Evolvent – Whatever Happens

Dire qu'Evolvent laissait un souvenir parfaitement impérissable avec son précédent EP Human Instinct serait mentir. Affirmer que l'écoute était particulièrement désagréable serait une affirmation fausse également. L’œuvre manquait simplement d'identité et de maturité, en dépit d'idées intéressantes et d'un line-up comprenant des musiciens somme toute compétents. Un problème récurrent dans un genre aussi vaste que le metal symphonique. Whatever Happens, second opus du quintette, est de cette façon l'occasion rêvée de frapper un grand coup et de dépasser la concurrence. Encore faut-il savoir la saisir, ce qui n'est pas toujours un pari réussi.

Finalement, bien peu de choses ont changé depuis l'EP et cette offrande longue durée continue dans la voie tracée auparavant. L'auditeur a donc affaire à un metal symphonique où claviers et chant se taillent la part du lion, ne laissant aux autres instruments que des miettes. Se voient ainsi pénalisées basse et guitare, grandes perdantes de la bataille, qui se retrouvent dans une position bien désavantagée, comme écrasées par les autres composantes. C'est d'autant plus dommage que Clément Botz est loin d'être incompétent et le jeune homme fait preuve de talent, comme en témoigne l'agréable solo d'« Over Seasons & Time ». Les moments permettant aux dames à cordes d'être sur le devant de la scène sont trop rares et mettent en exergue les difficultés d'Evolvent à évoluer au-delà des carcans imposés par le genre. Résultat, le manque criant de personnalité se voit encore plus prononcé. Un obstacle suffisamment lourd que la formation traîne, et qui est loin d'être le seul problème présent ici.

Certains groupes parviennent à remédier à l'absence d'un son distinctif par des compositions qui tiennent la route, suffisamment accrocheuses pour donner à leur recette un goût de reviens-y. Dans le cas de Whatever Happens, l'ensemble est pénalisé par un manque criant de dynamisme ou d'atmosphères captivantes. Si le piano fait son office mais ne parvient que rarement à instaurer une ambiance prenante, la faute revient avant tout à un chant envahissant, qui peine à remettre la barque à flots. Le talent d'Emma Elvaston à ce poste n'est pas remis en cause, la jeune femme maîtrisant sa voix, mais les lignes vocales peinent cruellement à emballer. Sur « Love Doesn't Love Me » ou « Embrace », le manque de mordant dont fait preuve la frontwoman laisse une impression de platitude dommageable, d'autant plus que ces pistes tentent de relever le niveau par leur refrain mais ceux-ci n'ont pas la consistance nécessaire pour satisfaire. Le comble est atteint avec « Our Fate », traditionnelle ballade qui ne présente aucune valeur ajoutée et se contente de rester cloîtrée dans les standards du genre.

Evolvent

Si le constat est loin d'être réjouissant, il faut reconnaître aux Français qu'ils sont loin de compiler tous les défauts existants, fort heureusement. Aucun des musiciens ne commet d'erreur irréparable ou embarrassante, et un potentiel réel est décelable tout du long, entaché cependant par ce cruel manque de prise de risque. Quelques bonnes idées, trop peu exploitées, sont disséminées ça et là, comme les chœurs de « We Are » offrant une facette majestueuse qui aurait mérité d'être plus poussée. La présence de la talentueuse Oxy Hart (Seadem), en invitée sur ce même titre, semble aussi trop confidentielle, empêchant aux deux voix de former une réelle complémentarité. Les guitares plus tranchantes du titre « Hurricane » offrent un regain d'intérêt que l'on aimerait entendre davantage, tandis que la conclusion « Siempre » a le mérite de se démarquer clairement du lot et de terminer l'écoute sur une note positive.

Le défaut majeur de Whatever Happens reste ainsi sa trop grande banalité. Ne cherchant jamais à sortir des sentiers battus, Evolvent paye cash sa faible dynamique et ses titres manquant d'atouts pour rester ancrés dans l'esprit. Ce qui est d'autant plus triste que les musiciens ont chacun des qualités individuelles, qu'ils peinent à pleinement exploiter ensemble. On ne peut que souhaiter aux Français de travailler d'arrache-pied et de se relever la prochaine fois, en gommant ces faiblesses handicapantes. Les capacités sont là pour sortir de la masse, à eux maintenant de se donner à fond.

NOTE DE L'AUTEUR : 4 / 10



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