Pionnier du thrash et particulièrement de l'école teutonne, Destruction est un pilier du genre qui, malgré les allers retours de membres et autres joies de la vie d'un groupe, est toujours là, soutenu par Nuclear Blast, pour faire parler la foudre du bon vieux metal à l'ancienne. Sans jamais craindre les clichés, le combo en use et en abuse depuis un bail. Les choses sont donc posées : avec Day of Reckonnig on se paie une petite dose de nostalgie.
Ce qui me touche d'emblé c'est que l'ensemble rythmique me semble très linéaire. Si chacun des instru, sec et nerveux, assure la patate, il n'en reste pas moins que les nuances et les variations d'intensité sont, d'un point de vu (ou plutôt d'un point d'écoute) purement sonore, quasi inexistantes. Dommage car, du côté composition, il y en a un paquet, des variations !
Ainsi, au cours de ces onze titres, on en a pour notre argent avec des riffs saccadés qui confèrent une touche martiale puissante, des phrasés agressifs, des passages lourds et des accélérations de derrière les fagots. Mais voilà, tout ça n'est pas mis en valeur par cette prod' un peu froide à mon goût.
Vous me trouverez peut être pointilleux, j'en conviens, mais avec une entité de la trempe de Destruction, le niveau d'exigence est élevé ! J'en finis donc tout de suite avec les aspects les moins convaincants de l'oeuvre :
Toujours en ce qui concerne le son, si "Shmier" brille par sa voix, il se fait méchamment discret avec sa basse ! Il y a bien le break de "Armageddonizer" , mais globalement celle-ci colle au reste du groupe sans se démarquer. La rythmique est assurée sans problèmes, mais quelques interventions plus osées auraient pu apporter un gros plus et assurer une cohésion qui aurait boosté les titres, notamment quand les grattes sont froides et posées alors que la batterie s'échine à balancer des plans rapides. Ceci dit, peut être que ce constat vient simplement du fait que la nouvelle école thrash (qui intègre souvent des couleurs hardcore) nous habitue à des basses agressives, claquantes et très présentes.
Enfin, il est clair que Destruction n'est pas du genre à tergiverser et Day Of Reckoning rentre dans le lard. Et pourtant je reste sur ma faim à l'écoute des breaks. Ils sont bons, très bons même, mais leurs rythmiques, souvent chargées et subtiles, en limitent l'impact.
Voilà c'est tout, j'arrête de faire mon chieur et je passe à ce qu'il y a de bon, voir d'excellent sur cet opus ! Allons y donc par le menu...
Elément essentiel de la personnalité de Destruction, "Shmier" joue de sa voix pour notre plus grand plaisir, passant du chant criard typique aux interventions plus claires qui étoffent délicieusement certains refrains. Et quels refrains ! Le genre de truc qu'on braille à s'en péter la voix, qui vient se ficher directement dans le crâne pour ne plus en sortir. Pas besoin de multiplier les écoutes pour capter la recette : au moment venu on crie le titre du morceau, on laisse la gratte placer sa phrase hyper accrocheuse et on recommence. Simple mais redoutable. Evidemment, sur scène, ça passe comme une lettre à la poste (encore que, à la poste, ils ne sont pas toujours au top). De "Hate Is My Fuel" à "Sorcerer Of Black Magic", ça fait du bien par où ça passe.
Ces passages sont les plus efficaces du groupe, c'est évident, mais juste derrière viennent les parties de guitares, incontestablement branchées sur le heavy. Destruction ne rechigne pas quand il s'agit de taper dans l'harmonie et les soli sont un très bon mélange d'agressivité et de mélodie.
Au fil de ces compo, les plaisirs sont variés avec un "Day Of Reckoning" très heavy et posé, "The Demon" et son refrain en mid-tempo, la furie de "Devil's Advocate"... j'en passe et des meilleurs !
En conclusion : s'il me déçoit un peu, Day Of Reckoning reste un super album qui va déchirer sur les planches !
Ma note : 7/10