"Créer une âme à ce festival est un point essentiel"
Le Fall of Summer arrive à grands pas et, à quelques jours début de la deuxième édition de l'événement, Jessica Rozanes, à la tête du projet, s'est à nouveau prêtée au jeu de l'interview et a défendu son affiche, tout en expliquant les changements qui auraient lieu et mis en valeur l'identité forte du festival.
Comment te sens-tu à quelques jours du festival ?
Comme toute personne organisant un événement, c'est beaucoup de stress qu'on essaie de transformer en énergie positive. Il y a aussi beaucoup d'inquiétudes, à savoir si tout se passera comme prévu. Mais cela me semble normal, si on ne s'inquiète pas, c'est peut-être sur cela qu'il faut vraiment s'inquiéter ! [rires]
A quel point es-tu satisfaite de ton affiche ?
J'en suis très satisfaite. Je suis malheureusement déçue du split d'Anteus, qui a eu lieu juste avant leur show juste avant le Metal Magic au Danemark. Dans notre malheur, on a eu la chance que cela soit fait avant notre dernière annonce, on a donc pu très vite rebondir et ne pas devoir annoncer une annulation pour trouver un remplacement ensuite. Tout s'est fait naturellement et ça nous a permis de remanier notre affiche. Certains se sont aussi doutés qu'on on allait faire jouer Metallucifer, pensant qu'on était taquin. Mais, en vérité, personne n'était vraiment sûr, ni même eux, mais ils ont été séduits par l'idée de jouer en France pour la première fois et nous sommes très contents de les avoir sur notre affiche. Concernant Mayhem, des rumeurs circulaient depuis le début, à raison ! Du coup, ceux qui les attendaient pour la première annonce les ont eu à la dernière. Après, certains préfèrent l'affiche de l'année dernière, d'autres celle de cette année, mais ce qui compte, c'est que tout le monde s'accorde à dire que l'affiche est cohérente.
Effectivement, cette affiche a la même orientation musicale que l'année dernière, ce qui fait que le Fall of Summer a réussi à construire son identité musicale dès la première édition, ce qui n'est pas forcément le cas de tous les festivals. Qu'en dis-tu ?
Ca ne s'est pas décidé en deux secondes, ça s'est surtout présenté l'année dernière comme une évidence avec des têtes d'affiche comme Sodom et Venom. Ca me plait d'avoir une affiche spécialisée, j'aime bien faire les choses bien et je pense qu'on y arrive mieux avec une affiche qui nous plait, sans qu'elle soit restreinte pour autant. Il y a de la cohérence partout, même un ovni comme Ihsahn reste dans le ton, non seulement grâce au passé de l'artiste, mais aussi dans le fait qu'il joue après Coroner, un groupe très technique. On retrouve donc une vraie parenté musicale plutôt qu'une histoire sur le black metal norvégien. On peut d'ailleurs voir avec des groupes comme Abbath, Ihsahn, Mayhem et Tsjuder des groupes qui ont évolué de manière totalement différente : Mayhem a une image un peu brouillonne attachante malgré tout, Abbath garde son sens du spectacle, Ihsahn a un côté sérieux et Tsjuder est resté égal à lui-même depuis ses débuts. On a aussi de la cohérence avec Angel Witch, Satan et Metallucifer. Mais il y a aussi des passerelles entre Angel Witch et Mayhem. Du coup, tout est connecté entre les groupes, comme une sorte de toile d'araignée. Je peux comprendre que certains festivals fassent le choix d'être plus éclectiques, peut-être pour attirer plus de monde, mais je préfère cette cohérence. D'ailleurs, des gens qui viennent de loin, pour y assister sont sûrement attirés par cet aspect.
Du coup, quelle est la proportion de festivaliers étrangers qui viennent au Fall of Summer ?
L'année dernière, il y avait déjà une bonne partie d'étrangers, dont un Israélien qui nous a recontacté pour nous dire qu'il venait en France exprès pour ça. L'année dernière, sur les ventes de tickets collectors, on était à 25 % d'étrangers, contre 35 cette année. On retrouve quasiment tous les pays européens. Le but n'est pas de devenir un festival pour étrangers, mais de la même manière que je mélange les genres de metal, comme le black et le heavy, j'aime bien que les gens se mélange, plutôt que les festivaliers se retrouvent juste entre français ou entre parisiens. On a même un metalleux qui vient exprès du Mexique pour le festival.
Que penses-tu de l'engouement qu'ont les festivaliers pour le Fall of Summer par rapport à l'année dernière ?
L'engouement est différent du fait que les festivaliers sont soit déjà venus, soit ont entendu parler de la première édition. Il n'y a pas les mêmes attentes, ce qui fait que c'est peut-être plus stressant que l'année dernière, vu que les gens ne s'attendaient à rien et qu'ils ont été très satisfaits. Le but reste de faire toujours mieux et peut-être que certains trouveront des choses à redire par rapport à l'année dernière. L'ambiance restera celle d'un festival dans lequel on se laisse plus porter par la musique que par les à côtés, les gens pourront se défouler sur la musique et faire la fête avec des afters, qui arrivent cette année avec Louise, rédactrice en chef d'Iron Fist, et Minus. On n'oublie pas que les gens sont aussi là pour passer un bon week-end.
Quels changements sont prévus par rapport aux éditions précédentes ?
Le gros changement attendu reste le camping, qui sera vraiment plus grand. On espère que ça fonctionnera bien, avec un terrain bien surveillé, avec des sacs poubelle qui seront distribués à tout le monde. On aimerait que les gens jouent le jeu et ne laissent pas les bénévoles tout ramasser. La scène Sanctuary sera tournée, ce qui fait qu'en entrant dans le festival, on sera derrière. Cela satisfera les gens présents dans le market, qui pourront regarder les concerts de loin ! [rires] Elle fera aussi la même taille que la Blackwaters, je n'aime pas du tout cette idée d'avoir une grande et une petite scène. On aura encore des jetons, différents pour la nourriture et les boissons. Les gens n'aiment pas forcément ça, mais c'est pareil pour les autres festivals, en France, du moins, et c'est important pour nous de savoir quelles sont les recettes dans les deux, la TVA n'est pas la même et ça nous permet d'avoir des comptes plus précis.
L'année dernière, certains groupes, comme Venom ou Artillery, ont exprimé un certain engouement à l'idée de participer au Fall of Summer. Comment as-tu perçu la motivation des groupes cette année ?
On a des groupes comme Hemorrage qui sont vraiment contents de jouer, certains, comme Endstille, sont venus me chercher. Mes petits Japonais de Sabbat étaient tellement contents qu'ils se sont annoncés avant qu'on ne le fasse ! Voir une telle motivation fait toujours plaisir. Necrobutcher, le bassiste de Mayhem, m'avait d'ailleurs dit au Hellfest, avant qu'on ne les annonce, qu'ils avaient pris le même avion que Venom et que Cronos avait dit beaucoup de bien du Fall of Summer. Donc on espère pouvoir transformer l'essai et bien accueillir les groupes qu'on fait jouer. Le fait d'avoir une affiche cohérente donne de la motivation pour ça, notamment du côté des bénévoles. Créer une âme à ce festival est un point essentiel depuis le tout début. Notre travail est reconnu, même par certains organisateurs de festivals étrangers, notamment ceux de l'Eistnaflug (Islande), qui étaient très contents de l'affiche. Du coup, il y a toujours plus de pression pour faire mieux.
Est-ce que ça apporte de positif, ou de négatif, de se retrouver en fin de saison ?
C'est un positionnement intéressant, on peut attraper les gens qui ont la nostalgie des festivals qu'ils viennent de passer, comme le Summer Breeze, et qui peuvent remettre le couvert en fin de saison avant de ranger leur tente avant l'année suivante. De toute façon, on ne peut pas changer le créneau, étant que la période a donné son nom au festival, si on l'appelle "Rise of Summer", on loupe une partie du jeu de mots.
Comment on trouve sa place parmi les festivals français, qui sont de plus en plus nombreux.
Ce positionnement nous a aussi permis de trouver notre place, ainsi que l'affiche particulière. Le fait d'avoir un graphisme comme il est va aussi dans ce sens, tout comme notre façon de communiquer. Savoir où on va et à quel public on s'adresse fait notre force. Cela nous a permis d'afficher une identité forte dès le début et d'avoir 2000 festivaliers par jour, ce qui est satisfaisant pour une première édition. Donc en France, nous nous situons plutôt bien et même en Europe, avec des festivaliers qui nous aident et qui placardent des affiches en Allemagne ou en Slovénie.
Comment comptes-tu faire pérenniser le festival ?
Il y a des erreurs qui ont été faites l'année dernière, il faudrait arriver à rééquilibrer les comptes du festival cette année. Si on n'y arrive pas, on se réunira pour trouver une solution. Malheureusement, le facteur principal reste le facteur économique. Même si on fait en sorte de proposer un prix abordable tout en faisant jouer des groupes qui viennent de loin, il y a toujours une solution pour trouver un équilibre. Nous n'avons pas de recette magique pour l'instant, nous y travaillons encore.