Il y a déjà 18 ans, Erik Rutan quittait Morbid Angel pour fonder son propre projet, Hate Eternal. Près de deux décennies plus tard, c’est avec un line up encore renouvelé que le guitariste/chanteur s’apprête à livrer son septième opus studio, Infernus. C’est en effet accompagné de JJ Hrubovcak à la basse et de Chason Westmoreland à la batterie que Rutan nous propose une fois de plus son death metal brutal agressif et direct.
Cette chronique ne peut se faire sans évoquer l’artwork dans la droite lignée des albums d’Hate Eternal (Conquering the Throne en tête), qui s’éloigne des canons du genre, fait assez rare pour être souligné. Avec une imagerie évoquant les peintures apocalyptiques italiennes de la renaissance, le ton est donné quant au contenu de l’œuvre.
Dès la première piste, « Locust Swarm », l’auditeur se retrouve face à un rouleau compresseur, preuve que tant d’année n’ont toujours pas assagi le leader de la formation. Hate Eternal reste fidèle à sa vision du death metal, à savoir un death brutal misant sur la violence et l’efficacité plus que sur une technique outrancière. « La Tempestad » en est d’ailleurs un bon exemple, puisque l’introduction permet de montrer que le nouveau venu derrière les fûts maîtrise le blast à merveille dans un déferlement de violence. Ce titre est peut être le plus violent de la galette, mais il permet de saisir l’esprit Hate Eternal de façon immédiate.
Côté chant, Erik Rutan est toujours aussi hargneux et enragé, avec une voix qui rappelle son ancien compère David Vincent (désormais ex-Morbid Angel) dans ses meilleures heures. Le gaillard étant également producteur (au CV long comme le bras, de Nile à Cannibal Corpse, en passant par Morbid Angel et Madball), c’est tout naturellement que la guitare et la voix se retrouvent en avant dans le mix, au détriment de la basse de JJ Hrubovcak.
Amis de la subtilité, passez votre chemin, il n’y en aura pas tout au long des dix pistes de l’album (si ce n’est peut être le morceau titre, « Infernus », et ses ambiances à la Nile et Morbid Angel en mid-tempo). La plupart des titres évoquent une musicale viscérale et rapide, teinté d’un esprit old school qui s’exprime moins dans la grosse production que dans l’approche de la composition.
Avec cet album brutal et sans concession, Hate Eternal fait ce qu’il sait faire de mieux, quitte à s’enfermer néanmoins dans une certaine redondance par rapport à sa discographie. Si l’efficacité est là, la répétition des riffs risque d’enfermer l’auditeur dans une sensation de déjà-vu au bout de plusieurs écoutes. Néanmoins, cet opus remplit bien son rôle, celui de défouloir et de catharsis de la violence de son auteur, tant et si bien que son efficacité lui prévaut déjà un bel accueil en concert.
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