Ad Nauseam – Nihil Quam Vacuitas Ordinatum Est

La porte ouverte par Gorguts depuis la sortie d’Obscura en 1998 a clairement influencé bon nombre de musiciens de death metal. On ne saurait nier l’influence grandissante des québécois dans des sorties récentes. Citons en tête Ulcerate, mais également d’autres combos récents comme Dehuman ou encore Ad Nauseam, dont il est question aujourd’hui. Certes, les locutions latines qui donnent un titre à cette galette peuvent sonner prétentieux, mais pour leur défense, sachez que ces musiciens sont Italiens.

La filiation avec les groupes cités précédemment est criante, et ce dès le premier titre « My Buried Dream », qui voit le groupe italien flirter avec le black avant-gardiste (à la Dodecahedron), proposant des rythmiques alambiquées et surtout de la dissonance à foison (« La maison Dieu »). De dissonant à bruitiste, il n’y a d’ailleurs qu’un pas, que Ad Nauseam ne franchit cependant jamais, donnant aux compositions ce dont elles ont besoin, dans une démarche artistique sincère et intègre.

Ad Nauseam, Review, Death metal,

Les titres se veulent pour le moins progressifs (« The Black Veil of Original Flaw », «Superimposing mere will and Sheer Need ») puisqu’outre la longueur de l’album (qui avoisine les 55 minutes pour seulement huit titres), la difficulté d’accès est de mise. Un réel effort est à faire pour rentrer dans l’univers des Italiens, tant les structures se révèlent complexes à mémoriser. Mais justement, c’est moins l’aspect cérébral qu’émotionnel qui est sollicité à travers l’écoute de ce combo et il est nécessaire de se laisser porter par la musique de Ad Nauseam. On apprécie également les nombreuses cassures rythmiques et les ralentissements de tempo qui savent créer la surprise (« Lost in the Antiverse »).

Ad Nauseam expérimente, teinte ses compositions de black et d'ambiant par toutes petites touches (ces notes dissonantes de piano à la fin de « The Black Veil of Original Flaw» en sont le plus bel exemple). Le chant d’Andrea P., le leader de la formation n’est pas mis en avant, se contentant d’intervenir ponctuellement pour renforcer le sentiment d’oppression qui se dégage des compositions du quatuor.

Techniquement, on ne peut rien reprocher aux musiciens qui poussent le perfectionnisme jusque dans la production, ici excellente. La basse de Matteo B. sert de fondation solide pour qu’Andrea S. (batterie), puisse s'en donner à cœur joie dans un style de jeu rappelant Jamie Saint-Merat d'Ulcerate.

Les détracteurs de ce style de death reprocheront peut être le manque de personnalité des musiciens dont les influences sont immédiatement identifiables. Mais qu'importe tant les compositions sont solides et la démarche artistique intègre et sincère. Loin de nous donner la nausée, ce Nihil Quam Vacuitas Ordinatum Est nous donne la furieuse envie de presser de nouveau le bouton play de notre lecteur, et ce, "Ad Vitam aeternam"…

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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