Malison Rogue – Malison Rogue

En Suède, dans le power/hard rock/heavy, on a aussi son mot à dire et les bien connus Hammerfall règnent en maître désormais, avec aussi quelques petits poulains qui ne demandent que la reconnaissance des pères, eux même cherchant à briller parmi les plus grands noms. Mais le pays Scandinave possède malgré tout sa fierté certaine, et ne peut que se targuer, faire fière figure devant les autres d'être le berceau de naissances des sus-nommés, ou encore d'Hardcore Superstar, Nocturnal Rites, Dream Evil, Crucified Barbara, Sabaton, mais surtout, pour le bonheur des petits, des grands et des générations 80, les légendes d'Europe (et même Hammerfall n'en est pas à une réputation similaire). Voilà une scène, couplé au reste des formations européennes, qui doivent en faire rêver plus d'un, et qui, nourris à ce grain, vont pondre pareille musique.

 

C'est un peu le cas du combo du jour, Malison Rogue. Né sous le nom d'Ashes avant d'en changer pour sortir un premier brûlot éponyme, le quatuor semble ici aligner ce qui fait le groupe du genre le plus traditionnel possible : une pochette calée complètement dans le genre, un line-up à quatre membres extrêmement classique, des influences citées qui ne trompent vraiment pas sur la marchandise, des thèmes abordés inhérent au style, bienvenue dans l'univers du groupe, qui semble donc posséder les caractéristiques de base. Cette première offrande, Malison Rogue, sortie en 2011 sur Inner Wound Recordings, va donc devoir passer le contrôle de qualité pour être répertoriée comme novatrice, bonne, moyenne ou insuffisante, sachant que les combo remplissant les deux dernières catégories commencent à s'empiler si l'on y regarde bien.

 

Fort heureusement pour le jeune groupe, ce n'est pas dans ces classes-là qu'ils vont devoir être rangés. Non, effectivement, la formation ne renouvelle absolument pas le style, et dans le genre classique qui aime faire ce que les idoles de leur enfance ont déjà fait, nos quatre suédois de Nyköping se complaisent parfaitement. Une recette véritablement similaire, Iron Maiden et consorts sont déjà passés par là, et à moins d'être blasés par le manque d'originalité, alors il est fort à parier que le groupe fasse revivre en vous un petit sentiment de nostalgie, si vous êtes, tout comme notre quatuor, des aficionados de cet âge d'or du heavy. Pour autant, la principale qualité des compères, c'est de savoir ce qu'ils font, et ainsi de délivrer une musique maîtrisée sur le bout des doigts, sans fausse note ni réel écart de conduite, avec les ingrédients idéals pour servir une bonne tambouille qui contente n'importe quel auditeur. Les malicieux amis s'évertuent aussi à livrer une musique restant énergique et enjouée dans n'importe quelle circonstance, avec une force positive diablement communicative, de quoi donner un effet de boeuf sur scène. Ils savent ce qu'ils font, ces malins, ça se voit et surtout, s'entend, ne laissant de ce fait aucun temps mort, une certaine passion étant dégagée de l'écoute, et l'oiseau de l'ennui ira trouver nichoir en d'autres contrées où la monotonie est maître mot, ce qui n'est pas dans le vocabulaire de Malison Rogue.

 

Autre atout imparable que le groupe garde dans sa manche, c'est son chanteur, un frontman charismatique qui maîtrise son sujet avec vigueur et entrain. Plein d'allégresse dans les moments joyeux, sachant aussi se faire profond lors des moments de peine, mais toujours efficace comme il aime le montrer, Zeb sait ce qu'il faut faire quand il doit le faire, tant et si bien que le petit reproche que l'on pourrait lui faire parfois, le même qu'à la musique, c'est de manquer parfois d'un peu de surprise. Non pas que cela soit un défaut majeur qui nuit gravement au brio des musiciens, mais quand même, le trop classique peut parfois nuire à l'innovation, et sur certains groupes, on se dit qu'il vaut mieux aller réécouter nos bons vieux albums de légendes. Ici, ce n'est pas le cas, le jeune homme étant bien assez intéressant pour convaincre sérieusement.

 

A chercher dans le rayon des morceaux, il est plaisant de constater qu'aucun faux pas n'est commis : si l'on reste dans le déjà vu des centaines de fois, ici, le combo sait exploiter ce filon pour en créer du tubesque, du puissant, et ne laisser aucun titre être en dessous d'un autre. « Friend or Foe? » ou encore « We're All Sinners » ne peuvent être boudées, sinon l'auditoire passerait à côté de deux pistes qui valent vraiment le coup, et ce en de nombreux points, notamment sur le plan des refrains titanesques, jouissifs au possible, qui ne doivent pas décevoir sur scène, loin de là. Le choix d'avoir placé « Friend or Foe? » en ouverture est tout à fait judicieux et permet une introduction merveilleuse à l'univers de Malison Rogue qui grave ici son nom dans la pierre. Même sur les ballades, souvent gnan-gnan et clichées, si ici on reste encore dans le banal, c'est malgré tout du banal bien fait et sans redondance. « My Mistakes » est plaisante, et il serait dommage de s'en priver sous prétexte que le tempo est ralenti. Après tout, une dose de chanson un peu tarte parfois, ça peut ne pas faire de mal, et avec les guitares qui ne quittent jamais l'accompagnement, le remède à l'ennui vient d'être trouvé. « Scars » et « Everything Fades » sont bien plus longs, dépassant même les 6 minutes, et pourtant ne faiblissant pas le propos, tant et si bien qu'en plus de passer à une vitesse folle, la durée est toujours très plaisante, sans prise de tête, et on appréciera également la charmante voix féminine de Johanna Lewerin qui accompagne Zeb sur « Everything Fades », résolument hard rock. Dans l'intéressant, « This Lonely Road » et « The Griever » marquent des points, et non seulement car le guitariste démontre son talent, mais aussi pour une tendance plus progressive se manifestant par des changements rythmiques bien pensés. Enfin, s'il fallait citer le refrain le plus réussi du brûlot, « The Pain You Cause » remporterait la palme d'or.

 

Aux manettes de la production, c'est Mats Léven qui s'y colle (Amassefer, ex-Therion), et cela explique très certainement l'excellente qualité du son : clair, limpide, précis, adroit, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire le travail réalisé ici. Du coup, chaque élément trouve sa place, et les musiciens ont un espace suffisant pour accomplir un travail instrumental de bonne qualité. Les 8 pistes s'enchainent donc sans le moindre mal.

 

Manquant encore de personnalité et d'un style plus à eux, Malison Rogue parvient malgré tout à livrer avec cette galette éponyme une vraie démonstration de talent. Riffs incisifs, chanteur de qualité à la marge de progression qui laisse rêver (malgré un accent suédois très prononcé), refrains entêtants, morceaux fouillés et travaillés, aux dimensions power, hard rock et prog, tout est bon pour donner une folle envie de lâcher les cheveux et d'headbanguer sur la musique. Alors petit conseil aux suédois pour trouver une patte plus personnelle : innovez sans choquer, démarquez vous des sonorités Iron Maiden ou Queensrÿche palpables ça et là, et vous verrez que vous exploserez le compteur ! Mais ce Malison Rogue fait déjà de l'effet, alors, à quand le prochain ? Notez le bien dans vos agendas.

 


 

Note finale : 8/10

Myspace de Malison Rogue

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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