Gernotshagen – Weltenbrand

Gernotshagen embrase le monde...

par Ju de Melon

Mélancolie, mélancolie, quand tu nous tiens... Entre solitude et envie de partir au loin, lorsque l'appel de l'inconnu se fait le plus fort au moment où tout semble s'écrouler autour de nous, il ne reste plus qu'une chose à faire : mettre tout cela sous forme de texte ou de musique, afin de faire d'un tel sentiment un potentiel chef d'oeuvre artistique.

Lorsque celui-ci se pare de rage et d'une certaine brutalité, nous obtenons ce que nous pouvons décrire comme un metal à mi-chemin entre l'épique quasi symphonique et le pagan black tant apprécié par nos cousins nordiques et germaniques.

C'est vers ces derniers que nous nous tournons, vous présentant ainsi le groupe allemand Gernotshagen : 12 ans d'âge et 2 albums à son actif, avant ce 3ème opus intitulé Weltenbrand ("le monde embrasé", dans la langue de Goeth) et paru le 29 avril dernier chez Trollzorn.

Ce ne sont évidemment pas les premiers à s'essayer à ce style très prisé outre-Rhin, d'autres comme Menhir par exemple ont su retranscrire de telles sensations en musique. Ce groupe, probablement un monument du genre bien que trop peu salué à la hauteur de ce qu'il mérite, est très certainement l'une des principales influences de Gernotshagen. Notamment sur le plan du chant clair dit "lyrique" et "paré de mélancolie folk épique" où le dénommé Askan nous rappelle clairement le timbre assez évocateur de Heiko Gerull.

Cependant, s'arrêter sur cette comparaison constituerait une erreur monumentale, et attribuerait à Gernotshagen des galons de "groupe de seconde zone". Ce qui n'est pas, du moins plus, le cas ici. Et pourtant, jusque là, on ne peut pas dire que ce combo avait su se démarquer de la masse, chose qu'il devrait désormais pouvoir aisément faire avec un brûlot d'une qualité supérieure.

Les mots sont lâchés. De bout en bout, il se passe quelque chose d'intense et de profond sur cette galette. Long voyage sans fin aux contours oniriques prenants, tout semble ici lié dans un contexte assez dramatique de "solitude post trahison" et d'un potentiel "sentiment de vengeance dicté par les ancêtres". Le titre "Einsam" (que l'on peut traduire par "seul" ou "solitaire", quelle surprise !) résume à lui seul cette ligne directrice. Poussant ici le côté épique à l'extrême, rendant ce morceau parfaitement implacable et mystique.

Et dire que ce "Einsam" nous propose une sorte de frère jumeau tout aussi puissant, peut-être moins axé sur la gravité et plus sur le côté "hommage aux anciens". Le titre "Freyas Schloss" ("le château de Freiya", référence à une divinité de la mythologie germanique) explose littéralement aux oreilles de celui qui sait être charmé par le pagan épique. Le chant clair touche ici au sublime, bercé de riffs tout en toucher et de parties claviers/piano à donner des frissons sur un final hyper transcendant.

Arch, c'est qu'avec tout çaon en oublierait presque que ce groupe est avant tout typé "black metal" avec tout ça... Quoi que le chant extrême (du seul et même chanteur s'il vous plait) sait varier entre voix éraillée propre au genre et gros death caverneux. Un peu à la manière d'un Robse Dahn (ou son prédécesseur Helge Stang, officiant désormais chez Arafel), vocaliste d'Equilibrium... un groupe teuton, voisin donc, dont les inspirations extrêmes sont quelques peu reprises sans pour autant être singées. L'effort ici est plus que convaincant, même si certains puristes pourraient évoquer quelques aspects brouillons et répétitifs heureusement parfaitement compensés par l'ambiance générale.

Car ici, ce qui fait la différence, ce sont avant tout les parties claviers. Tantôt atmosphériques, tantôt symphoniques, celles-ci s'alternent avec harmonie et confèrent au tout une sensation irréelle de féérie malgré le contexte. Un morceau comme "Thursenhain" titille ainsi le Nightwish par moments, avec une intro plus ambiante que nos chers amis d'Angellore (groupe français de doom metal gothique) n'auraient point renié. Une vraie réussite. Pour le reste, on se retrouve parfois baigné dans des influences à la Stormblåst de Dimmu Borgir (la référence en black atmo), comparaison peut-être alambiquée mais non moins flatteuse.

Rien n'est donc laissé au hasard le long de ces 58 minutes de musique propices au vagabondage bucolique. Les quelques cavalcades "speed black" sont de ce fait parfaitement intégrées, même si l'on peut (peut-être) regretter le côté plutôt monotones de celles-ci. Un titre comme "Blinde Wut" offrant tout de même de belles garanties de headbang et de folie en live, sans oublier le terriblement efficace "Schlachtenbruder".

Gernotshagen

Voici un effort qui devrait propulser Gernotshagen vers les plus hauts cimes du style, si tant est que ceux-ci leur soient favorables. Avec un tel résultat, on ne peut que se laisser aller et se lancer dans une contemplation musicale méditative... à placer pas bien loin des Empyrium ou autres groupes/brûlots neo-folk au charme similaire (Nebelung, Tristheim de Hel, etc...), le côté plus "cru" et "ultra épique" en plus.

Note : 9/10

Gernotshagen sur La Grosse Radio

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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