Celui-là, on ne l'attendait plus. Faut dire, le précédent, qui faisait déjà suite à un split, remonte à 2004 ! Et depuis plus rien, que dalle, nada, chacun vaque à ses occupations, Stéphane Buriez s'occupe de son studio, Hervé Coquerel s'éclate avec BLACK BOMB A... C'était pourtant dommage, puisqu'après des débuts qui ont très mal vieilli, mais qui à l'époque n'avaient que peu d'équivalents dans notre beau pays, LOUDBLAST s'était réellement imposé avec Sublime Dementia et Fragments que d'aucuns n'ont pas manqué de taxer de "commercial". Certes plus mélodique et recherché, avec des arrangements chiadés, Fragments reste également l'opus le plus abouti des nordistes et résiste étonnamment bien à l'épreuve du temps.
En revanche, après ces deux pépites et un premier split, on ne peut pas dire que l'album faisant suite à la première reformation, Planet Pandemonium, ait connu le succès. Un échec à demi mérité dans la mesure où même s'il était il est vrai assez linéaire et doté d'une production Fisher Price (sans parler de la pochette hideuse), il contenait indéniablement d'excellents moments. Une semi-réussite (ou un semi-échec) lourdement sanctionnée par le public, qui ne laissait présager rien de bon quand à l'avenir. Et pourtant, un remaniement de Line-up plus tard, les Louds nous reviennent d'entre les morts avec un album au titre qui à l'instar de son prédécesseur, a le mérite d'annoncer la couleur sans détours : Frozen Moments between Life and Death.
Est-ce dû au sang neuf, à une forte envie d'en découdre, toujours est-il que le groupe a mis les petits plats dans les grands et c'est doté cette fois d'une production en béton armé qu'il revient à la charge. Le son est clair, la basse globalement mise en retrait, ce qui permet de s'appuyer sur les guitares pour développer une ambiance lourde et malsaine ("Cold Blooded Kind"). Pas de doute, les musiciens ont la rage et sont bien décidés cette fois à faire respecter leur statut après les critiques dont ils ont été victimes. Sans chercher à ruer dans les brancards, c'est sûr de sa force retrouvée que LOUDBLAST s'impose avec un album admirablement équilibré entre tradition et nouveautés. Le morceau titre qui ouvre les débats impose sa puissance et sa majesté sans forcer. Outre le son, la voix de Stéphane Buriez a de nouveau évolué ; plus claire, elle s'éloigne des growls convenus et redondants pour épouser la couleur du cru 2011.
Difficile de ne pas penser au glorieux passé devant les rythmiques à l'ancienne qui raviront tous les thrashers. Hervé Coquerel, dont la batterie a rarement parue aussi imposante, prend un malin plaisir à distiller des rythmiques thrash classiques auxquelles il juste ce qu'il faut de double pédales et blast-beats pour enrichir son propos, sans jamais perdre de vue l'objectif, la musique, et non la démonstration comme c'était peut-être le cas sur Planet Pandemonium. Le single "Emptiness Crushes my Soul" est à l'avenant, droit au but tout en étant particulièrement efficace. Les nouveaux venus s'en sortent sans problèmes, Alex un peu en retrait à la basse donc, par contre Drakhian se distingue par son jeu de guitares qui apporte quelques nouveautés via des solos planants inspirés, comme sur le final de "Toward Oneness", mais surtout sur l'excellent "Nosce Te Ipsum", qui montre qu'en matière d'écriture, LOUDBLAST n'a de leçons à recevoir de personne. A ce titre, l'instrumental "To Bury an Empire", qui clôt l'album, est une réussite de plus à mettre à leur crédit.
Personnellement, je regrette quelque peu l'aspect groovy que le groupe avait développé et qui est cette fois clairement en retrait. C'est en effet un visage sombre que le combo arbore, témoin de sa colère contre les mécréants qui doutent de lui (voir lui crachent dessus) depuis un moment. Sans aller jusqu'à exagérer, on peut comprendre que les musiciens aient été déçus de l'accueil réservé à leur album précédent, mais surtout des commentaires peu glorieux qui ont depuis fleuri sur bon nombre de forums. Frozen Moments Between Life and Death est la meilleure réponse possible du groupe à ses détracteurs. LOUDBLAST fait un retour en forme et prouve - s'il en était besoin - qu'il n'a de leçons à recevoir de personne. Une bien belle mise au point qui, reconnaissons-le, est toute aussi bienvenue qu'elle était inespérée !
Ma note : 8/10
Sortie le 18 avril chez XIII Bis Records