Doom zeuhl ?
On peut facilement deviner la phrase : "Quelle baltringue ce journaliste ! Comparer Öxxö Xööx et Magma juste parce les deux sont des groupes français jouant une musique bizarre et chantant dans une langue inventée. Ca n'a rien à voir, pourtant !" Eh bien si justement, Öxxö Xööx est à bien des égards le successeur de Magma, mais sans oublier au passage d'affirmer sa propre identité musicale, qui est très forte.
Soyons clairs, péremptoires même : Rëvëürt, le premier album d'Öxxö Xööx, est ce qu'on appelle un chef d'oeuvre. Monumental et unique, il manifeste avec une rare réussite la personnalité de son compositeur : Laurent Lunoir, avec la contribution de la non moins talentueuse Laure Le Prunenec au chant. Les attentes étaient donc à la hauteur de la qualité de cette première sortie, qui n'était d'ailleurs pas complètement dépourvue de défauts, qu’on pouvait donc espérer voir corrigés sur ce deuxième album.
On peut déjà remarquer que Nämïdäë est résolument plus sombre que son prédécesseur. Là où Rëvëürt laissait entrevoir quelques passages moins tourmentés, ils deviennent rares sur Nämïdäë, où le ton semble empreint de noirceur de bout en bout. Cela vaut aussi pour les moments moins agressifs de l’album, qui vous bercent dans la mélancolie, notamment à l’aide de la guitare claire. Nämïdäë est aussi plus lent, plus oppressant, plus doom en fait. Et pour soutenir ces rythmiques plombées, Laurent Lunoir a eu la riche idée de faire appel aux services d'un batteur plutôt qu'opter pour une boîte à rythme, un des points noirs du premier album. Un choix lucide, d’autant plus qu’Isarnos assure une performance impeccable, on ne peut plus adaptée à la musique jouée, sobre mais tout en puissance. Et ça sonne !
Dommage cependant que les guitares saturées soient en retrait dans le mixage par rapport au reste. Certes, le fait que cela soit fait notamment au bénéfice de la voix et de la batterie renforce le côté tribal de l’album, mais il est frustrant de pas pouvoir toujours profiter pleinement des gros riffs qui pullulent dans Nämïdäë. Vous pourrez néanmoins vous consoler sur les majestueuses parties d’orgue et de clavecin, qui sont toujours aussi présentes et importantes dans la musique d’Öxxö Xööx, évoquant notamment la musique baroque… Et parfois Type O Negative.
La dynamique fait également partie des améliorations de Nämidäë. En effet, les montées et redescentes d’intensité sont parfaitement maîtrisées, notamment par l’usage de la guitare claire, comme sur la superbe introduction de « Lücï », qui est un des nombreux exemples. De fait, l’album lui-même est une sorte d’ascenseur émotionnel, oscillant entre le calme, la tristesse et la rage, qui sont bien dépeintes par la musique.
Vous l’aurez compris, vous vous embarquerez dans un voyage sans pareil à l’écoute de ce nouvel effort d’Öxxö Xööx. On pourra certes lui reprocher d’être moins varié que son prédécesseur, mais il en ressort une meilleure cohésion d’ensemble. Et il faut saluer l’effort de ne pas avoir cédé à la facilité en faisant un copier/coller de Rëüvëürt. Un des albums marquants de l’année, sans aucun doute. De quoi attendre avec impatience les concerts du trio !