Si ghUSa existe depuis désormais 25 ans, cette formation française de death metal inspirée par la scène suédoise, est restée jusqu’alors confinée au seul cercle des initiés. Mais voilà qu’aujourd’hui le tort est réparé, puisque la sortie de ce coffret, intitulé 25 Years of Death Metal, a le potentiel pour réhabiliter la formation nordiste auprès des amoureux du genre. Sur la forme, cette rétrospective oscille entre le passé et le présent du combo. Le premier CD est en effet constitué du nouvel EP, Come Sweet Death, reprenant trois covers d’artistes (Entombed, Grave et Dismember) dont ghUSa revendique l’influence, ainsi que de deux compositions originales. Le second volet de cette rétrospective concerne la réédition d’ancien matériel, notamment une grande partie de l’album sorti en 2006, Letter to my Son’s, ainsi que des premières promos tapes du groupe.
Le premier CD, Come Sweet Death s’ouvre sur « Casket Garden » de Dismember, qui affiche d’entrée la couleur. L’auditeur a clairement affaire à du death typique de la scène suédoise des années 90, chose surprenante pour un combo français. Le sens du détail est poussé jusque dans le son, qui fleure bon la pédale de distortion BOSS HM2, utilisée par bon nombre de musiciens de cette scène et qui caractérise l’école suédoise. Mais outre les reprises, fidèles aux originaux et véritables défouloires, deux titres de ghUSa retiennent notre attention sur ce nouvel EP.« No God for the Living » et le tubesque « Genocide » (et ses « God Hates us All » scandés qui feraient plaisir à Kerry King) permettent à ghUSa de montrer qu’il n’est pas qu’un cover band. D'ailleurs ces deux titres s'insèrent à merveille entre les covers, comme si ces derniers était également des classiques du death metal suédois.
Le chant de L. Chuck D. (ex- No Return) est possédé, altérant entre growl carverneux et hurlements déchirants, et les musiciens ne sont pas en reste, proposant des riffs acérés au son gras et lourd. Le combo nordiste a saisi que l’efficacité prime et propose sur ces deux nouveaux titres un son très organique, dans la plus droite lignée des meilleurs opus de Grave ou Entombed.
Les guitares de Fred Patalas et Vincent Bigaillon (W.I.L.D) dominent les compositions, même si au sein du spectre sonore, cela se fait au détriment de la basse de Heimdall.
Après la déferlante de ce premier CD, l’écoute du second volume du coffret continue dans la même direction. Letter to my Son’s est un concentré de swedish death metal avec de nombreux titres accrocheurs ("I’m Not the Only One", "Letter to my Son’s", "The Wind"), preuve que depuis 2006, ghUSa n’a pas renié sa direction artistique. Tel un Bloodbath français, les musiciens rendent un hommage respectueux à leurs ainés à travers des titres courts, efficaces et qui devraient faire un carnage en live. Mais les racines françaises et la personnalité du combo n’est pas délaissée, bien au contraire. La preuve réside par exemple dans cette introduction acoustique sur un texte parlé dans la langue de Molière qui ouvre « Ponctual Choice ».
L’aspect anniversaire de ce coffret est renforcé par la présence de deux titres issus de l’EP de 2002, The Nail, ainsi que les trois titres de la cassette promo de 1994, Mortal Remains. Cette dernière garde son authenticité et son côté brut puisque le mix n’a pas été modifié, seul un remaster ayant été effectué par le groupe. La reverb sur les vocaux ainsi que la production d’origine pourront rebuter certains adeptes des sons actuels, mais ce témoignage du passé montre clairement l’évolution du groupe.
Ce coffret se veut donc une belle plongée dans l’histoire de ghUSa, un combo qui en dépit de ses influences ouvertement revendiquées saura contenter les amateurs du death suédois de la scène de Stockholm, tout comme les néophytes sachant apprécier l’efficacité et la brutalité à l’état pur. Les détracteurs du combo reprocheront une trop grande similitude avec les influences sus-citées. Mais tant que la musique est produite avec sincérité et talent, que peut-on souhaiter de plus ? Ce 25 Years of Death Metal constitue une belle façon de célébrer l’anniversaire du combo que l’on ne peut que souhaiter voir sur scène prochainement.
Note : 7,5/10
Photographies promotionnelles : DR