Ras le bol des groupes de desert rock, des ersatz de Queens of the Stone Age, de cette chienlit qui n'est pas sans rappeler le clonage à grande échelle à l'époque du nu-métal ? On vous comprend. Car les groupes inintéressants qui usent de cette étiquette en vogue pour faire (un peu) parler d'eux sont légion. MAIS, force est de reconnaître qu'ils sont légion aussi, les bons groupes, ceux qui jouent bien, qui ont de chouettes idées, qui font preuve d'une telle vitalité qu'on a envie de leur pardonner leurs défauts. Trio parisien qui sort son deuxième EP, de quel côté de la carte se situe Acid Western ?
A peine trois titres sur ce EP, pour même pas 10 minutes de musique, c'est bien peu pour se faire un avis, mais ça permet déjà de se faire une petite idée des capacités des trois larrons. Pour faire court, c'est pas mal, mais ça manque encore de culot. On développe ?
Inutile de se voiler la face, Acid Western ne possède pas un son assez particulier, une personnalité assez affirmée, une assez grosse quéquette (rayez la mention inutile) pour se faire un nom dans la cour de récré. Reste que le groupe est jeune, et qu'on aura le temps de lui tailler un costard si rien ne change par la suite. Pour l'heure, il s'agit de juger d'un potentiel. Premier agréable constat, ça joue sévère. Les breaks s'enchainent, les cassures de rythmes sont bien gérées, le groupe sait insuffler de la dynamique à ses morceaux, et en faire beaucoup sans en faire trop (comprendre, sans tomber dans le démonstratif).
On peut néanmoins regretter une production un peu légère qui dessert une voix pourtant pas déagréable. Pour peu que cette voix s'affirme et que le son gagne en puissance, et les compositions devraient pouvoir prendre une nouvelle dimension sans trop se fouler.
Les compos justement. Autre agréable surprise, on commence par du classique pour avancer vers du plus inattendu (toutes proportions gardées évidemment, ce n'est pas Magma). Le premier titre, "Rampage", est du direct dans la gueule, 2 minutes 40 d'efficacité pure, pour une bonne entrée en matière. Si la deuxième piste, "Kisses in the fire", ne verse pas non plus dans l'excès de fioritures, elle a le bon goût de prendre un peu plus son temps, notamment sur un refrain calme aussi inattendu que mélodique et bienvenu. Cet éclair presque pop permet également de rendre le retour aux riffs gras plus efficace, le tout en moins de 3 minutes (Acid Western aime aller droit au but on vous dit). Le troisième titre se décide à ralentir le tempo pour de bon et à sortir des breaks plus travaillés qui cherchent davantage le groove qu'autre chose, pour un vrai bon résultat.
Avec cet EP construit en pyramide, qui démarre sur les chapeaux de roue avant de se diriger vers des voies plus originales et intéressantes, Acid western fait preuve d'un joli potentiel qui, s'il ne laisse pas encore les espoirs les plus fous, dénote néanmoins de qualités qui ne demandent qu'à être approfondies. Un groupe émergent de stoner de plus ? Certes, mais qui lorgne vers le haut du panier toutefois.