Le prog’ spirituel
Voilà une tournée qui avait un bel air de nostalgie, avec deux groupes qui avaient assurés la première partie de Leprous lors de leur toute première tournée en tête d’affiche en 2012. L’eau a coulé sous les ponts, et si la renommée de Leprous n’a fait que grandir en trois ans, celle de Persefone semble avoir stagné, hélas. Pourtant, ce concert aura prouvé que le combo andoréen mériterait plus de reconnaissance.
One Hour Hell
Peu de monde pour accueillir les suédois de One Hour Hell dans la sympathique salle de la Boule Noire, qui ne compte qu’une vingtaine de personnes pour ouvrir cette soirée métallique de fin de vacances d’été... De fait, assurer l’ouverture du bal à 19h n’est pas un cadeau pour les nordiques. Mais pas plus pour les quelques personnes éparpillées présentes, car le thrash/death offert par le quintet n’est pas des plus originaux.
Le gros son est là, les compositions ne sont pas trop mal construites, la voix de Joakim Mikiver est assez impressionnante de puissance et le tout est bien exécuté… Mais on s’ennuie, les gars ! C’est tout le problème quand l’exécution prend le pas sur la créativité, un phénomène de plus en plus récurrent malheureusement… Pour ne rien arranger la prestation est trop statique… Hormis le growler qui remue un peu son imposant gabarit, c’est léger.
Conséquence, le public est aussi timide qu’un groupe d’adolescents lors de sa première boum en fin d’après-midi, et a qui on aurait offert, en guise d’apéro, quelques cacahouètes salées avec de la bière sans alcool tiède… Un concert qui sera malheureusement vite oublié.
Loch Vostok
C'est au tour du groupe suédois Loch Vostok de prendre place sur scène. Tête d'affiche de cette tournée avec Persefone, on pouvait être curieux par rapport à leur performance : avaient-ils progressé par rapport à leur médiocre première partie de Leprous en 2012 ? Trois fois hélas, il ne faut pas longtemps pour avoir la réponse au bout des lèvres : un "non" franc et sec. Déjà, le son est vraiment sale, comme il y a trois ans. Est-ce un hasard ? Difficile d'y croire.
Pour une raison inconnue, le concert démarre sans le bassiste, qui arrive en cours de chanson : on ne sent aucune différence sonore entre avant et après son arrivée. Pour le détail nostalgie sympa, le chanteur/guitariste Teddy Mölker porte un t-shirt Leprous, souvenir de la tournée. Mais une fois ce détail vestimentaire passé, on ne décèle rien de vraiment convaincant dans sa performance, si ce n'est que son chant clair s'est un peu amélioré. Et il revenait de loin !
Heureusement, le son s'améliore sur la deuxième chanson, mais ce qu'on arrive à entendre n'est guère plus convaincant. Le souci principal est que les quelques bons passages sont noyés dans un océan de banalité, ou reliés à d'autres parties qui ne vont pas bien ensemble. Le chant est d'ailleurs souvent complètement en décalage avec les parties instrumentales agressives. Les mésaventures de Loch Vostok ne s'arrêtent pas là : le chevalet de la guitare de Teddy vole en éclat en pleine chanson, le laissant finir la chanson les mains vides. Honnêtement, encore une fois, on entend à peine la différence, d'autant plus que le claviériste est inaudible. Le temps de changer de guitare, on a droit à un solo de batterie improvisé, plutôt bon d'ailleurs. Malgré ce rattrapage in extremis, tout ceci en dit beaucoup sur le groupe. On a eu vaguement l'impression d'assister à une répétition de musiciens en état d'ébriété. Peut-être pourrait-on résumer tout cela à "Lol Vostok".
Persefone
Après de gros problèmes de line up, quel plaisir de revoir le combo d'Andorre sur scène. L'introduction de Spiritual Migration retentit, c'est parti pour une grosse heure de metal prog' furieux et diablement bien maîtrisé. Sacrénom, cette paire de guitaristes fait vraiment très mal, que ça soit en rythmique ou en solo ! Et pourtant, l'un d'eux est remplaçant sur cette tournée. De son côté, le frontman Marc Martins a toujours une aussi bonne présence scénique. Ses cris typé "core" sont maîtrisés et ne jurent pas avec la musique. Sans surprise, c'est toujours le claviériste qui se charge du chant clair, et toujours avec autant de justesse, même s’il est regrettable que le mixage ne nous laisse pas l'entendre de manière complètement satisfaisante.
On peut remarquer avec effroi qu'il n'y a pas de bassiste sur scène, mais très franchement, ça sonne du tonnerre, avec très peu de pains par dessus le marché. Pardonnons à l'agité dans le public qui hurle pendant l'excellent instrumental pour se rendre compte que, dans les faits, Persefone pourrait totalement se passer de chant, tant la musique se suffit à elle même. Après une magnifique ballade, le groupe prouve encore ce constat en jouant leur fameux medley de Star Wars, qui rend un bel hommage à la musique de John Williams. Voilà qui n'est pas à la portée de n'importe qui !
Cette performance exceptionnelle fait que le concert passe beaucoup trop vite. On en arrive déjà au rappel. Persefone achève son public sur "Fall to Rise", et c'est avec un brin d'amertume qu'on voit s'achever ce set joué devant une petite cinquantaine de personnes. Souhaitons leur qu'ils gagnent à l'avenir une reconnaissance bien méritée, avec leur prochain album actuellement en cours de composition !
Photos : Arnaud Dionisio / © 2015 Ananta
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe