Adam & The Madams – A&TM

" Une série audacieuse de titres intelligemment structurés,  égaux dans la qualité "

On peut penser bien des choses à l’écoute d’A&TM des Strasbourgeois d’Adam & The Madams. On peut penser aux ATM anglo-saxonnes (Automatic Teller Machine). On serait très loin du sujet en l’occurrence... Plus proche de nous, on peut penser à ce groupe qui réussit, en une petite dizaine de titres bien foutus, à éviter les nombreux écueils qui peuplent la discographie des groupes se réclamant de l’église, ou plutôt de la secte dite de « l’indie ». Secte dévastatrice s’il en est, et dont le groupe s’éloigne tout en prenant soin de garder dans ses poches les fondamentaux du genre aujourd’hui malmené par des publicités pour assurances et autres bandes-son de navets cinématographiques. On peut aussi penser à nombres d’influences qui contribuèrent à fonder ce son « indie » comme Frank Black et sa bande de lutins (pixies en anglais), Malkmus lorsqu’il officiait pour les Pavement dans les 90’s, ou encore les tristes sires de Black Keys, véritable gourou d’un blues garage gonflé à la distorsion systématique.
On peut aussi penser au temps qu’il leur reste avant de finir broyé par une uniformisation toujours plus vicieuse, laissant peu d’espaces aux véritables prises de risques.

Espérons que le pessimisme de votre serviteur ne se réalise jamais tant la solidité des bases déployées tout au long des huit titres du LP force la reconnaissance. Un titre comme « Why So Sad » vous donnera une idée du potentiel du groupe, avec son synthé inspiré par ce genre de fougue qui, accompagnée par une déferlante de guitares acérées et de voix éructées, vous fait prendre du recul sur les choses. Pinacle halluciné de l’album, il fait suite à une série audacieuse de titres intelligemment structurés, égaux dans la qualité. On prendra comme preuve le « You’re Right But I Don’t Care » tout enjoué, tout indolent avec son gimmick très Beck (période Odelay) et sa section rythmique délicieusement barrée.

Très fort dans la déglingue punk comme ils le montrent dans « Forever Awesome » avec ce petit quelque chose des Stooges, le groupe sait aussi faire dans le sérieux avec « Lather » et son hard aussi sensible qu’acide dans les sonorités d’une guitare hurlante se découplant à l’infini dans un maelstrom où se perdent les lignes et perspectives. Fort et évident à la fois. « Zoology » revient aux affaires, rassemblant le cœur d’influences du groupe sous la bannière d’un refrain étonnamment efficace. Plus on avance dans l’album, plus l’intelligence du groupe frappe jusqu’à revenir à « Why So Sad ». La boucle est bouclée. Reste cette étrangeté, cette curiosité en fin de parcours : le folk mystique et dépouillé de « Bully ». Woodie Guthrie qui rencontre Robert Johnson accompagné par Lou Reed et le fantôme du Velvet.

Quelque chose comme ça.

S’il ne sont ni les premiers ni les dernier à conclure leur album sur un univers parallèle, Adam & The Madams se plient à la règle avec un certain respect pour le protocole, n’omettant pas même l’ultime bizarrerie d'un sample d'un autre monde.
Or, l’histoire l’a prouvé : le Diable (ou Dieu, c’est tout comme) est dans les détails et c’est avec ce genre de finish qu’on finit avec une note aussi méritée que justifiée.

Crédit photo : Eléonore Guillon

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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