Duck Duck Grey Duck – Here Come…

Début 2013, les Mama Rosin se retrouvaient dans les colonnes de La Grosse Radio pour leur magnifique Bye Bye Bayou. Un album noté 9/10 qu’il est encore temps de redécouvrir pour ceux à qui il aurait échappé. Il est donc logique que l’on se tourne aujourd’hui vers la nouvelle réalisation de Robin Girod, chanteur guitariste du groupe. Véritable stakhanoviste du rock ‘n roll, Robin est à la fois musicien, découvreur de talent et patron du label Moi J’Connais qui distille tout un tas de perles rares du coté de Genève. Mais cet emploi du temps de ministre lui à quand même laissé le temps de nous livrer le premier effort de Duck Duck Grey Duck où il revisite à merveille avec ses deux compères Nelson Schaer à la batterie et au chant et Pierre-Henri Beyrière à la basse, la surf music, la soul, le garage lo-fi et les rythmes tribaux et bien d’autres choses encore pourvu que ça groove. Cette fois-çi, c’est Casbah Records qui s’y colle pour nous livrer Here Come… A quoi ça ressemble ? On va essayer de voir tout ça…

Des racines blues évidentes ? Y en a !!! Mais, pas que… "Mama Don’t Mind" en ouverture est une production qui respire le Spencer / Verta-Ray. Pas étonnant, Mama Rosin était déjà passé entre les mains expertes des deux bonhommes. Les racines du blues du Delta sont bien digérées et passées à la moulinette lo-fi façon Fat Possum. La basse hypnotise et se lâche pour porter le morceau vers les sommets. Une fort belle entrée en matière.
 


Rayon blues hypnotique, on trouvera aussi "Transworld". Un riff pas simple super rapide. On est sur les traces d’un "Scuttle Buttin" de Stevie Ray Vaughan où des trucs du style. C’est terriblement efficace. On retrouve le feeling des instrumentaux surf des sixties. "Transworld" est une perle de l’album tout comme "Odysseum" qui fait penser au Phantom Surfers ou plus récemment au Taikonauts. Plein de bonnes idées, jamais monotone. On ne se lasse pas.

A la limite du rock ‘n’ roll des pionniers, "Like A Bee" se pose comme un bon gros boogie d’une efficacité imparable. On retrouve chez Duck Duck Grey Duck cette force qui émanait du dernier Mama Rosin. On peut penser que Robin a emmené dans ses bagages quelques fondamentaux de son autre groupe. Tout au long de ses quatre minutes, le morceau gagne en feeling et en soul. On arrive à palper un enthousiasme communicatif entre les membres du groupe. Ca, c’est être rock n roll…

"Swimming Pool" twange comme aux plus beaux jours des Trashmen. Cette piscine nous replonge dans les compils soul surf sixties chères au label Del-Fi Records. Essayez donc de trouver les compils Pool Party, Beach Party… Si vous aimez, vous aimerez aussi les Duck Duck Grey Duck.

"Wrong Dream" nous entraine dans un road trip boogie blues quasi instrumental où toute une multitude d’influences souvent puisées dans des branches plutôt obscures du rock n roll et le garage se font sentir sans oublier le coté surf.
 


Morceau plus tranquille, "Double Monk Strap" ramène dans les ambiances sixties dont se sont inspirés les Fuzztones du légendaire Rudi Protrudi notamment durant la période Braindrops. Payez-vous le morceau "Romilar D", vous y retrouverez des influences.

Avec son tempo plus lent, "Mexico" rajoute une touche plus pop qui pourrait cataloguer le morceau au coté de perles soul comme "Stand By Me".

C’est un tout autre registre pour "Spills And Chills" qui instaure volontairement une atmosphère à la croisée de plusieurs styles. Une boucle blues nous triture les méninges. La mayonnaise prend. Le morceau nous propose une montée croissante vers les sommets du blues.

La basse puissante de "Shadow Of A Man" nous permet de revisiter le vieux rock blues seventies. La gratte n’est pas en reste avec des petits licks bien sentis qui nous transportent dans une autre époque et dans une autre galaxie. Un beau voyage initiatique dans l’univers des Duck Duck Grey Duck.
 


Allez, une petite folk song pour finir. Les Duck Duck Grey Rosin, tout comme les Mama Duck nous livrent ici avec "Walkin’" une petite incursion vers la country folk, on aurait presque attendu une cravate zydeco ou le mélodéon…

En tout cas, ce premier effort des Duck Duck Grey Duck est une  belle réussite. On sent bien qu’on n’a pas à faire aux premiers venus tant la maitrise des instruments est grande et tant les gars semblent prendre plaisir à jouer ensemble. Un album qui rassemble un tas de micro-styles rock ‘n’ roll en les remettant au gout du jour. On obtient donc au final un album varié qui taille la part belle aux sonorités sixties soul surf et garage. Il y a deux ans, on commençait l’année avec Bye Bye Bayou des Mama Rosin comme bonne grosse baffe dans la figure pour nous prouver que le rock ‘n’ roll n’était pas mort, cette année Robin s’y colle avec ses nouveaux potes et un nouveau groupe pour refaire la même chose… Bien fait pour nous ! Euh, Robin, dans deux ans, tu nous fais quoi ???
 


Duck Duck Grey Duck Acoustic Trailer

 

 

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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