Plaguewielder – Chamber of Death

Même en cherchant bien, vous ne trouverez qu’un seul groupe de doom actif au Luxembourg : Plaguewielder. La scène underground de ce petit pays a beau être florissante, le combo y fait figure d’OVNI à tous les niveaux. Ce n’est d’ailleurs pas sa musique qui nous fera dire le contraire tant ce premier album Chamber of Death ne se cantonne pas au doom metal atmosphérique promis par la biographie. Bien loin de se ranger sagement dans une case, les Luxembourgeois font tout ce qu’ils peuvent pour se démarquer et expérimentent à tout va, avec un talent certain.

Plaguewielder aime brouiller les pistes. Loin de nous offrir un album monolithique (défaut qu’on retrouve bien trop souvent dans le doom) chacun des cinq titres présents possède sa propre personnalité et explore une facette différente de la musique du combo. Un choix qui pourrait mettre en péril la cohérence de l’ensemble, mais qui s’avère payant grâce au talent de composition du quatuor.  L’auditeur a beau être baladé dans tous les sens, entre post-rock, prog ou sludge, il n’est jamais totalement largué et c’est là toute la force des Luxembourgeois.

Plaguewielder, 2015, doom, luxembourg

Dès l’introduction « Existence Is Our Exile », un scream de Nicholas O'Connell vient nous retourner les tripes, avant que le reste du groupe n’embraye sur une introduction lourde, dans la pure tradition du doom. Mais très vite, le ton va changer grâce notamment aux très bonnes mélodies de guitare de Christophe Trausch permettant au titre de basculer vers une ambiance mélancolique et épique, aux frontières du black metal. Une influence black qui plane sur l’ensemble de l’album grâce à deux ingrédients principaux : le chant de Nicholas, toujours screamé et les claviers de Maxime qui apportent cette touche tantôt épique, tantôt atmosphérique à la musique de Plaguewielder. De manière générale, on a donc affaire à un groupe plus proche de Wolves In The Throne Room que d’Ahab ou Evoken. C’est la basse de Nicholas qui ramène le plus souvent les titres vers leur nature doom à coup d’interventions bien senties sur « Existence Is Our Exile » ou « Father Suicide ».

Cependant, comme on l’a déjà répété, les Luxembourgeois jouent avec les codes de tous les genres, pour mieux parvenir à s’en échapper. Ainsi, « Drowned » et son riff principal hypnotique a toute les caractéristiques d’un excellent classique de funeral doom, tandis que « Father Suicide » surprend par ses sonorités post-rock très réussies qui en font la chanson la plus accessible de l’opus, un single tout trouvé. « Casket Of Dying Flesh » nous plonge quant à elle dans une ambiance improbable, avec son clavier psychédélique assez kitsch évoquant autant les Doors que les grandes musiques de cirque. Un clavier au rôle primordial dans l’atmosphère de l’album, donnant son originalité au doom joué par Plaguewielder et tenant parfois le rôle d’instrument principal comme dans la conclusion « The Funeral March ». Un titre lent et lourd révélateur d’une autre facette de la musique du combo, plus hermétique.

Inévitablement avec un album aussi expérimental, certains passages déçoivent ou sont simplement en-dessous du reste. Même si l’atmosphère globale est réussie, le groupe n’évite pas quelques longueurs qui sautent parfois aux yeux à l’image de la deuxième partie de « Drowned ». On sent aussi que la production est faite avec les moyens du bord, pour un résultat qui sans être honteux nuit clairement à l’immersion, surtout par rapport à la batterie de Luis Muñoz. Des défauts qu’on imposera au manque d’expérience, mais qui viennent rappeler que réussir un album maitrisé est loin d’être simple, surtout lorsque les expérimentations sont aussi nombreuses.

Pour son premier album studio, Plaguewielder dévoile donc un style prometteur, ambitieux melting pot de ses influences entre doom, black, prog et post-rock. Le son des Luxembourgeois est difficile à décrire, mais nul doute qu’il marquera les esprits de ceux qui tenteront l’expérience, malgré quelques défauts liés à l’inexpérience. On est face à un groupe extrêmement prometteur qui, s’il arrive à canaliser ses influences pourra sans nul doute se créer une personnalité unique dans le microcosme du doom metal. Peut-être l’embryon de quelque chose de grand.

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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