Iron Maiden – Iron Maiden (1980)

A la fin de l’année 1979, le mensuel Sounds en Angleterre sort le premier dossier sur la NVOBHM (New Wave of British Heavy Metal). Il comportait 12 pages. Son nom : Kerrang! Aujourd’hui c’est l’hebdomadaire Metal le plus vendu dans le monde.

On y trouvait des articles et interviews sur Def Leppard, Iron Maiden bien sûr, mais aussi sur Tygers of Pan Tang, Saxon, Diamond Head, Angel Witch, Samson (dans lequel jouait déjà Bruce Dickinson – « Bruce Bruce »), Praying Mantis

 

Iron Maiden 1980


Malgré cette appartenance au mouvement NVOBHM ,on ne peut renier les relents punks que l’on ressent à l’écoute de cet album sauvage. A l’époque dans les cours de collège on se disait même que c’était du Punk Metal… C’est clair que l’explosion du mouvement punk depuis 1977 avait éparpillé des cendres chaudes un peu partout, et la déclaration de Johnny Rotten des Sex Pistols affirmant s’être endormi devant le film The Song Remains the Same (de Led Zeppelin) en les traitants de « vieux cons emmerdants » avait semé le doute. Le Heavy Rock était donc devenu un genre musical ringard et dépassé.

Après avoir écumé toutes les salles et pub du pays en testant soir après soir ces titres c’est un jeune groupe qui rentre en studio pour graver ses premiers sillons. En Janvier 80, Iron Maiden s’enferme dans les Kingsway Studios, dans l’Ouest de Londres pour essayer d’y recréer le son des titres lorsqu’ils étaient joués en concert.

Iron Maiden est donc le premier album du groupe sorti le 14 Avril 1980. Il atteint la 4ème place des charts anglais lors de sa première semaine grâce entre autres à l'incroyable succès du single « Running Free » sorti le 23 février. Le deal signé avec EMI était un contrat de 5 albums, ainsi qu’une avance de 50 000 livres et le paiement des frais d’enregistrement, énorme pour l'époque.
 

Iron Maiden 1980


L’album comprend 8 chansons, dont cinq écrites par Steve Harris seul (« Prowler », « Phantom of the Opera », « Transilvania », « Strange World » et « Iron Maiden »), deux écrites par Steve et Paul Di’Anno (« Remember Tomorrow » et « Running Free »), et une de Dave Murray (« Charlotte the Harlot »).

Tout d’abord, en ces temps bien lointains, c’est le verso de la pochette qui m’avait bouleversé. Le logo Iron Maiden en guirlande lumineuse. A cette époque, c’était Dave qui s’occupait des premiers décors des scènes du groupe. Cela ressemble plutôt à un néon clignotant d’un vieux Motel perdu sur une route américaine. Juste en dessous, on retrouve le groupe seulement éclairé par une lumière rasante, créant un contraste avec les mains tendues en l’air des premiers rangs du public faisant le signe de la victoire, et non le signe du Diable perpétué par Ronnie James Dio par la suite. Dans la pénombre on entraperçoit un Paul torse nu. Et puis il y avait le masque de « papier mâché » placé au milieu du décor dont les yeux étaient éclairés. C’est même un ami de Dave, étudiant en Arts, qui avait fait un moulage de son visage. Et rapidement ce visage a pris le nom d’Eddie the Head

Le sang coulait même du masque avec une pompe à aquarium durant le titre « Iron Maiden » lorsque Paul chantait les paroles « See the blood flow watching it shed up above my head.».

Déjà à cette époque, acheter un album de Maiden était un évènement en soi. Ecouter la musique bien sûr mais aussi apprécier le visuel du 33 Tours, un dessin de 31cm sur 31 m avec tout ces détails, ça avait de l’allure, c‘était une véritable œuvre d’art. Pas de comparaison possible avec le CD de 12 cm sur 12 cm qui n’apparaitra que 4 ans plus tard. Ne parlons pas du visuel qui apparait sur votre iPod aujourd’hui…

Et là, d’emblée, ce qui marque c’est le visuel de la pochette. Et la chose qui prend une grande place dans l’univers du groupe, c’est bien sûr le personnage d’Eddie, inventé par Derek Riggs et prenant son nom du masque figurant dans leur décor de scène. Il allait devenir le monstre, la mascotte du groupe. C’est Rod Smallwood, le Manager de Maiden, qui lors d’une visite dans les bureaux chez EMI avait remarqué un poster du Jazzman Max Middleton au graphisme très travaillé… l’œuvre était celle d’un dénommé Derk Riggs.

Lors de leur rencontre chez l’artiste, Rod découvre au milieu d’un tas de croquis qui devaient normalement servir d’illustration à des romans de science-fiction la future pochette du premier album. Mais dans cette illustration c’était un monstre Punk à l’air possédé. A cette époque, Derek voulait peut-être le vendre à un groupe Punk. Après un petit relookage il lui a rallongé les cheveux pour le faire rentrer dans le monde de Maiden. La légende était créée. Le jeu à chaque sortie d’album était de découvrir le nouvel environnement dans lequel Derek avait placé Eddie, d’analyser les petits détails et bien sur d’être le premier à trouver la signature de l’artiste.
 

Iron Maiden 1980


Il ne faut pas oublier cette typo indéfinissable trouvé par Steve pour le nom du groupe. C’est vrai qu’après avoir quitté l’école à 16 ans il avait travaillé comme apprenti dessinateur et concevait d’ailleurs au tout début les affiches du groupe. Il a ainsi créé le logo du groupe avec cette écriture anguleuse au trait solide que existe toujours.

« Prowler » commence avec ce titre rentre-dedans, le riff aigu, la deuxième guitare qui suit et la basse de Steve toujours mise en avant. Une avalanche de notes pour l’époque et le solo qui finit par vous mettre à genoux. La voix de Paul écorchée passée à la toile émeri du Whisky. La guitare qui suit la ligne mélodique de la voix, simple, efficace, étourdissant.

Puis on tombe dans l’ambiance d’un « Rememeber Tomorrow » perdu dans un brouillard au début comme des fumigène sur une scène (comme au verso de l’album la petite photo de droite où l’on voit Paul et Steve plongés dans de la fumé jusqu’à la tête). Et ces accords qui vous percent à nu, les arpèges de la basse, les petits roulements de la batterie qui vous amènent lentement sur ce titre magique. Les cris de Paul suivis des assauts des riffs font du bien et relancent la machine qui ne pourra plus s’arrêter…

« Running Free » et son rythme tribal ainsi que le petit « Ok » de Paul au tout début vous annonce la couleur. A la limite Punk le titre est ravageur et fait toujours son effet lorsqu’il est joué encore aujourd’hui en live. Un monument du groupe. Les riffs accrocheurs et le duo de guitares qui n’a pas pris une ride.

« Pulled her at the Bottle Top, Whiskey, dancing, disco hop.
All the Boys are after me, and that's the way it's gonna be »

« Phantom of the Opera » clôture la 1ère face dans un déluge de basse et de guitare. Le titre est étourdissant pour l’époque. Il nous entraine dans une course effrénée avec ce break monumentale qui nous permet d’entendre les paroles scandé par un Paul très Rebel à la voix rauque et puissante.

Et ce solo toute en finesse balancé en dernier espoir sur une avalanche de notes. Steve est le chef et la basse reprend là où on s’était arrêté avec ces arpèges qui relancent la machine Maiden dans des solos qui arrivent de partout.
 

Iron Maiden 1980


On tourne le disque pour démarrer sur un rythme maidenien qu’est l’instrumentale « Transylvania ». Ah ces titres, ici pas de chanson d’amour ronflante, du vrai, du roots avant l’heure. On ne peut imaginer ce que ce flot de solos pouvait nous bouleverser en ce début d’année 1980 car on n’était tout simplement pas préparé à recevoir une telle puissance en pleine tête.

La qualité des musiciens était encore plus flagrante sur « Strange World », le solo au début, le travail de la basse et la finesse de la batterie suivi par l’émotion au travers de la voix de Paul (ce titre me bouleverse toujours autant aujourd’hui en me faisant dresser l’échine). Et la réverbération sur la lead guitare… magique. Il était dit que Dennis Stratton n’était à l’aise que sur les titres lents.

« The only place Where you can Dream, Living here is not What it Seems. »

Et puis cette dernière phrase… « Living Here, You'll never grow Old. » montre un peu ce qu’on est devenu en écoutant cette musique : de grands enfants. J’aurais bien aimé tester ce que buvaient les filles… « Girls drinking plasma wine. »

La fameuse « Charlotte the Harlot » et ces phrases crachées par Paul. Et ce refrain sans ambiguïté nous expliquant assez facilement son métier.

« Charlotte the Harlot show me your Legs,
Charlotte the Harlot take me to Bed.
Charlotte the Harlot let me see Blood,
Charlotte the Harlot let me see Love.  »

Et sur le break la clarté de la voix est divine. On tutoie les dieux sur ce titre.

On finit par « Iron Maiden » où on entend dans les premières micros secondes les médiators déjà calés sur les cordes, les Jacks a peine déjà branchés. Up The Irons !

Bon, ce n’est pas le tout mais je dois aller m’acheter des patchs et demander à ma Grand-Mère de me les coudre sur ma veste en jean avant d’aller voir au cinéma L’Empire contre-attaque : l'avant dernier épisode de la (première) saga Star Wars… mais au fait où j’ai rangé ma 103 SP ?

 

Lionel / Born 666

NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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