Live Report de l'édition 2015 de l'incontournable Printemps de Bourges. Retour sur ce grand festival éclectique qui, cette année encore a son lot de perles mais aussi de quelques déceptions.
De nos envoyés spéciaux OscarTramor & Altitude0
Balthazar
Avoir été inondé de selfies ensoleillés sur les réseaux et faire ses retrouvailles avec Bourges sous la pluie… une histoire de karma j’imagine. Heureusement, l’impatience et la joie de retrouver Balthazar surtout dans un tel cadre nous feront vite oublier cette contrariété climatique.
Annoncé comme « le nouveau prince noir de la chanson française » Perez a déjà pris place au centre du théâtre Jacques Cœur, des sonorités héritées des 80’s, une intonation à la Bashung, impossible de pénétrer les rêveries du dandy tant j’ai l’impression de plonger dans une vilaine parodie.
Le quintet belge investit la scène costume sombre et violon en avant, un set beaucoup plus pop que la tournée Rats, à l’image de leur dernier album Thin Walls, mais tellement efficace, porté par les harmonies vocales et la belle présence de Maarten Devoldere. Mention spéciale au finish a capella sur "True Love". Une prestation inoubliable qui restera le grand moment de ce Printemps de Bourges !
Après un Balthazar royal, les revenants Psykup sont de retours au Printemps de Bourges, 15 ans après leur sélection dans les découvertes. Les toulousains n’ont pas pris une ride que ce soit sur scène ou dans leurs compos. Efficacité, violence, folie, dès l’entame du set par "To be… tray", ils nous prennent dans leur tourbillon sonore pour ne plus nous lâcher jusqu’au final fatal "L’Autruche"(toute personne normalement constituée doit écouter ce morceau au moins une fois dans sa vie) / "Your vision". Par le passé, j’avais coutume de les désigner comme le meilleur groupe de métal français, et c’est toujours le cas !
Le lendemain, place aux Inouïs, les premiers groupes des découvertes rock font la part belle aux claviers et avec une fade pop électro : Martin May, Peter Pitches … et puis boom le réveil ! Milan qui sera, pour moi, la belle surprise de ces Inouïs 2015, un duo batterie/clavier et voix/melodica, un rock sombre au son brut et enivrant tout en contraste où s’enchainent moments de tension et de douceur entrecoupés de déchainements de rythmiques. Un son à découvrir sur leur 1er EP Dunkers sorti cette année.
Les 2 très bons albums Paradise for all et Hip hop after all en poche, je me faisais une joie de découvrir le pendant live band avec le concert de Guts programmé dans le bondé 22. Circulez, il n’y a rien à voir, entre des chanteurs sans charisme et un leader (ex Alliance Ethnik) qui ferait mieux de rester dans son studio, ou dans ses partouzes sonores d’Ibiza, plutôt que de s’agiter inutilement, la grosse déception prime !
Même sans connaitre sa Stratégie de l’inespoir, c’est avec la certitude de passer une bonne soirée que je me retrouve sous le chapiteau du W pour HF Thiéfaine. Que ce soit en studio ou sur scène, le monsieur sait s’entourer ; Alice Botté ancien guitariste de Bashung et son fils Lucas Thiéfaine tous deux débordant d’énergie se chargent de donner une nouvelle vie aux anciens morceaux : "Alligator427", "La fille du coupeur de joint", "Bipède à Station verticale", "113ème cigarette sans dormir", "Les dingues et les paumés"… Aucune fausse note jusqu’au show light impeccable qui nous transporte avec douceur dans "La Ruelle des Morts" rare rescapé de Supplément de mensonges. Toujours un grand moment de croiser sa route !
Suite des Inouïs rock avec Last Train qui réveille le public avec un blues rock racé, sans fioritures, les gamins ont à peine la vingtaine qu’ils ont déjà tout compris et digéré toutes leurs influences… A suivre ! Ils ont d’ailleurs gagné le prix des découvertes 2015.
Le groupe suisse Puts Marie était de retour après plusieurs années de silence, un retour plus que réussi avec, comme pour les autres Inouïs, une prestation certes courtes mais renversante. Un rock teinté de blues porté par leur leader/chanteur charismatique Max Usata aussi à l’aise pour nous hérisser les poils de sa voix fêlée, fragile et mélancolique que lorsqu’il s’agit de verser dans un flow hiphop plein de folie.
En ce mardi nuageux, Faada Freddy, l’artiste qui explose actuellement, confirmera évidemment en concert en convertissant l’ensemble du public à ses prouesses vocales et rythmiques, faites uniquement de bruitages, percussions avec le corps, beatbox, aucun instrument. Ses musiciens avec les mêmes contraintes. Un grand moment de world music, soul, reggae… et de partage.
Autre belle surprise du « IN » (et elles n’étaient pas nombreuses) Jeanne Added, qui je dois bien l’avouer a titillé ma curiosité en faisant la couverture de Longueur d’Ondes. Je ne connaissais rien de son parcours avant de la voir débouler sur scène et de me faire renverser par cette voix fascinante. Les lumières semblant jouer dans sa chevelure péroxydée, on se laisse happer par une pop électronique hypnotique oubliant bien vite qu’elle s’est échappée du monde du jazz délaissant le violoncelle au profit de boucles froides et sombres comme sur le post punkien "A war is coming".
Son 1er album Be Sensational sera disponible le 1er juin.
Place aux découvertes chansons, on avait connu Nicolas Michaux plus inspiré, et moins variétoche, c’est Gontard ! qui me séduira, des textes, un univers personnel et poétique, des histoires scandés, les alpins nous tiennent en haleine pour finir dans une explosion de décibel. Mathias Malzieu, président du jury du festival ne s’y est pas trompé et resta scotché sur le devant de la scène tout le concert.
S’il y en avait bien un que je ne voulais pas manquer c’est Radio Elvis plus que séduit par un Ep 4 titres à la poésie planante et envoutante. Certes les grands noms ne sont pas loin à l’écoute de ces chansons impressionnistes : Dominique A, Murat, Bashung, Cantat… mais sur scène leur chanteur charismatique Pierre Guénard nous envoie en plein tronche, de sa voix éraillée, ses textes où l’imagerie d’un Jack London valse dans nos têtes. C’est beau et intense, le public du 22 en redemande, moi aussi.
Après avoir manqué le nouveau groupe de David Ivar (ex Herman Dune) Black Yaya, l’auditorium accueille The color bar experience. Une relecture du mythique album Figure 8 d’Elliott Smith, 15 ans déjà, ranimé par Jason Lytle (Grandaddy), Ken Stringfellow (Posies), Troy Von Balthazar (Chokebore). Du très beau monde, des réarrangements impeccables pour l’occasion par une orchestration classique. Un grand moment suspendu dans le temps…
Programmé dans le cadre de la soirée Longueur d’Ondes, Pungle Lions, je le rappelle, nouveau projet de Damny et Rouzman (ex La Phaze) mouille la chemise pour tirer la dernière énergie de chaque festivalier… et leur reggae soul fonctionne à merveille, le public, en ce dernier jour, danse, chante, sourit… Gagné !
Court passage sur la scène Ricard SA Live pour découvrir Sound Sweet Sound, rock psychédélique idéal pour refaire surface, ou pas, la belle voix hypnotique de la chanteuse en bonus… Ces toulousains ont de l’avenir, croyez-moi !
AaRon se la joue énigmatique et s’affiche en Blouson Noir pour dévoiler leur virage artistique, et a tout du pétard mouillé, le fabuleux grain de Simon se noie dans une pop électro new wave fade et perd le public… Echec.
Des années, que je n’avais pas vu The Do sur scène, l’univers intimiste du duo, suite au 3ème album devient plus musical, mais malgré la sublime voix d’Olivia, le gigantesque W reste froid, imperméable aux hits du groupe "Keep your lips sealed", "On my shoulders"…
A revoir dans d’autres circonstances.
Fin du festival avec l’égérie de la pub Kiabi, If the Kids, chargé de transformer la Table d’Harmonie en dancefloor avec leur électro rock mené par une Marine en grande forme et capable d’attirer les derniers résistants sur le devant de la scène. Une bombe sonore qui devrait faire parler d’elle prochainement.
OscarTramor & Altitude0