Depuis 1997, cinq toulousains font jumper le public français avec leur Nu-metal. Pas avares, les cinq compères de Sidilarsen reviennent avec un nouvel album, Machine Rouge…et (ne nous le cachons pas) avec une nouvelle franche réussite ! Pour ce quatrième album, sorti le 10 octobre, les Sidilarsen ont réuni le meilleur du meilleur de leurs influences, pour une rencontre entre The Prodigy, Noir Désir, et beaucoup d’autres…qui ne tardera pas à vous kidnapper les oreilles !
La force de cet album ? Conserver une unité au-delà de la diversité.
La diversité, ce sont tous les genres qui se croisent dans Machine Rouge. L’unité, c’est Sidilarsen. Pas facile pour le quintet toulousain de se hisser à la hauteur de ses ambitions. Pas facile de mêler dans le même album des textes rapés et des textes chantés, hurlés ou scandés, le tout en français ou en anglais. Pas facile non plus d’y ajouter des sonorités électros, des breaks de batterie simplistes, ou au contraire très travaillés. Pas facile de mélanger à cela une guitare au son tantôt gras, très hard rock, tantôt clair et délicat.
Pas facile quand on veut TOUT faire, d’aboutir à quelque chose de bien, quelque chose qui ait une identité, bref un cœur…Mais Sidilarsen possède cette fameuse Machine rouge. Et de toute évidence, vu le pari qu’ils ont fait la machine rouge, allégorie du cœur, est bien accrochée !
Dans cet album, le changement devient la seule constante, les repères musicaux se font plus vagues. Sidilarsen nous prouve son talent, tous registres confondus, ou plutôt…tous registres mélangés !
Que ce soit le mélange de l’électro et du metal, grands cris et « Six-six-six » à l’appui, dans « Back to Basics » et « Le meilleur est à venir », ou le mélange du combo rap-rythmes hip-hop (dans les couplets) et du combo chant-rock (pour le refrain), d' « Offensifs », les toulousains font cohabiter les influences les plus surprenantes, avec un talent étonnant.
Dans la force et l’énergie, avec des parties électros tout droit sorties de chez Prodigy (« Back to Basics ») ou dans la délicatesse avec « A ton égo », le quintet nous entraîne dans des univers différents et toujours moins conventionnels. L'intro de « Vie passionnée », a la saveur d'un vieil Indochine, jusqu'à ce que les Sidilarsen s’énervent sur leurs guitares et leur batterie. Avec « Fantasia » on pénètre un univers féérico-inquiétant, tout en guitare aux riffs énervés et à l’électro intriguante...
« Absolu » et « Samira » nous font faire un nouveau détour par le Hip-Hop…Les textes rapés toujours soutenus par une guitare et des sons électroniques...
« Densité », nous fait découvrir une nouvelle influence, orientale cette fois. Nouveau signe de l'ouverture de la bande toulousaine. Sidilarsen confronte cette fois un rock calme, habillé par des paroles en arabe et quelques rythmes orientaux, à un métal hurlant au rythme débordant d’énergie...Une réussite condensée dans un morceau efficace et sacrément bien construit.
L'avant dernier morceau de l'album « Paradis perdu » réalise la symbiose des genres : intro toute en guitare, rapidement remplacée par des beats techno, soutenus par un riff bien gras, le tout réhaussé d’un texte hurlé…Improbable et pourtant…plaisant !
Reconnaissons néanmoins que Didou n’assure pas dans tous les registres : un certain manque de puissance vocale se fait sentir sur certains morceaux (« Le meilleur avenir »). On soulignera également le soin apporté aux textes du groupe : un beau travail pour les textes en français, qui ne manquent ni de sens ni d’engagement (de quoi réjouir les fans de rock français). Sans oublier le talent de la petite bande : armés de leur guitare, Benben et Viber, vous envoient dans les oreilles riffs gros et gras, et soli bien sentis ; derrière sa batterie Samuel donne des baguettes avec rythme et vivacité, et derrière ses machines, il fait preuve de la même énergie ; sans oublier Fryzzzer et sa basse, toujours présents, pour soutenir les petits camarades.
Ils ont fait un pari, celui de mélanger sans confondre, genres musicaux, styles vocaux et influences. Le pari de créer une harmonie, quand on s’attend à une cacophonie. Celui de nous faire entrer dans leur univers sans nous casser les feuilles.
Eh bien…paris gagnés !
8,5/10 - Sortie le 10 octobre 2011 en partenariat avec La Grosse Radio.