"Quand on enregistre, c’est la guerre !"
A l'occasion de la sortie imminente de l'album With Serpents Scourge, Vlad, guitariste et chanteur du groupe de metal extrême français Necrowretch a évoqué à La Grosse Radio les conditions d'enregistrement, sa vision de la musique extrême ainsi que les projets du groupe. Il montre que Necrowretch en a dans les tripes et en veut toujours plus, sans pour autant se disperser musicalement.
Bonjour Vlad et merci de nous accorder cette interview. Des portes vous ont été ouvertes après la sortie de Putrid Death Sorcery, notamment à l'international, avec votre participation au Party San l'année dernière, t'attendais-tu à cela ?
Salutations infernales ! Nous avions déjà beaucoup de connections et plusieurs concerts à l’étranger avant le premier album, mais en effet grâce à ce disque nous avons pu entrer en contact avec beaucoup plus de monde et diffuser notre musique un peu partout. Il n’y a rien qui me surprend dans cette évolution, on travaille dur pour chaque album et chaque show, avec le temps il est donc normal que le groupe attire l’attention de plus de monde.
Comment Necrowretch est-il vu à l'étranger ?
Certainement mieux qu’en France ! Nous avons toujours un très bon accueil et des propositions plus sérieuses quand il s’agit de l’Allemagne ou de la Belgique, bien entendu certaines assos (elles se reconnaîtront) en France sont également très sérieuses, mais dans l’ensemble c’est toujours plus compliqué d’obtenir le moindre truc ici, certains promoteurs sont inquiets (et je peux les comprendre) pour organiser des shows car le public metal français n’est - en général - pas forcément friand de metal trop mortel.
La reconnaissance ne s'arrête pas là, puisque vous êtes programmés au prochain Hellfest. Qu'est-ce que ça fait ?
Oui ça fait plaisir que le Hellfest nous propose de jouer chez eux. Je crois à juste titre que ce festival met un point d’honneur à ce que tous les genres de metal soient représentés, donc ça parait logique que Necrowretch soit présent pour proposer son metal... “plus bestial” dirons-nous.
Parle-nous des autres projets de tournée à venir pour Necrowretch.
Une tournée en Malaisie est prévue pour la mi août, d’autres plans sont en projet et toutes les infos seront balancées sur le Facebook du groupe en temps et en heure.
Pour With Serpents Scourge, tu déclares que le groupe s'est éloigné de son essence purement death. Il est vrai que les influences black, bien que présentes dans le premier album, semblent plus criantes. Peux-tu nous parler de ta démarche ?
Quand j’écris un riff je ne me demande pas vraiment comment ça sonne mais plutôt si ça va tuer ou non. Pour ce disque on a voulu être plus agressifs, plus haineux, plus bestiaux que jamais. La volonté de délivrer quelque chose de vraiment extrême nous a amené à puiser dans le death et dans le black metal, mais la structure des morceaux reste tout de même bien apparentée au death metal. Pour moi l’important n’est pas vraiment de savoir dans quelle catégorie la musique va être classée mais plutôt ce que va te faire ressentir la musique en elle même. Il faut que ce soit une descente aux enfers quand tu écoutes le disque ! Le reste n’est au final pas si important.
Il est vrai que le résultat est extrême. Est-ce que briser les barrières entre les genres de cette frange du metal fait partie de vos ambitions ?
Oui et non, on s’est plutôt rendu compte de ça une fois le disque enregistré et on a trouvé ça plutôt cool de voir une musique à cheval entre deux styles. Ca donne une identité au groupe sans que ce soit ce que l’on recherche non plus. On veut juste balancer une musique poussée à bloc en fait, il ne faut pas trop se poser de questions sinon tu finis par ne plus jouer ce que tu veux.
Du coup, identifies-tu de nouvelles influences dans With Serpents Scourge qui n'étaient pas présentes dans Putrid Death Sorcery ? Si oui, lesquelles ?
Question difficile tant il y a de groupes que nous aimons beaucoup. Je te dirais Mortem, Marduk, Hadez et Dissection pour faire court.
On a un nouveau batteur sur cet album, Ilmar. Parle-nous de son apport dans le résultat final.
C’est vraiment un plus pour la musique du groupe. Jusque là nous n’avions eu que des exécutants au poste de batteur et cette fois il s’agit surtout d’un créatif. On bosse les idées ensemble et il amène plein de bonnes propositions au sein du groupe. On peut ajouter à cela qu’il envoie un sacré bordel derrières les futs et que c’est exactement ce qu’on recherche dans Necrowretch. Toutes ces histoires de batteurs session semblent donc enfin derrière nous et Ilmar fait partie intégrante du groupe.
Maintenant, on peut réparer une basse en tapant dessus avec un tube de mayonnaise ? C'est visiblement ce qui s'est passé pendant l'enregistrement de l'album. Parle-nous des conditions justement, ont-elles changé par rapport à votre premier album ?
Ahahaha oui plus la peine de luthier en effet ! Les conditions étaient tout aussi bestiales que celles du premier album, à l'exception que cette fois nous ne dormions pas dans un sous sol. Ce qu’il faut bien te mettre dans la tête, c’est que Necrowretch n’a rien à voir avec le commun des groupes metal dont tu peux voir des vidéos studio en mode relax vacances. Chez nous quand on enregistre, c’est la guerre ! On joue tout le plus vite possible, et plus encore si possible. Je vide mes tripes pour les prises chant quitte à avoir une extinction de voix pendant plusieurs jours, on s’en fout du temps que le meilleur chant possible est capturé. On joue les riffs en faisant la gueule avec l’écume à la bouche, on en chie car on se pousse au maximum et c’est ce qu’on aime. Dans le résultat final tu peux alors entendre que la musique est vraiment possédée par un esprit haineux qui traverse les prises et le mixage pour vraiment donner une âme au disque.
Peux-tu nous parler de la signification du titre ?
Dans les paroles, le Necrowretch (prêtre mort vivant) s’impose petit à petit comme une divinité aux yeux des mortels qui détournent leur regard du christ pour embrasser le culte infernal. On peut alors dire que l’humanité à été frappée par le fléau de trente neuf serpents délivrant un venin trente neuf fois plus puissant, certains comprendront de quoi je parle...
Cet album sort deux ans après le premier, comptez-vous maintenir un rythme de sorties aussi soutenu à l'avenir ?
Oui il n’y a pas de raisons pour que cela change, depuis la création du groupe il y a toujours eu une sortie par an que ce soit demo, ep, compilation ou album. Je ne sais pas trop quelle sera notre prochaine sortie, peut être un album live si on arrive à capturer de bonnes sessions, peut être un split si on trouve un groupe infernal pour le partager avec nous. Tout est encore à faire et ce n’est pas le temps qui nous presse.