Combo français mené de main de maître par Walran qui aime varier les genres et les plaisirs (du folk au metal atmosphérique, parfois black, etc.), Betray-Ed ne devrait pas vous être inconnu si vous êtes des lecteurs fidèles de La Grosse Radio et que, comme le journal au kiosque le matin, vous lisez les articles le soir devant un bon petit café. Si jamais ce n'est pas le cas et que ce nom vous est inconnu, premièrement honte à vous, deuxièmement, vous pouvez vous rattraper sur ce manquement à vos devoirs en suivant les liens qui sont en dessous de cet article, pour combler votre retard, et gagner un peu de « culture underground » (/mode moralisateur à deux balles OFF)
Et puis il y a encore plein d'autres disques à découvrir car une bonne partie d'entre eux vous sera disponible en téléchargement gratuit, un bon moyen pour connaître davantage le travail du compositeur. Et c'est encore un énième EP qui nous est proposé, mesdames et messieurs. A Poem, au nom évocateur et déjà plaisant, doit ainsi montrer que l'inspiration est toujours présente chez le jeune homme après tant d'efforts réalisés ces dernières années. On sait tous que parfois, les artistes ont des passages à vide. Il ne reste qu'à espérer que ce ne sera pas le cas.
Ce nouvel EP de Betray-Ed continue le tournant folk que certaines des précédentes œuvres de Walran ont déjà connues. Donc, au risque de vous décevoir, amis lecteurs, ici, point de violence ni de guitare électrique, celle-ci remplacée par la délicieuse guitare acoustique d'Adélaïde (entre autre, n'oublions pas Aurélien de Synthesia, Guillaume d'Abduction ou encore Rosarius d'Abyssanctum/Angellore). Sur un plan musical, l'opus est avant tout basé sur les ambiances, qui se veulent plutôt intimistes et minimalistes, et c'est ce talent de composition qui nous permet d'apprécier à sa juste valeur la nouvelle galette du duo français. Avec ces sonorités très naturelles, il n'est pas difficile d'imaginer une belle escapade en forêt, comme celle que vous faisiez avec vos parents étant enfant, ou encore lorsque vous aimez vous isoler (/raconte ma vie). C'est beau, c'est relaxant, c'est tout ce que l'on demande de cette virée bucolique. Les instruments sont au service des ambiances qui, elles, sont magiques, et laissent libre court à notre imagination, peu importe que celle-ci soit fertile ou non, il est aisé d'entrevoir ce coin de nature dans lequel nous sommes conviés. Une source, sous des arbres, où chantent au loin des oiseaux, la guitare utilisée comme moyen d'escapade, voilà de quoi s'évader un peu après une longue et harassante journée.
Bien évidemment, le calme et la douceur qui teintent les 6 compositions ne seront pas au goût de tout le monde. Certains pourront s'ennuyer, d'autres trouver le tout monotone. Après tout, il n'y a aucune réelle montée en puissance, ni aucun emportement dans ce A Poem. Et tant mieux, car cela briserait l'harmonie qui est dessinée par le pinceau d'argent du talentueux Walran, qui n'a aucun mal à faire adhérer à sa cause l'auditeur. La multitude des instruments est en grande partie responsable de cette réussite. Un harmonica peut être entendu en fond (« Solitaire Promeneur »), des notes d'un doux piano ponctuent l'EP avec majesté, les exemples ne manquent pas et on se laisse aller au gré de nos envies vers l'endroit où la musique va nous mener. Bien sûr, ce serait trop beau si tout était parfait, et il subsiste encore deux-trois petites choses qui, elles, ne sont pas aussi enthousiasmantes qu'elles auraient pu l'être. Si aucun morceau n'est à déplorer, « Solitaire Promeneur » peine à emporter l'adhésion et malgré la beauté de sa mélodie, les 6 minutes ne sont pas dénuées d'un certain nombre de longueurs, qui provoquent un léger sentiment d'ennui, voir de monotonie. Le reste n'est pas du même acabit, bien supérieur, et une mention spéciale se doit d'être accordée à la somptueuse « De mon pinceau d'argent », emplie de finesse et d'émotions à l'état pur, qui est peut-être même la meilleure piste jamais composée par Betray-Ed.
Quant à la voix de notre cher protagoniste, elle est … quasiment absente, seulement présente sous la forme de choeurs, qui se font féminins sur « Silencieusement ». Est-ce un mal ? Non, pas du tout, car la beauté des instruments à elle seule suffit à laisser le promeneur se guider en marchant dans les feuilles mouillées de cette saison d'Automne (ou de la saison que vous imaginez, mais le côté champêtre évoque souvent l'Automne). Et là, se soulève un autre point qui est à la fois satisfaisant, et à la fois dérangeant, c'est que l'on retrouve dans A Poem un côté bancal. Les trois premiers titres, s'ils sont évocateurs de belles choses, ne sont pas aussi subtils et raffinés que les derniers. Du coup, en plus de légèrement déstabiliser, ce sentiment nous conduit à un sentiment d'avoir gardé le meilleur pour la fin, et, ainsi, de terminer la promenade sur les plus belles notes, « Les dernières lueurs » étant la piste de conclusion parfaite, idéale dans son aspect éthéré pour rêver et terminer sans rester sur sa faim. Ce qui ressort d'ailleurs, c'est tout ce travail basé autour des sensations et des émotions. Tout semble fait pour toucher la cible en plein cœur, chose réussie. Chaque mélopée, chaque arpège est une pierre qui forme la solide bâtisse musicale, rendant l'ensemble très cohérent, à la fois diversifié mais tout en gardant un fil d'Ariane, qui permet de toujours retrouver son chemin dans cette forêt.
Ainsi, malgré quelques petits soucis qui ne sont, au final, pas très handicapants, cette nouvelle galette a le bon goût de la promenade dans la nature, du bruit des pas sur les feuilles mouillées qui recouvrent le sol en Automne, ces images qui reviennent. Il y a de fortes chances que vous adhériez à la démarche si jamais d'ouverture d'esprit vous faîtes preuve, ne serait-ce qu'un peu. A conseiller aux fans de musique calme et planante, de folk, mais aussi aux autres, ceux qui veulent tenter l’expérience d'un voyage agréable. Qui viendra dans le bois ?
Petit cadeau, la tracklist avec une petite surprise à l'intérieur. A vous de trouver maintenant :
1. A l'orée des bois
2. Solitaire promeneur
3. Silencieusement
4. De mon pinceau d'argent
5. Je recueille, du crépuscule mourant
6. Les dernières lueurs
Note finale : 4/5
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