pour mieux imposer sa marque de fabrique. « The First Rebellion », la chanson d’ouverture constitue la pièce majeure de l’album, avec des changements de tempo et une lourdeur de la section rytmique parfaitement maitrisée. Par la suite, les morceaux à tendance black metal old school sont moins nombreux et on trouve même un certain groove sur « The Second Fall », assez inhabituel mais qui marche là aussi très bien. Thulcandra s’autorise peu de déchainement de puissance, exerçant une certaine retenue excepté sur « Demigod Imprisoned », ce qui confère du coup à la chanson une puissance incroyable.

Steffen Kummerer apporte toute son expérience du death metal en ajoutant des éléments du style par-ci par-là, et parvenant à trouver une voie différente de celle jouée par les cadors du black/death comme Belphegor ou Behemoth. Sa voix atypique a toujours sonné juste dans les albums d’Obscura, mais elle trouve ici une réelle plénitude, bien plus en harmonie avec la musique jouée. On sait que le chanteur/guitariste est plus impliqué dans son projet principal et Thulcandra semble être pour lui un exutoire, où il peut se faire plaisir en chantant du black authentique. On peut regretter en revanche que son registre de chant soit globalement toujours le même sur toutes les chansons de l’album, un peu de variation n’aurait pas été inutile. Heureusement, la musique rattrape fort bien ce faux pas.

Au niveau de la structure des chansons, la formation ne bouleverse pas son mode de fonctionnement en proposant des titres relativement longs et épiques, bien qu’ils n’atteignent plus des longueurs de 8 ou 9 minutes comme auparavant. Globalement, l’accent est mis sur l’efficacité des riffs plus que propices à remuer la tête, comme sur « Throne Of Will » ainsi que sur les blasts beats plus classiques  sur « Exalted Resistance » ou « Ascension Lost ». Aucune chanson n’est en trop et chacune apporte sa particularité à l’album, une qualité à souligner car elle se fait malheureusement de plus en plus rare.

La production finale aurait pu être un peu moins brouillonne, mais on pardonnera sans trop de problème ce défaut à l’album, qui du reste est une excellente sortie du genre. Il parvient en tout cas à poursuivre dans le sillon déjà tracé par Thulcandra lors de ses précédentes sorties avec une personnalité toujours plus affirmée. On espère maintenant que les membres réussiront à accorder leurs emplois du temps chargés pour proposer ces titres en live.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...