Wild Raccoon – Mount Break

"Le disque idéal pour boucler une après-midi caniculaire entre potes autour d’une mousse bien fraîche"

Plus ça va et plus Howlin Banana Records (Volage, Kaviar SpecialMadcaps…) tend à devenir une référence pour le garage français. Et pour cause, cristallisant une certaine idée de cette pop facilement identifiable (guitare fuzzy, reverb, voix façon Ray Davies, rythmiques aléatoirement énervées), le label est capable de continuer à sortir des types comme Wild Raccoon. Un one-man band comme il s’en fait de plus en plus ces derniers temps, et qui, avec Mount Break, s’égare dans les embruns salés d’un garage pop nourri au surf rock.

On pense immanquablement à Ty Segall, à King Khan & The BBQ Show et bien sûr à Thee Oh Sees pour le côté barré. Après avoir discrètement repris les mythiques « J’aime regarder les filles » et « Fais-Moi Jouir » de Patrick Coutin, le Lillois à la mèche blonde s’est décidé à sortir du bois (ou des dunes, plutôt) pour se pointer avec un premier album léché. Une sorte de réponse au Magnetix de Born Bad Records, la moiteur en moins. Une personnification de « Je Suis Une Bande De Jeunes » la chanson loubard de Renaud, l'odeur de la wax en plus.

garage pop, surf rock, thee of sees, ty segal, fuzz,

Le disque idéal pour boucler une après-midi caniculaire entre potes autour d’une mousse bien fraîche. Jouasse au possible avec son entame pop « Next Summer » tout en nonchalance, Mount Break décline une dizaine de titres iodés aux saturations sauvages. Nonchalance patente d'un bout à l'autre du LP, magnifiée sur l'aérien « True Love Will Find You In The End » et qui montre que plutôt qu’une démonstration de force pure et dure, Wild Raccoon préfère la répartition des forces.

Ca déglingue sec sur des titres comme  « To Build A Fire » et sa guitare poisseuse ou le « Weapon Of Love » quand on se retrouve prisonnier d’un interminable trip sur « Fries n chocolate ». Ce digne fils du Nord-Pas-de-Calais y surfe onze minutes durant sur une fine crête entre psychobilly et instants psyché. Tout aussi tripé, l’autobiographique « Wild Animal Rising » avec quelques arrangements et deux-trois break fiévreux, nous tient par les… en haleine disons. 
Sans l’aide de personne, le raton-laveur lillois se plait à nous faire guincher du genou  sur des « Fuck Fuck The Bankers », des « Rain Drops » et son final au sitar. Improbable. Une improbabilité qui a le mérite de nous surprendre avec un timing parfait contrebalancant une redondance dans les rythmes (entièrement due au format de Wild Raccoon, on va pas se le cacher).

garage pop, surf rock, thee of sees, ty segal, fuzz,

Nul doute que c’est au fil de ses lives qu’il a peaufiné ses éructations façon Lux Interior et son approche ascétique du genre, gagnant son autonomie musicale en foutant, seul, ses tripes à l’air derrière son micro, sa guitare et sa batterie. Même si la technologie fait des merveilles désormais, ça n’en reste pas moins une prouesse en soi qu’il faut noter et apprécier pour ce qu’elle nous offre : l’essentielle authenticité du premier album, gage de réussite généralement. Wild Raccoon n’a pas dérogé à la règle. 

Rafael Panza

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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