Tout bonnement gargantuesque en termes de sorties, internationales comme tricolores, la fournée 2015 compte désormais dans ses rangs le nouvel album de Mass Hysteria : Matière Noire. Après avoir tout raflé avec l'Armée des Ombres, on se demande bien ce que les Français ont réservé à leurs fans avec cette huitième production.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les groupes français ont le vent en poupe cette année : The Arrs, Gorod, Black Bomb A ou encore T.A.N.K, les sorties sont nombreuses et, surtout, de qualité. Un grand nom, et pas des moindres, manquait à ce tableau : Mass Hysteria. De plus, il y a largement de quoi être impatient étant donné que l'Armée des Ombres a été synonyme de réussite totale pour le quintet : un album exceptionnel et maîtrisé, un DVD live enregistré lors d'un Olympia plein à craquer. Tous ces événements sont venus couronner vingt années d'une très belle carrière. Mais les choses ne s'arrêtent pas là et la vie reprend avec Matière Noire.
On rappelle évidemment qu'il s'agit ici du premier album enregistré avec Frédéric Duquesne (qui officie également dans Bukowski) à la guitare, qui remplace donc Nicolas Sarrouy. Ce dernier a d'ailleurs souffert de gros problèmes de santé ces derniers mois et, d'après les publications du groupe sur les réseaux sociaux, va beaucoup mieux aujourd'hui. Nous lui transmettons évidemment tous nous vœux de rétablissement.
Place à la musique ! Alors que l'Armée des Ombres s'affichait comme une œuvre mature car très carrée, un brin novatrice et monstrueusement efficace, Matière Noire semble traduire une envie de se faire plaisir, d'offrir à l'auditeur un peu de tout ce que le groupe a fait de mieux en vingt ans et communiquer cette rage chère à Mass Hysteria.
Hors de question de commencer les hostilités autrement qu'avec le très percutant "Chiens de la casse" qui, un peu comme "Attracteurs étranges" en son temps, envoie du très, très lourd. D'entrée, on reconnait la « signature » de Mass Hysteria avec des guitares très lourdes soutenues par une rythmique carrée et efficace assurée par la paire Mercier (Raph et Vincent). Si cet album propose une recette très connue aux niveaux des riffs tout au long de l'écoute, il se démarque beaucoup plus au niveau de la variété de ses samples.
Là où ceux de l'Armée des ombres se voulaient plus « homogènes » et offraient une atmosphère sombre, Matière Noire propose plus de diversité et de dépaysement. On le remarque par ce son proche d'un accordéon qui accompagne le refrain de "Vae Soli" ou encore sur "Vector Equilibrium" et son intro bien lourde que n'auraient pas reniée quelques groupes de hip-hop. L'indus pur et brut n'est évidemment pas en reste avec les très efficaces "A bout de souffle" et "Notre Complot".
C'est avec beaucoup de plaisir que l'on avance dans cette Matière Noire. Toutefois, la traversée ne se fait pas sans encombre. Sans être mauvais, "L'enfer des dieux" et son côté très « martial » plombe un peu l'ambiance. À la manière de Une somme de détails et "Killing the Hype", le côté rap de "Plus que metal" ne plaira pas à tout le monde.
Matière Noire n'est donc pas sans défaut. Mais s'il ne surprend pas, l'album fait quand même plaisir car doté d'une prod impeccable, de musiciens talentueux, d'une musique percutante et de paroles engagées qui font réfléchir, le tout porté par un Mouss Kelai au meilleur de sa forme. Les fans ne reconnaîtront pas forcément l'originalité de l'album mais devraient saluer une œuvre sincère permettant à Mass Hysteria de rester l'un des grands ambassadeurs de cette institution qu'il aime tant : la scène française.