Monsieur Kravitz pour finir et un Cali flamboyant en apéritif
Finies les retrouvailles avec le site, aujourd’hui tout le monde est à fond. Enfin presque, certains portent encore les stigmates d’une dure soirée la veille. Normal, les Skip The Use ont terriblement bien fait le boulot pour laisser les festivaliers sur les rotules. Mais pas le temps de s’apitoyer, les hostilités commencent déjà sur la petite scène.
On y sera attiré tout d’abord par la plastique de la dénommée Emma Beatson, chanteuse puisant dans le registre soul façon Aretha Franklin dont elle a l’habitude de reprendre certains titres comme "Chain Of Fools". Tout au long du set, la belle s’efforcera de nous démontrer que le physique n’est pas son seul atout… Une belle découverte donc…
On se laissera volontiers embarquer pour un petit déj’ avec les Breakfast Monkey qui délivrent un rock gonflé et pour le coup pas du tout gonflant. Allez les mecs, on en redemande des groupes comme vous. La relève rock est assurée. Faut pousser vers la sortie le troisième âge, hein Mr Santana ? Stoppons là la plaisanterie, c’est aussi très bon de voir des légendes se produire encore sur scène et surtout sur la grande scène d’Argelès. Ne crachons pas dans la soupe. Mais il est vrai que l’éclectisme du festival et surtout cette troisième scène qui depuis deux ans permet de mettre en valeur de jeunes talents apporte un plus et une fraicheur indéniable au festival.
Allez, il est temps de migrer vers la cour des grands pour laisser la place à Biga Ranx… Reggae, une touche de rap… Pas le style de la maison… C'est donc le moment, heure d’apéro oblige, de se diriger vers l’espace VIP toujours de qualité où l’on peut déguster les bières artisanales de Bouleternère, charmante petite bourgade des Pyrénées-Orientales. Une blanche pour la soif, une blonde pour le goût, une troisième pour se donner du courage et voila qu’Asa balance déjà une soul de fort bonne facture qui fait patienter les festivaliers venus acclamer le régional de l’étape, Monsieur Bruno Caliciuri dit Cali pour tout ses «amis » catalans. Cali joue à la maison. Il est comme chaque année heureux d’être là, dans ce festival qu’il parraine. Il prend le temps de rencontrer les gens de discuter du pays qui lui est cher, du rugby... Il en profite même pour poser avec le nouveau T-Shirt de La Rafale, célèbre club corpo de Pezilla...
Pourtant, il est en tournée actuellement et vient de se taper 16 heures de bus pour rentrer de Belgique. L’heure de scène qui lui est offerte sera un moment de communion intense avec le public. Bruno est un showman. On aime ou on n’aime pas ses chansons, chacun peut garder son opinion mais il est indiscutable que le mec est une bête de scène. Il n’a pas son pareil pour capter une audience qui, il est vrai, était déjà quasiment conquise avant le début du set. Mais "La Vie Quoi" en ouverture où le monsieur se paye un premier bain de foule porté par les festivaliers est vraiment un moment de grande intensité et de partage. On rajoute au set quelques séquences inhabituelles où Cali fait monter les photographes sur scène.
On vous le dit, Bruno aime tout le monde… C’est peut-être ce que lui reproche certains aigris qui voudraient voir en lui un peu plus de noirceur tant parfois ses textes peuvent être remplis de tristesse. Mais là, sur scène, c’est de la pure énergie positive qui se dégage. A tous les instants. Certains sont pleins d’émotions comme lorsque sa fille vient l’accompagner sur scène, d’autres sont plus proches de la jouissance brute comme ce final en apothéose avec "Mille Cœurs Debout"…
Merci Bruno !!! Oui, je l’appelle Bruno, c’est mon pote comme celui des 11 000 autres festivaliers. Cali, c’est l’ami de tout le monde !!!! Ce n'est pas Rémi Gaillard venu faire une apparition sur scène qui me contredira... Encore une très belle prestation de Cali aux Déferlantes… J’ai envie de dire comme d’habitude…
Pas facile pour Christine et ses Queens qui arrivent derrière l’emblématique chanteur catalan. Elle aussi tutoie tout le monde mais son message reste rempli à mes yeux en tout cas d’une certaines froideur et je n’arriverai pas à faire disparaitre ce sentiment tout au long du set… Christine qui depuis qu'elle nous a expliqué qu’elle ne s’appelait pas vraiment Christine ne m’a pas captivé. Portant elle semble avoir fait le boulot aux yeux des festivaliers. Définitivement pas ma came…
Voici le temps de Lilly Wood And The Prick. Une fille, plusieurs mecs… Qui est le prick ??? On ne sait pas trop… En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’ils n’ont pas le meilleur horaire pour jouer. Le public séduit par les victoires de la reine Christine (pas moi) ou par la fougue de Cali (moi) sent qu’il est grand temps d’aller dépenser les jetons du festival pour se restaurer avant le big show attendu de Monsieur Lenny Kravitz, à mon avis plus grosse tête d’affiche des quatre jours de festival. En tout cas, Nili la chanteuse est bien mignonette et tente de faire le job mais il est difficile pour elle de capter l’attention d’un public affamé et attendant monsieur Lenny depuis plus de huit heures maintenant.
Et vers minuit et quart… Le voilà enfin… Si vous vouliez du bon rock minimaliste et brut façon "Are You Gonna Go My Way" du début, passez votre chemin. Ce soir comme pour toute la tournée Strut, c’est presque un orchestre symphonique qui accompagne le monsieur. Bon OK, j’exagère, mais depuis je suis retourné m’hydrater avec quelques pintes supplémentaires donc il me vient une légère tendance à l’emphase… Lenny arrive donc avec pas moins de 10 musiciens, 3 choristes, un clavier, 2 saxophones, une trompette, un gratteux supplémentaire, Gail Ann Dorsey, bassiste légendaire qui a officié longtemps avec David Bowie et une batteuse de feu qui l’accompagne depuis plusieurs années, de retour après un break solo, la merveilleuse Cindy Blackman.
Et tout ce petit monde sur scène, ça fait du bruit. Les classiques sont passés à la moulinette. Kravitz soi-disant malade fait parfaitement le boulot. Un véritable show à l’américaine, rodé, parfaitement huilé… Un peu trop diront certains. Il est vrai qu’avec toutes ces pointures sur la scène, chacun y va de son petit solo et les morceaux perdent peut-être un peu en spontanéité. Personnellement, il me semblait avoir vu Lenny Kravitz plus attiré par le jeu de guitare dans les tournée précédentes.
Cette année, il délègue beaucoup pour se concentrer sur le chant et le show. Des titres donc très souvent allongés qui ont manqué un peu de dynamisme. Mais le show est quand même resté d’une très grande intensité et les classiques du monsieur sont fulgurants. "It Ain’t Over Till It’s Over" groove à fond. "Mama Said" réarrangé en une version de plus d'un quart d'heure en milieu de set a fait le boulot. Un "Let Love Rule" dantesque a clôturé le set principal avant que le bonhomme revienne nous assener deux titres en rappel pour finir, Gibson Flying V à la main, sur le riff de "Are You Gonna My Way" que tous les festivaliers restés en masse attendaient ! La classe monsieur Kravitz. Vous avez livré une belle bataille !!!
Maintenant, il ne manque plus qu’à se rapprocher des navettes pour regagner tant bien que mal son véhicule et ses pénates. Une mission qui durera deux heures pour certains tant la foule était dense… Pas grave, on a des beaux souvenirs plein la tête et on reviendra demain…
Textes : Eric Jorda
Photos : Eric Jorda et Patrick Quinta