Gavin Harrison – Cheating the Polygraph

La liste des artistes avec lesquels il a collaboré est longue comme le bras, mais c'est pourtant bien en tant que batteur de Porcupine Tree que Gavin Harrison s'est vraiment fait connaître, groupe qu'il a rejoint en 2002 et dans lequel il a pu laisser s'exprimer tout son talent. Alors qu'il a commencé sa carrière professionnelle en 1979 et qu'il fêtera ses 52 ans en mai, voilà notre homme qui sort son premier album solo. Petite déception, il ne s'agit pas de compositions originales, mais de reprises de Porcupine Tree en version jazz. Ce regret est toutefois rapidement relativisé tant les versions proposées sont éloignées des originales.

Harrison ne se contente pas de jouer des compositions en remplaçant les guitares par une section cuivre : chaque titre a été entièrement re-pensé, afin que les sonorités jazz lui collent à la peau, et ré-arrangé en conséquence, à tel point que même le fan de Porcupine Tree aura parfois du mal à reconnaître les titres sélectionnés. Bien que ces titres soient globalement issus de la période durant laquelle Harrison a participé au groupe (c'est à dire la plus connue), bien malin ceux qui reconnaîtront "What happens now", qui ouvre l'album. Le titre est issu de l'EP Nil Recurring (2008), sorti après Fear of a blank Planet (2007), soit pas le plus gros tube de Porcupine Tree. Ce qui n'est pas le cas du classique "Sound of Muzak" (In Absentia, 2002), que tous les auditeurs du groupe connaissent. Et pourtant : allez retrouver l'ambiance cotonneuse originale sur cette version survitaminée (qui plus est jouée en medley avec "So called friend", issu de Deadwing, 2005).
 


Pas la version la plus aventureuse, mais ça donne une idée. 

On se doute que Gavin Harrison a un carnet d'adresses bien rempli, et les musiciens auxquels il a fait appel ne plaisantent pas du tout. La basse virevolte dans tous les sens, tandis que les cuivres envoient le bois. Avec une grosse équipe de brutes à la barre, les compos peuvent partir dans tous les sens. On reconnaît plus facilement "The Start of something beautiful", transformée en titre jazz jouissif, l'un des grands moments de l'album. Inutile de mentionner chaque titre, vous avez compris le principe. 

Il y a deux façons d'aborder ce disque. Dans un premier temps, comme un album de reprises de Porcupine Tree, qui s'adresse avant tout aux fans. A ce niveau-là, à moins que les dits fans ne soient allergiques au jazz, ce Cheating the Polygraph est une superbe réussite, qui parvient à offrir un nouveau visage aux titres interprétés. L'occasion est belle de redécouvrir ces morceaux sous un angle aussi inédit. De plus, Wilson n'ayant pas vraiment l'intention de remonter le groupe qui l'a fait connaître, c'est de toutes façons la seule chose que l'amateur de l'arbre à porc-épic aura à se mettre sous la dent avant longetmps. 


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Mais on peut également aborder cet album du point de vue des personnes qui ne connaissent pas ou peu Porcupine Tree, et qui vont se retrouver face à un album de jazz, bien interprété et accessible (on est loin du free jazz ou du bebop), mais à l'intérêt forcément bien moins élevé. Le côté un peu trop évident de certaines mélodies, qui n'ont pas été pensées pour être interprétées de cette façon, représente clairement une limite pour les néophytes, qu'ils soient amateurs de jazz (il y a sûrement mieux ailleurs) ou de rock (pas l'ombre d'une gratte sur le disque). Malgré quelques passages qui peuvent plaire à tout le monde (le deuxième mouvement d'"Anesthize" fait limite penser à une bande originale d'un film policier des 70s), c'est bien avant tout aux auditeurs déjà familiers de la disographie de Porcupine Tree que cet album s'adresse. 

Quand Gavin Harrison a annoncé un album solo, on pouvait espérer que ce batteur d'exception ait fait appel à des collègues aussi fous que lui et que tout ce beau monde se soit enfermé en studio pour se lancer dans des jams de folie qui auraient débouché sur du prog jazzy de haut vol. Finalement, Cheating the Polygraph est moins ambitieux, sans être dénué d'intérêt. Reste qu'il faut le prendre pour ce qu'il est : un album avant tout destiné aux fans de Porcupine Tree, dont l'intérêt devrait être moindre pour les autres. Pas de note du coup, l'intérêt principal de l'album dépendant essentiellement de votre rapport affectif avec le groupe qui a fait connaître Steven Wilson. Mais pour peu que le principe titille votre curiosité, c'est du tout bon.

La tracklist complète, et les albums dont les titres sont issus : 
 

1 - "What Happens Now ?" (EP Nil Recurring)
2 - "Sound Of Muzak" / "So Called Friend" (In Absentia / B-side Single "Lazarus")
3 - "The Start Of Something Beautiful" (Deadwing)
4 - "Heart Attack In A Layby" / "The Creator Had A Mastertape" / "Third eyed Surfer" (In Absentia / On the sunday of life)
5 - "The Pills I’m Taking" (from "Anesthetize", Fear of a blank planet)
6 - "Hatesong" / "Halo" (Lightbulb Sun / Deadwing)
7 - "Cheating The Polygraph" / "Mother & Child Divided" (Nil Recurring / B-side Deadwing)
8 - "Futile" (EP Futile)



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