Temple of Baal – Mysterium

 « La destruction de Palmyre constitue un crime intolérable contre la civilisation mais n’effacera jamais 4 500 ans d’histoire… »

C’est ce qu’affirmait Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco juste après que les djihadistes de l'Etat islamique aient détruit le Temple de Baal cet été, considéré comme l'un des joyaux de la cité antique de Palmyre en Syrie, aux mains de Daech depuis des mois.

Chez nous les musiciens sont toujours en place et sont loin d’être abattus…

Temple of Baal


L’enregistrement a eu lieu aux Hybreed Studios avec Andrew Guillotin (Glorior Belli, Mourning Dawn) avec lequel ils ont l’habitude de travailler depuis plusieurs albums. La pochette ainsi que les autres visuels sont de David Fitt (Aosoth, Secrets of the Moon, Svart Crown) et de Maria Yakhnenko.

Après 15 ans de carrière marquée par quatre albums passant d’un black metal primaire et puissant sans concession, Temple of Baal nous sort l’album de la maturité. Mysterium est le cinquième album et marque un tournant plus black / death avec des titres plus longs et épiques où les atmosphères ainsi que les textes jouent sur la spiritualité et la religion, thématique abordée tout au long de l’album.

Temple of Baal


Il y a des groupes qui soignent les intros et Temple of Baal en fait parti. Ils savent prendre leur temps pour placer chaque instrument afin de créer les bases d’un titre jusqu’au riff entêtant qui vous tiendra en haleine jusqu’à la fin comme avec « Lord of Knowledge and Death ».

Ils ont véritablement passé un cap. La voix est terrifiante, angoissante clamant son mysticisme. Le tout donne une consistance des plus belles porté par une « mise en scène » digne de Behemoth ou de Watain, jouant sur nos sentiments aliants passages ultra rapides et plages calmes dotées d’une beauté malsaine.

Les guitares crient dans un coin, la batterie blaste et au milieu Amduscias s’époumone dans une dévotion au malin. Morceau plein, pas l’once d’un cm3 d’oxygène pour reprendre notre souffle, difficile de respirer, de se protéger pendant « Magna Gloria Tua ». Temple of Baal ne fait pas de prisonnier. Comme avec « Holy Art Thou », malgré ses blast beats convaincants et son esprit guerrier la construction musicale sait toujours nous donner au compte goutte le petit passage tout en nuance qui nous permet de reprendre des forces pour aller jusqu’à l’étape suivante dans l’espoir que l’issue ne sera pas fatale.

Temple of Baal


Les cordes de la basse d’ Arkdaemon résonnent telle une sentence qui vient de tomber. Le verdict est sans appel. La construction de chaque titre fait appel à un équilibre parfait entre riffs variés, rythmes différents ou ambiances multiples sans jamais donner l’impression d’avoir été mis bout à bout pour servir de remplissage. Non, ici tout est logique et s’imbrique parfaitement.

Sur Mysterium on découvre aussi du mid-tempo poussé par la voix possédée. Les guitares de Saroth et d’Amduscias sublimant les forces occultes, ponctuées par des accélérations brutales et des solos tous plus sublimes les uns que les autres. C’est le traitement auquel on a le droit sur « Divine Scythe ». Le chaos s’installe, c’est prenant, visuel. La batterie de Skvm fait des ravages pendant que les guitares font le tri de ceux qui sont encore debout.

Ce sont des narrateurs, ensorceleurs qui nous ouvrent leurs âmes. A nous de pénétrer leur monde, leur valeurs et de peut-être n’en restituer qu’une infime partie que l’on aura compris.

Temple of Baal


En live c’était déjà quelque chose mais sur disque on entend encore plus de subtilités sur « Hosanna ». Des mélodies possédées aidées par une marche lente, inquiétante, aiguillée par le tintement des cymbales qui comme des lucioles lucifériennes dans une nuit la plus profonde tentent de nous aiguiller vers un gouffre terrible avant que le refrain ou plutôt l’interjection violente et sans concession ne viennent nous couper les jambes. Étourdissant !

« Black Redeeming Flame » black flame de Watain possède sa « Black Flames March », Temple of Ball a sa « Black Redeeming Flame »: chorus se terminant d’emblée par des chœurs lourds et épais. L’auditeur est pris de suite à la gorge par des guitares camouflées lançant des riffs en plein tympan.

Temple of Baal s’est étoffé à passé le Styx et a rejoint les plus grands. On a l’impression tout au long de Mysterium que les français nous défient, nous jaugent, analysent nos réactions dans notre perception de la musique comme sur « All in Your Name ».

Temple of Baal


Une tempête de sauterelles noires s’est abattue sur nous rentrant dans chacun de nos orifices afin de nous dévorer de l’intérieur. Ma seule question après l’écoute de l’album. Comment vont-ils faire pour la suite?

Lionel / Born 666

 

Photos : © 2015 Lionel / Born 666
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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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