En 2010, Aymé est le finaliste du concours des Inrocks Lab sous le nom 21YO (Twenty-one years old), le groupe change de nom G.A.Y (Golden Age of Yatching), pour quelques dates de concert en 2011 dont Rock en seine et l’Olympia en ouverture pour Brigitte.
De rencontre en collaboration, finalement, Hugo Aymé, donne son patronyme pour la sortie d’un premier EP de 4 titres : Color.
Accompagné d’une fine équipe de musiciens, producteurs, graphistes, réalisateurs dont certains sont là depuis le début, c’est le 19 février prochain qu’Aymé, le groupe, sort Coriobona, son premier album.
Coriobona ouvre sur le titre « More », premier single sorti cet été en guise d’apéritif.
Dès les premières notes l’oreille frétille… Qu’est-ce donc que ce son que je connais ? Le connais-je vraiment ? On dirait le glouglou de la Soupe aux choux… Mais que vient faire ce gimmick lancinant et zoukant là dessus ? Soudain ça chaloupe dans les hanches : C’est la basse qui tangue mixée bien en avant et qui fait le contre point avec une voix aigüe, même suraigüe parfois mais qui n’a rien de féminine.
Sourire : est-ce bien un son de Prophet ou Fairlight qu’on devine en trace légère sur les transitions couplet refrain ? Ahhhh ok on y est ! On ne nous avait pas menti en parlant d’influence Peter « Gabriellienne »… C’est fait avec finesse mais on le reconnait bien là. Du coup c’est vrai, c’est frais et chaud à la fois, c’est gai, un peu à la "Happy" (pour le côté joyeux hein, pas le flon flon) du Pharrel international mais teinté d’un « crazy » du Seal non moins international. On écarte les bras, on tape du pied, happy… on hug la foule dans le métro. Abusé l’effet qu’ça fait.
Nous voilà déjà embarqué dans l’univers d’Aymé. C’est « So heavy », retour vers le futur dans les caraïbes ou au Sénégal des années 80 mais avec tablette et enceintes bluetooth. On est entrainé sur le pont du bateau de Jacques Mayol pour une plongée en apnée sous un soleil de plomb accompagné d’une voix à la Eric Serra sur vitaminée. Le groupe, lui, propose un autre melting pot d’images bien barrées entre magie et toile de jute (et ouais) que nous avons pu découvrir en exclu fin novembre dans le clip réalisé par Jérémy Knittel à redécouvrir ou découvrir ici :
On reconnait bien avec « Shame », le style duquel Aymé se définit : la Prog-pop et je rajouterai bien world rock et même funk ou jazz... La guitare nappe avec les sons eighties ou des instruments exotiques et bruitages. La basse se promène mélodieusement, les rythmiques de percus s’enchainent mais savent se taire pour laisser la voix et les petits sons distillés faire leur boulot impressionniste pour construire minutieusement une espèce de jungle accueillante. Un oxymore musical en somme.
On retrouve ainsi pêle-mêle Jean-Batiste Mondino et « La danse des mots », acoquiné avec Youssou N’dour (ah oui un autre pote de Peter Gabriel) dans « Weaker heart », des voix doublées à l’unisson et des rythmes qui s’inversent délicatement à la « Lay your hands on me » du même maitre susnommé pour une évocation réussie d’une chaude pluie qui agace mais nourrit aussi. Tout ça pour finir par chanter sous la pluie « Broken umbrella »… Of course…
En continuant la balade, on rencontre Manu Dibango sans saxo, un mélange rythmique de biguine ou mazurka sauce parisienne dans « Unchanted », on croise les Pony pony run run, les Two doors cinema club ou les Temper trap « ESL », « We want you » le tout remixé en mode décomplexé new yorkaise ce qui veut aussi dire qu’Aymé reste bien sur un groupe de son temps même s’il fabrique son nid avec des ficelles plus anciennes remises au goût du jour avec beaucoup de respect mais aussi beaucoup d'applomb.
Rythmiquement proche de Cock Robin, teinté de Communards et de Vampire weekend côté Soukous, voire Bananarama pour les basses endiablées « Make up » est un moment fort dansant ; puis viennent les guitares chantantes, les basses profondes et lourdes sur un shuffle qui monte crescendo à la Simple minds pour « We want you » côté ballade, on est bien Tintin… on ne veut plus partir de ce monde changeant, reconnu mais nouveau… "Strange, I’ve seen that face before" comme qui dirait…
On finira par « The middle » qui pourtant annonce la fin de la promenade (sic), tente une sortie « guitaristique » osée et « Your absence here » qui illustre bien tout ce qu’on vit dans cet album, le présent dans un futur passé… Coriobona… Mais c’est bien sur… Comme le village gaulois restauré du même nom… Nom de Zeus, Marty, Il faut repartir !
Bref, Ce qui sera compliqué pour Aymé qui a eu le temps de bien peaufiner ce 1er album très bien (trop bien ?) produit, léché jusque dans l’absolutisme, c’est de réitérer l’exploit de nous faire retrouver toutes ces influences et ces sons déjà aimés pour ne retenir que le nom d’Aymé.
Il sera ainsi et pour la postérité Aymé, le bien nommé, souhaitons-lui.