Bonjour chers Gros lecteurs et bienvenus aujourd’hui pour un petit Live Report ! Et c’est bien ce que j’ai l’intention de vous proposer aujourd’hui, en revenant sur un concert qui a eu lieu à La Soute de Chambéry jeudi 08 octobre dernier.
Pour rentrer dans le vif du sujet : Aquila. Faisons une petite « fiche présentation » rapide du groupe. Composé de 5 musiciens et musiciennes basés autour de Chambéry en Savoie (Elise Damevin : Chant, Matthieu Billard : Batterie, Fanny Georges : Claviers, Frank Leard : Basse et Florian Desbiolles : guitare), le groupe distille une Indie Pop envoutante et situe volontiers ses influences entre Radiohead, Johnny Cash, Local Natives ou encore Grizzly Bears.
Dès son premier morceau, le groupe a su démontrer ses capacités en proposant une musique évoquant de grands espaces vierges aux couleurs vives. Ce n’est d’ailleurs pas une coïncidence si le mot « Aquila » veut dire « Aigle » en italien. Ce qui marque d’entrée, mis à part la maitrise vocale irréprochable de la chanteuse, c’est surtout le travail réalisé sur les harmonies vocales du groupe. Et quelles harmonies ! En effet le groupe a ceci de particulier qu’en plus de jouer de leurs instruments respectifs, tous les musiciens chantent sur la quasi-totalité des morceaux. Que ce soit de réelles lignes de chants ou simplement des chœurs venants en soutien à la chanteuse principale, le résultat convint d’emblée par la puissance et la richesse qu’il apporte au spectre musical du groupe.
Le concert a consisté en un enchainement plutôt cohérent de compositions originales. Devant la grosse cinquantaine de personnes présentes dans la salle, le groupe a développé une atmosphère très intimiste tout à fait en phase avec leur style de musique. J’ai par ailleurs particulièrement apprécié l’acoustique de La Soute et le travail réalisé par l’équipe technique : un son riche et agréable, qui permet pour une fois de se retrouver à 1 mètre 50 des musiciens en ayant un son équilibré et qui ne nécessite pas de s’équiper de bouchons.
En une heure de set se sont succédés une quinzaine de morceaux qui ont visiblement réussi à faire voyager un public généralement conquis par l’univers du groupe. Les chansons « Bird Song » et « Poney » se seront selon moi particulièrement distinguées et résument assez bien l’univers sonore d’Aquila. Les montées en puissance très bien gérées au sein des compositions ont permis de créer un ascenseur émotionnel auditif (est-ce que ce terme a un seulement un sens ?) auquel le public s’est montré réceptif. Parfois tirant sur le minimaliste, d’autres fois proche d’un psychédélisme latent, le groupe fait le choix d’alterner paroles en anglais et en français. Pas besoin de se demander ce qui rend le mieux, c’est justement dans la richesse qu’apporte le mélange au sein du set que se situe l‘intérêt de la démarche.
Pour ce qui est des réserves par rapport à la prestation d’Aquila, on peut surtout regretter une présence scénique plutôt plate et timide. Malgré les quelques mises en places scéniques, l’utilisation occasionnelle d’instruments du monde tels que des percussions variées, une mandoline ou encore de la percussion corporelle, le groupe ne réussit pas (ou du moins pas encore) à transcender son public par sa seule présence. Les prises de parole entre les morceaux sont rares et se limitent principalement aux remerciements d’usage. On aurait pourtant souhaité que le groupe nous emmène encore plus avant dans leur univers. Mention spéciale néanmoins à la dernière chanson du rappel qui ose un pas en avant dans la dimension intimiste du spectacle et séduit par sa sincérité (pas de spoilers, à découvrir en live !). Malgré cette clôture scéniquement assez forte, le gros du set donne plutôt le sentiment de se retrouver à bord d’un vol certes très haut dans les nuages, mais dont le commandant de bord ne nous donne aucun détail. Bah, qu’à cela ne tienne, on se fie volontiers au savoir-faire des pilotes et on passe finalement un excellent vol sur Aquila Airlines.
Que dire de plus ? Aquila propose un show travaillé et objectivement impeccable, chaque musicien faisant remarquablement son boulot et apportant consciencieusement sa pierre à l’édifice. Aquila nous emporte dans une sphère agréable, dans laquelle le spectateur se laissera facilement bercé le temps d’un set. Aquila est à mon sens un groupe qui s’épanouit pleinement dans un cadre intimiste. C’est cette ambiance sincère et sans artifice qui procure au groupe à la fois son charme et sa légitimité. Aquila est définitivement une belle surprise qui mérite d’être découverte et redécouverte aussi souvent que possible. Soldats auditeurs, à vos casques !
Martin Roignot
Crédit photo : Jessica Calvo
