Après des années au service de divers groupes en tant que tête pensante ou simple musicien (citons pêle-mêle Dimmu Borgir, Borknagar, Arcturus ou Lamented Souls), Simen Hestnæs alias ICS Vortex décide de franchir le pas et ainsi proposer son premier album solo. Il n'est donc pas étonnant que l'ami norvégien sorte cet opus sous son pseudonyme désormais célèbre, l'intitulant Storm Seeker et le proposant à la vente via Century Media le 22 août prochain.
Pour autant, même s'il a tout écrit seul et ce sur une période assez longue couvrant plusieurs années, ICS Vortex ne s'est pas débrouillé en solitaire pour mettre cet opus en boîte (bien qu'il en ait enregistré lui-même les majeures parties). Nous retrouvons par exemple à ses côtés son ancien compagnon dans Dimmu Borgir, le guitariste Terje "Cyrus" Andersen, ainsi que l'ancien de Borknagar, Asgeir Mickelson, derrière les fûts.
Le géant norvégien (il mesure plus de 2 mètres) a pris son temps et nous propose ici un album à la fois décousu, étrange, radicalement pagan mais diablement efficace au-delà d'une certaine complexité. Les influences de toute une vie viennent ici s'afficher et se marier en harmonie, du folk scandinave au rock progressif des années 70 sans oublier de larges emprunts à un électro très primaire.
De vieux morceaux laissés de côté jusque là se voient ici donnés une nouvelle jeunesse et une chance de figurer sur le tableau d'honneur. Le titre "Skoal!", écrit lorsque Vortex n'était âgé que de 18 ans, représente ainsi la volonté du musicien de ne pas s'éloigner de ses racines. La mythologie nordique l'inspirant de manière ouverte, il n'est pas étonnant de retrouver un morceau intitulé "Odin's Tree" même si les tonalités "dark prog" associées au pagan folk ne sont pas sans rappeler ce qu'un groupe comme Týr a pu nous proposer récemment.
Un autre nom du metal nordique nous revient inlassablement en tête à l'écoute de cet opus : Solefald. Ce duo norvégien qui a su nous emballer l'an passé avec un opus de haute qualité... Ici, une même folie se dégage parfois, même si elle ne tutoie pas les mêmes sphères et sait se contenir d'elle-même. Ce Storm Seeker s'apparante ainsi volontier à un véritable album "progressif" dans le sens large et noble du terme. Vortex ne s'impose que peu de limites et sait nous surprendre même si nous reconnaissons sa patte vocale plutôt interchangeable de morceau en morceau. Le côté "accrocheur" pur se fait rare, même si "Skoal!" déjà nommée et un titre comme "Winward" possèdent un sens assez direct de la composition, ce dernier se laissant aller à une touche stoner réhaussée d'un côté passéiste cher à la récente formation Ghost pour ne citer qu'elle. La plupart du temps, nous sommes donc transportés vers un passé certain, vers la jeunesse de l'ami Vortex, l'évasion s'opérant avec malice et volupté comme sur ce "Storm Seeker" éponyme et véritable hymne au voyage dans le temps.
Ainsi l'ancien bassiste de Dimmu Borgir nous propose la musique qu'il aime, tout simplement, sans avoir peur de créer quelques petites incohérences ici ou là. C'est bien là le seul reproche que l'on puisse faire à cet opus travaillé de façon méticuleuse mais où l'enchaînement des chansons se fait parfois non sans un certain questionnement. Car si vous pensiez avoir tout entendu en prenant connaissance du titre d'ouverture/single "The Blackmobile" (très "in your face") proposé en écoute sur Youtube, vous risquez d'être très surpris... un peu comme sur cette outro, instrumentale à part entière intitulée "The Sub Mariner", totalement construite à base de synthés old school et rendant hommage à un des pionniers de l'électro Tangerine Dream.
Avec ce premier album, Vortex nous cherche et nous trouve. Créera-t-il un orage de perplexité dans la tête de ses plus fidèles fans ? Nous pouvons en douter, tant ce CD ressemble à son compositeur. Peut-être parfois un peu trop, qui sait, mais si on adhère au personnage on ne pourra que largement apprécier ce premier exercice solitaire.
Note : 7.5/10