Bouclez vos ceintures et préparez-vous pour le projet le plus couillu de cette rentrée musicale : Motion, troisième album des Brésiliens d’Almah. La sortie est prévue le 14 octobre prochain chez AFM Records, et il y a de quoi être surpris.
Almah, rappelons-le, est originalement le side project d’Edu Falaschi, chanteur du groupe Angra, aujourd’hui rejoint par le bassiste du même groupe, Felipe Andreoli, ainsi que le guitariste proggeux Marcello Barbosa (Khalice). Et jusqu’à présent, les deux premiers albums du groupe nous avaient livré un power metal de qualité, certes, mais somme toute très conventionnel. On s’attendait donc à un nouvel opus du même tonneau, et quel ne fut pas notre surprise : en trois mots, rien à voir !
Tout commence avec cet artwork énigmatique, noir et blanc, représentant une sorte de tunnel. Rien à voir avec les sempiternels dragons rouges, chevaliers blancs et anges bleus. On penserait plutôt à un Train of Thought de Dream Theater. Par ailleurs, chers lecteurs, veuillez noter que la signification de cet artwork vous sera révélée par Felipe Andreoli dès ce soir sur La Grosse Radio. Quoi qu’il en soit, la pochette de l’album sort déjà des sentiers battus du power metal.
Et nous lançons alors l’écoute. Que chacun soit prévenu : on ne s’attardera pas sur chaque morceau de cet album. Pourquoi ? Parce que le génie ce nouvel album d’Almah réside avant tout dans ce qu’il a de surprenant. Aussi, nous nous en voudrions de gâcher la surprise, alors seules quelques pistes seront données au lecteur, afin que celui-ci, devenu auditeur, écoute l’excellent Motion avec l’optimisme curieux de celui qui ne sait pas exactement ce qu’il va entendre, mais sait que ça va être bon !
Première évolution majeure : le chant d’Edu Falaschi. On l’a connu excellent mais un peu caricatural dans Angra à l’époque de Rebirth, et malgré une certaine évolution depuis vers un chant plus heavy, il faut bien dire que le pauvre homme a un sacrée étiquette collée sur le front. Et bien, figurez-vous que l’étiquette, il l’arrache avec rage tout au long de cet album. De la profondeur enlevée de "Traice of Trait" ou de l’acoustique "When and Why", aux cris enragés de "Zombies Dictator", l’ami Edu nous présente ici des capacités vocales encore inconnues chez lui, et aussi probantes que possibles ! On y retrouvera ainsi des airs de Ralf Scheepers, d’autres d’Alexi Laiho… le tout toujours largement accompagnés de la voix puissante, juste et mélodieuse que l’on connaît à Edu !
Seconde évolution : mélodies et jeu de guitare. Si l’album s’ouvre sur la très power intro du morceau « Hypnotized », l’ambiance change bien vite, au bout de quelque mesures : son plus gras, batterie plus agressive, rythmes plus hachés : Gojira aurait pu composer ce morceau ! Non moins surprenant, le morceau suivant, « Living and Drifting », dont les sonorités électro et la mélodie ne sont pas sans rappeler In Flames. Mais Marcello Barbssa vient du prog, et le rappelle fort bien à l’occasion, notamment sur la très belle intro en son clair de « Bullets on the Altar ». Les soli dudit guitariste sont d’ailleurs à écouter et réécouter, car ciselés au scalpel du talent (« Hypnotized », « Trace of Trait », « Late Night in ’85 »). Vous aurez en tout cas compris l’essentiel : Motion, musicalement, brise tous les tabous et envoie paître tous les codes du power metal, pour un résultat époustouflant.
Enfin, il faut dire un petit mot de l’ambiance qui règne sur cet album et qui, elle aussi ne correspond en rien à l’univers power/heavy traditionnel. D’un « Bullet On the Altar » traitant du fanatisme religieux à un « Late Night in ‘85 » intimiste, dans lequel Edu nous raconte la mort d’un de ses proches, on est bien loin de l’atmosphère d’un « Nova Era » d’Angra ou d’Edguy nous chantant les louanges de Robin des Bois !
Une réussite. Voilà ce qu’est ce troisième album d’Almah. Déroutant à la première écoute, car ne correspondant pas à ce à quoi l’on s’attend, il se révèle d’une richesse rare, et d’un talent fou. Chacun des musiciens descend au plus profond de lui-même, pour en extraire la substantifique moelle, et nous la livrer. Libres et inspirés, les cinq Brésiliens nous offrent donc un opus décomplexé mais complexe, à écouter d’urgence !