Die Apokalyptischen Reiter – Moral & Wahnsinn

Plus de 15 ans de carrière et voici les allemands de Die Apokalyptischen Reiter de retour ce 25 février 2011 avec un 8ème album studio intitulé Moral & Wahnsinn, une sortie Nuclear Blast. Difficile de les classer dans un style particulier, comme nous l'avions remarqué ensemble avec le bassiste Volk-Man lors d'une récente interview, cet opus étant une nouvelle fois bien barré et varié à l'extrême... mais au-delà d'une certaine originalité, le combo germanique saura-t-il convaincre et fédérer autour de ce nouveau disque ?

Là encore une question bien complexe qui mérite réflexion. Un peu comme si tous les albums sortis en ce début d'année 2011 jouaient le jeu du "doux paradoxe" et de la fragile limite entre variété rafraîchissante et surexploitation d'effets indigestes. Nous vous avions ainsi laissé sur le mitigé nouvel album des finlandais de Turisas et ses éléments parfois too much ou "surproduits", et si Die Apokalyptischen Reiter nous jouait la même comédie dans un registre tout autre ?

En tout cas, à un juger l'analyse de certains de nos confrères, allant du très positif au plutôt profondément sévère, cette galette va diviser le peuple du metal et probablement même les inconditionnels du groupe. Pourtant, le précédent effort Licht avait laissé un arrière-goût amer de déception, pas forcément à l'unanimité mais pour une bonne majorité, Volk-Man nous avouant même à demi-mot qu'il avait hâte de passer un peu à autre chose après (peut-être) une sortie en demi-teinte.

Ainsi, ce Moral & Wahnsinn diffère bel et bien de son précécesseur, et même de tous ses grands frères. "Progressif" dans un sens autre que les Dream Theater ou autres du genre, ce CD passe par tous les états et allie finement les styles et influences du quintette d'outre Rhin. Autant l'enchaînement des deux premières pistes "Die Boten" (direct et efficace en modes riffs ratissants un vieux black des familles) et "Gib dich hin" (où son sifflemment fédérateur s'accompagne d'un refrain parfaitement mémorisable et de quelques sonorités hindoues intéressantes) se fait sans trop de mal, autant nous naviguons ensuite presque à vue et ce avec une certaine légèreté...

Car oui, malgré sa "große" hétérogénéité, cet album se laisse écouter sans mal et nous transporte là où le groupe veut nous mener : à travers ses envies musicales, sa folie, son déni de la concession. Et ainsi, pour la première fois, de beaux éléments symphoniques aux cuivres affûtés viennent nous ravir les oreilles, notamment sur le single "Dr. Pest" (support du clip vidéo) qui s'installe comme une pièce unique dans la discographie du combo. Tout en s'inscrivant parmi leurs chefs d'oeuvre. Ce morceau trouvera d'ailleurs son écho mélancolique avec l'instrumentale "Heimkehr" (tout simplement ravissante) ou la conclusion "Ein liebes lied" qui parachève l'album avec une touche de douceur que certains trouveront maladroite (mais tout compte fait efficace).

Pour le reste, c'est le pot pourri musical parfait de ceux qui recherchent des sonorités "différentes" dans la musique metal. Entre piano bar jazzy ("Hammer oder Amboß" et son refrain pourtant bien "in your face") ou groove aux trompettes digne d'une joyeuse fanfare ("Dir gehört nichts") qui n'aurait pas dépareillé sur l'album Samurai, ceci n'est qu'un exemple du joyeux bazar ambiant proposé avec plaisir et malice par nos amis teutons.

Il y a cependant quelques légères incompréhensions ici ou là. Pas grand chose certes, mais des trucs étranges qu'on ne saurait expliquer. Le titre "Hört auf", au cruel manque de nuances, semble par exemple sorti de nulle part et s'avère quelque peu agaçant avec un refrain... fort moyen, il faut le dire, et ce malgré une voix extrême convaincante. Nous trouvons donc ici le mouton noir d'un CD qui se veut certes volontairement paré d'horizons divers. Or cette tentative nous paraît tout simplement fade et ce malgré les efforts ambiants consentis en son break. Après, il y a cet éponyme "Moral & Wahnsinn" qui semble manquer d'une idée directrice claire (à l'image du brûlot en son ensemble ? Hmmm...), entre ses fausses influences disco et son explosion de riff à la Muse (tiens c'est pas "Stockholm Syndrome" qui a failli partir là ?) précédant un chorus un tantinet plat. "Progressif" nous avions dit ? Après tout, ce n'est que l'avis de notre interviewé...

En fait, l'album fonctionne très bien mais par période. Il saura trouver son public et ses humeurs d'écoute. Mais au-delà, nul ne sait s'il saura s'inscrire dans son temps. Heureusement que "Erwache" et surtout la semi-ballade "Wir reiten" (où comment parfaitement gérer la douceurs de certains strings) viendront rassurer l'auditoire quelque peu plus "old school" de nos chevaliers de l'apocalypse, il faut bien cela pour ne pas trop perdre ses brebis dans les vastes prairies de l'inconnu...

... Tiens, à ce niveau, on peut également remercier l'ami Fuchs, chanteur de son état, toujours aussi étonnant et surprenant dans divers registres que nous lui connaissions cependant déjà. Evidemment, il a déjà un peu chanté dans tous les styles tout au long de se carrière avec le groupe, mais il ne baisse ici en aucun cas la garde - que ce soit de sa voix claire profonde et grave ou de ses growls death bien nerveux. Réécoutez donc "Dr. Pest" et constatez par exemple à quel point son chant se marie parfaitement avec les éléments orchestraux...

Die Apokalyptischen Reiter 2011

Artistiquement donc, le boulot est immense et le résultat final en est d'autant plus intéressant. Nous nous poserons cependant donc de grandes questions sur la ligne directrice voulue ici par le groupe. Il y en a pourtant une, mais laquelle... celle de la folie, en référence à la deuxième partie du titre de l'album ("wahnsinn") ? Peut-être... Mais de là à dire que Reiter s'est raté, ce serait faire preuve d'un manque de recul certain. Certes pas leur meilleur opus, mais une production solide et curieuse qui sait mettre en avant ses morceaux de bravoure au beau milieu d'une salade musicale quelque peu exotique. Très agréable au demeurant.

Note : 8/10

Video Clip officiel de "Dr. Pest"

Interview de Volk-Man, bassiste du groupe
Die Apokalyptischen Reiter sur La Grosse Radio

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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