Les trois cavaliers de l’apocalypse instrumentale
Le 20 décembre dernier, les parisiens amateurs de beau jeu avaient droit à un Noël anticipé : The Aristocrats, trio instrumental épique formé par Guthrie Govan, Marco Minnemann et Bryan Beller, était de passage dans la prestigieuse Maroquinerie. Avec un sympathique troisième album sous le coude, il y avait forcément beaucoup à attendre de tels musiciens.
Par malheur, le groupe a eu quelques soucis pour arriver d’Angleterre en France. Ainsi, le trio est arrivé à peine plus d’une heure avant le début du concert. On aurait pu craindre que ce retard aurait affecté la qualité des balances ou la durée du set, mais fort heureusement, il n’en fut rien, bien au contraire. Car c’était la dernière date de la tournée européenne de The Aristocrats, et les trois américains ont donné ce soir-là un concert en tout point exceptionnel. Ce qui frappe dès les premières notes du concert, c’est la virtuosité, mais surtout, la précision de l’exécution des musiciens, que ce soit autant Guthrie que Bryan ou Marco. Soyons clair, les trois sont chacun des maîtres reconnus et respectés de leurs instruments, et c’est particulièrement flagrant ce soir. D’autant plus que nous sommes en fin de tournée, faisant que le set est complètement rodé. On se trouve donc parfois à frissonner en les regardant tout en tendant l’oreille.
C’est particulièrement vrai pour Marco, dont le jeu très visuel et puissant fait forte impression. Nous avons clairement affaire à un des meilleurs batteurs de la scène rock/metal, et le tout avec un permanent sourire aux lèvres est vraiment communicatif.Le set est complètement axé sur le dernier album du groupe, Tres Caballeros. Entre les morceaux, nous apprenons qu’ils n’ont pas été écrits en collaboration, mais plutôt que l’album est un ensemble de chansons écrits par Guthrie, Marco et Bryan séparément. Le compositeur de chaque morceau raconte donc une petite anecdote, expliquant son titre ou comment il a été écrit. Alors qu’un de ces monologues s’allonge, un spectateur crie « Shut up and play ». Ce qui aurait pu être considéré comme un geste indélicat au premier abord va en fait devenir un comique de répétition tout la soirée. Car nos trois larrons ne sont pas dépourvus d’humour , et ne manqueront pas de faire des allusions à ce « taisez vous et jouez ! » tout au long du concert !
Certains auront sans doute regretté que Guthrie Govan n’en profite pas pour jouer quelques hits de son album solo Erotic Cakes devenu culte aujourd’hui dans le milieu shred, mais tout est tellement bien joué, avec la part belle laissée à l’improvisation, qu’on a du mal à faire la fine bouche, d’autant que le son est tout bonnement excellent, laissant bien entendre les nuances de jeu des trois musiciens. Tout cela fait que les deux heures passées avec les Aristocrates passent bien vite. Le public chante les mélodies, si fort que les musiciens semblent vraiment touchés par un tel enthousiasme, et se retirent sous les vivats en déclarant que ce passage à Paris était un de leurs meilleurs concerts depuis la formation du groupe. Et vu tout ce qu’il s’est passé en 120 minutes, il y a fort à croire que cette déclaration n’était pas que de la démagogie.
Compte rendu par Tfaaon (Facebook)