Iron Savior, ou le groupe qui a toujours su sagement se tenir en retrait des Helloween ou autres Blind Guardian dans le paysage power metal allemand, non sans avoir su rameuter tout au long de sa carrière de nombreux fans restés fidèles. Une formation qui n'a jamais démérité et qui a su rester fidèle à son heavy speed mélodique. Iron Savior, c'est avant tout Piet Sielck, un homme très important dans l'histoire du metal germanique puisque grand ami de Kai Hansen et co-instigateur du fameux Helloween... Ce n'est qu'en 1996 qu'il décide de lancer son groupe à part entière, 15 ans de carrière et un 7ème album à paraître le 18 novembre 2011 chez AFM Records. The Landing, où l'heure d'atterrir au panthéon du metal européen ?
Chercher une évolution quelconque dans le son d'Iron Savior n'est pas forcément la chose la plus aisée à faire, et pourtant... On sent d'emblée que Piet et ses amis ont voulu cette fois-ci quelque peu "éclaircir" certains points, et ce dès le premier morceau "The Savior" (voir vidéo ci-dessous) où on sent un côté assez léger/épique qui n'est pas forcément la marque de fabrique d'un groupe plus connu pour son speed puissant in your face. Evidemment on reconnait la patte Sielck, connu aussi pour sa production très crue old school et ses choeurs atypiques, la basse vrombit toujours au diapason d'une guitare savamment distordue mais le rythme et l'atmosphère générale se font d'emblée plus "aériens". A partir de là, le fan va se demander si tout l'album suivra cette ligne directrice...
En tout cas les mélodies resteront plus ou moins implacables du début à la fin, et ça déjà c'est plus qu'un bon point : une véritable réussite. On se prend à sourire à chaque refrain, non pas par moquerie mais par bonne humeur, par nostalgie retrouvée, et parce qu'on sait que ces chansons ne demanderont qu'une chose : qu'on les réécoute avec plaisir. Alors oui le rythme s'accélère souvent, une "Starlight" par exemple rappelera à certains la merveilleuse "Titans of Our Time"... et rien à voir avec une quelconque reprise d'Helloween ! Car même si les influences sont là, allons plus chercher celles-ci vers Blind Guardian - notamment sur les soli... ah mais, j'y pense...
... Le saviez-vous ? Piet Sielck a aussi formé il y a quelques années un groupe avec Thomen Stauch, ex-batteur du gardien aveugle justement, récupérant au passage Jens Carlsson (brillant frontman de Persuader et sosie vocal d'Hansi Kürsch) au chant. Savage Circus, voici le nom de ce projet qui nous a pondu par exemple l'un des meilleurs albums power de la dernière décénnie (Dreamland Manor, 2005). Et bien ici, Iron Savior se Savage Circussise parfois, plus que jamais, notamment sur la splendide "Faster Than All" qui fait figure d'hymne majeur sur ce The Landing. Mais pas seulement, "March of Doom" peut également être citée dans cette catégorie, comme si Piet avait décidé d'incorporer ses idées pour Savage Circus dans son groupe principal. Notamment sur ces envolées lyriques guitaristiques que le leader du combo maîtrise plus que jamais.
On tient ici peut-être la clef de la (légère et toute relative) nouvelle évolution sonore du quatuor allemand, même s'il est évident qu'à la base Savage Circus n'a jamais véritablement été éloigné d'Iron Savior... Sauf qu'ici, c'est un peu comme si l'effet inverse s'était produit. Etrange feeling. Ainsi le côté plus "épique" et (un poil) moins "speed dans ta gueule" semble se justifier, transformant ce 7ème Iron Savior en quasi 3ème Savage Circus (en espérant que ce projet ne soit pas au passage indirectement enterré). Du moins sur une bonne moitié de ses titres.
D'autres s'éloignent cependant de cette impression, un "Heavy Metal Never Dies" est un clair retour old school dans le style de ce qu'on pouvait entendre sur Unification ou le premier album éponyme du combo. Alors certes, les ambiances sont là, agrémentées d'un léger fond synthétique loin d'être désagréable, mais l'écriture se veut ici simple et sans fioriture. En cela Iron Savior réussit un véritable tour de force : garder sa fan base intacte et l'ouvrir vers ceux qui ont envie d'une certaine fraîcheur. Il en va de même avec ce "R.U. Ready" très fédérateur, un autre hymne traditionnel et hommage à la musique tant appréciée par Piet et sa troupe ("Breaking the law on the highway to hell, heavy metal thunder!" ... cherchez donc les références dans ces paroles ^^). Relevons aussi le très martial "Hall of the Heroes" qui porte bien son nom, où le tout se Manowarise un peu avant un refrain presque ancré dans la tradition "hard FM" et un final profondément épique : mélange en l'apparence délicat mais fort bien digéré.
Une chose ne change cependant pas tout au long du disque : le chant profond et heavy ultra caractéristique d'un Piet Sielck qui vocalement ne bouge pas d'un poil au fil des années, à croire que cet homme est un véritable robot (47 ans tout de même). Et toujours ces choeurs, reparlons-en, parfaitement agencés et redoutables de frissons par moments (sur "Before the Pain" on touche presque à l'excellence, à la Queen en quelque sorte, sublimant au passage une ballade qui aurait pu être banale). Même si avec le temps on finit par s'y habituer, cela reste fort délectable...
Si The Landing n'égale pas l'excellentissime Condition Red (quelques titres auraient mérité un meilleur sort, comme ce "Moment in Time" à l'intro bien bassisée mais qui ne décolle jamais vraiment - la faute à un refrain un peu plat - ou encore la conclusion "No Guts, No Glory" certes sympathique avec son côté AOR/hard rock - rien à voir avec Airbourne, du moins pas officiellement - mais qui manque d'un certain coffre pour une conclusion d'album), il n'est pas loin d'être l'une des meilleures offrandes d'Iron Savior à ce jour. Supérieur et certainement plus varié que ses prédecesseurs Megatropolis et Battering Ram (pourtant largement convaincants), on se prend au jeu et se délecte ici d'un son abouti sur des compositions savamment pensées et toujours ancrées dans une ambiance rock/metal parfaitement crédible et purement intuitive.
Je vous laisse avec Piet Sielck pour le mot de la fin qui résume bien cette dernière pensée : "Rockin' on until the night is gone, rockin' on until the morning sun!"
Note : 8.5/10