"Heavy metal, or not metal at all"
"Mais pourquoi il met des paroles de Manowar en titre de sa chronique d'Enforcer ?" Il se trouve que les petits suédois, qui se préparent à sortir leur quatrième album, From Beyond, sont on ne peut plus true et appliquent les règles du heavy metal à la lettre, sans jamais flancher. Si le style est difficilement comparable à celui des Américains, l'esprit y est et les quatre gars n'en décrochent pas. Ne cherchez pas la révolution du genre. Mais si la passion vous anime, foncez.
Enforcer est bien décidé à reprendre du service. Plus question de faire attendre les fans quatre ans la sortie d'un nouvel album, comme cela avait été le cas pour Death by Fire (2013). Cette fois, il a fallu deux ans aux Suédois pour sortir son successeur, From Beyond, sans que la qualité ne se perde pour autant.
En effet, les guitares d'Olof Wikstrand et Joseph Tholl sont toujours aussi affûtées pour trancher du riff par dizaine. On accroche ainsi sans effort aux urgentes "Undying Evil" ou "Hell will Follow", rapides sans être précipitées. Le groupe s'éclate aussi avec des arpèges qui aèrent l'ensemble pour introduire "Below the Slumber", ressort la guitare acoustique pour "Farewell", sans en faire des ballades pour autant. Comme sur ses précédents albums, le groupe réussit une fois de plus l'exercice de l'instrumental avec "Hungry they will Come".
Comme sur les précédents albums, la mélodie n'est pas oubliée. Que ce soit dans les solos ("From Beyond", "The Banshee") ou les leads ("Hungry they will Come"), le duo de guitaristes s'éclate toujours autant à faire scintiller ses guitares à la manière d'un Iron Maiden, sans pour autant copier leur modèle.
Enforcer développe ses envies d'ambiances plus sombres qui avaient déjà démarré sur Death by Fire avec en ralentissant le tempo. Le résultat est probant sur des titres comme "From Beyond", tube en devenir, ou encore "Mask of Red Death", pièce finale maîtrisée qui montre une approche nouvelle de l'écriture, plus développée et moins directe.
Côté chant, Olof Wikstrand reste égal à lui-même, avec son timbre haut-perché toujours aussi criard, mais reste juste et se fond toujours à la perfection avec les compos, en mettant en valeur l'aspect urgent et agressif, sans pour autant adopter un timbre thrash. Le numéro d'équilibriste du chanteur, toujours aux frontières du heavy, est une nouvelle fois réussi. La section rythmique, toujours composée de son frère Jonas et de Tobias Lindqvist, reste dans la même optique, rapide et agressive, sans être brutale.
Avec un album tel que From Beyond, Enforcer réussit une nouvelle fois à garder le même style sans jamais provoquer l'ennui. Les quatre Suédois peaufinent leur style comme il faut, mais s'y tiennent et ne dérapent jamais. Du heavy, rien que du heavy, à la mode de Riot, Saxon, ou encore Tokyo Blade, qui fait headbanguer et de s'époumonner en faisant fi des modes et des évolutions que le metal a subi en tant d'années. Une démarche jusqu’au-boutiste qui, jusque là, n'a jamais empêché au groupe de s'écarter de l'excellence.
Photo : Kristian Ekeblom
