*Ah, ce preux chevalier qu'est Lionel... Retrouvez son dernier conte médiéval et délectez-vous en à la lueur d'une bougie, devant le sanglier qui rôtit à la lueur de la cheminée. Ambiance Les Visiteurs III pour ce festival pagan annuel organisé par Les Acteurs de l'Ombre...*
J'ai toujours entendu Pink Floyd me dire « Welcome to the Machine » … même Mötley Crüe s’y est mis sur son dernier album. Mais cet accueil chaleureux devait sûrement se passer dans des temps anciens…
C’est donc en ce Dimanche juste après la Messe Dominicale que je décidai de quitter mes Terres de l’Ouest afin de rejoindre Lutèce en Terre Impie à plus de 3 lieues de mon Château de Beaufort en Feucherolie.
Aller guerroyer avec mon fidèle destrier Jojo dit « Le Lutin », muet et bossu de naissance, était toujours un plaisir. A peine le cordon ombilical arraché par les canines de loups, il avait été abandonné sur les marches d’une église en feu pendant une invasion Viking.
Bref, en chemin nous ripaillâmes dans une auberge perdue en Bois de Boulognote, repaire de fées poilues aux voix masculines… poulardes, cygnes et cervoise coulaient à flot…
Après une dure journée de cheval (moi à cheval, lui à pied), nous arrivâmes en vue de la forteresse protégée près du Moulin de la Grande butte (N.D.L.R. ne cherchez pas de contrepèterie).
L’accueil ne fût que coups de massue et tirs d’arbalètes. Des mâchicoulis de la Machine (surement fabriquée par ce Léonard de Vinci) nous reçurent à base d'excréments et d'huile bouillante.
Nous firent repli dans les bosquets afin de préparer une contre attaque. La sorcière des Ombres nous avait lancé des sorts afin de nous renvoyer dans les tavernes maudites où les catins dansaient nues sur les tables et où la cervoise coutait plus de 5 sesterces d’or le demiard (équivalent à la moitié d’une chopine)…
Après maintes ruses et une fois dans la forteresse, une odeur de purin envahit nos naseaux… de suite nous pensâmes à la sorcière et à une de ses nouvelle ruses afin de nous expulser de son domaine. Que nenni c’était ripaille dans le château, et odeur nauséabonde n’était que ragondin rôti dans de la bave de Salamandre…
Dans l’enceinte, Dame Cunégonde et ses esclaves avaient invité tous les chevaliers des contrés éloignées… Il y avait les cousins de Saxe, ceux du Nordland et même nos anciens ennemis Goths, Ostrogoths et Visigoths sans oublié les ménestrels venus de Lettland.
De suite une belle sorcière nous embauma d’un breuvage maudit, fin mélange d’ houblon et de sulfite afin de nous ensorceler. Mon fidèle palefrenier se transforma en fiente d’hermine tandis que moi je me transformai en écueil à urine.
Du Donjon aux catacombes retentissaient des sons venus des ténèbres de l’Enfer… ce n’était que mauvais sorts et balbutiement dans des langues non latines mais diabolique.
Rapidement nous retrouvâmes forme humaines sous des vêtements de gueux. Nos têtes tournaient et la musique nous apprivoisait afin de nous attirer vers les cornemuses, vielles à roue, bouzoukis et flûtes. Les ménestrels chantaient et rigolaient en nous voyant.
Les Ibères de Numen nous prenaient par les cornes sous les holas de la foule devenue incontrôlable...
… suivis de nos Gaulois encore bien jeunes mais talentueux de Valland qui s’amusaient à nous désarticuler les cervicales.
La croix que je portais fièrement par le passé sur ma tunique, reçue après avoir guerroyé en Terre Sainte, se retournait pour créer un symbole de Belzebuth.
- DORDEDUH -
Les troubadours Dordeduh de la Principauté de Roumanie après une scission avec leur ancien membre du village de Negura Bunget nous firent forte impression et la gente dame au clavecin m’ensorcela jusqu’à la fin de la nuit.
Les lumières magiques venues du ciel éclairaient cette scène de mille feux. Quelle magie et que dextérité se trouvaient dans les doigts de ces magiciens venus de si loin. Du Pagan planant comme on en avait entendu parler par un marin de Lusitanie qui était allé trop loin, là où la mer s’arrête et que les monstres apparaissent.
- FINTERFROST -
Les Goths de FinsterFrost, qui avaient traversés rivières et montagnes nus par un grand froid, arrivèrent sur l’échafaud de la salle qui se trouvait dans les catacombes. Vaillant comme des gueux, ils empestaient comme des jarrets de furet préparés par des moines trappistes. Que d’énergie dans ces jeunes guerriers venus en terres ennemis provoqué de francs ripailleurs.
- BRAN BARR -
Mais nos fiers chevaliers en armures sous les armoiries de Bran Barr prirent glaives et violons pour nous défendre et c’est ainsi que de vifs cris de joie ou de libérations montèrent de la foule pour défendre notre drapeau sous des chants rapidement exécutés. Quelle enchantement que d’entendre ces lyres et mandolines sous les hourras d’un public conquis. Un grand moment de cette fête païenne.
Cornes remplis de liquides houblonnés nous dansions, chantions et ripaillions avec de jeunes pucelles venues de nos régions lointaines. Esclaves, chevaliers, moines se mélangeaient dans des orgies incontrôlées sous le regard malin des sorcières…
Derrière les échoppes se trouvaient des bourreaux, des sarrasins qui nous servaient breuvages aux épices venus d’ailleurs, des luthiers, des bijoutiers et forgerons.
- MAEL MORDHA -
Venu d’Irlande, un souffle nous poussâmes dans nos derniers retranchements. Les musiciens de Mael Mordha peints du bleu foncé de leur mer déchaînée nous retournèrent comme de vulgaires barriques vides.
Les rôtis de ragondins cuisaient sous des feux ardents dans des marmites en fonte et continuaient insidieusement à empoisonner nos narines.
- FEJD -
C'est alors que les Vikings de Fejd, venus à bord de leur drakkar, vinrent nous conter des histoires nordiques d’un folklore lointain rempli de légendes occultes. Beaux sous leurs chevelures d’or, ils ensorcelèrent les gentes dames qui disparaissaient dans les loges des magiciens et en ressortaient tout ébouriffées.
Mon bossu qui avait enfin trouvé la voix et moi même étions désormais maudits et nous savions que nous ne pourrions rentrer en terre du Couchant après ces chants et musiques envoutantes. Quels sort avions nous subit, pourrions nous un jour revenir dans l’église de notre village afin de nous laver de tous nos pêchers ?
Des chants d’Ataraxia venus du Vatican avaient bien essayé de nous prévenir mais nous, pauvres pécheurs, préférâmes nous sustenter sous le regard bienveillant du Malin dans des rondes infinies.
- ODROERIR -
Tonneaux et barriques d’hypocras tournaient autour de la scène quand les Goths d’Odroerir montèrent sur planches.
Du très bon folk germanique, associé au groupe Menhir de part son membre en commun, tournoyant dans nos esprits vagabonds. Comme le prélude final à une fin tragique...
Les Visigoths lettons de Skyforger, rusés comme des renards, eurent l’idée diabolique de nous emmener dans leur contes et légendes en commençant par des chants polyphoniques et acoustiques pour nous endormir.
Leur stratégie était de nous ensorceler pour nous anéantir à la fin de la nuit sous des instruments de feu et de sang, et de nous faire danser jusqu’à ce que nos savates prennent feu.
Les forces occultes s’emparèrent de nous. Le choix qui nous restait n’était que la fuite mais nous préférions rester en ces lieux impies quitte à errer dans le purgatoire ad vitam aeternam.
« Pénitence mes frères, pénitence... » Criaient les moines au ventre bien rond sous des soutanes remplies de péchés.
C’est alors que mon fidèle palefrenier dans un moment de lucidité aidé par des complices très peu fréquentables eut l’idée d’aller chercher ma fière monture pour quitter ce lieu de désolation afin de fuir au plus vite cette Machine infernale...
Fuir, fuir, fuir et oublier...
Chevalier Liønel de Båålberith en l’an de Grâce 666