Pour nous les petits français et les autres peuplades d’Europe et du Monde, considérons cet album comme le premier de la discographie des australiens, alors qu’il est déjà pour eux le 3ème…
Ils avaient déjà sorti deux 33 tours chez Albert Productions juste avant qu’Atlantic vienne sonner à leur porte pour leur proposer un contrat pour le reste du Monde.
Les titres sont produits par Harry Vanda & George Young, c'est-à-dire le grand frère d’Angus et de Malcom et son compère ayant connu le succès avec leur groupe The Easybeats dont le single « She’s So Fine » avait atteint la première place des charts Australiens en 1965.
On est en 1976. Il faut tout de même remettre les pendules à l’heure, car à cette époque lorsqu’en Avril AC/DC monte sur scène pour la première fois en Angleterre dans un pub londonien, juste à côté d’eux se produisent les Sex Pistols et les Clash qui débutent…
C’est peut être pour cela que les maisons de disques ainsi que les disquaires ne sachant pas trop comment les classer les mettaient dans le Punk Rock… (C’est vrai que ces derniers aiment bien ranger les groupes dans des cases et gare à celui qui veut en sortir). D’un autre côté cela ne m’étonne pas car 3 ans plus tard je sortirai de mon disquaire préféré « California Music » avec 2 disques sous le bras : Highway to Hell et London Calling…
On retrouve sur cet album « Little Lover » et « She’s got Balls » du High Voltage australien qui lui était paru en Février 1975.
Ainsi que « It's a Long Way to the Top (If You Wanna Rock'n Roll) », « Rock'n Roll Singer », « The Jack » et « Live Wire » respectant d’ailleurs l’ordre dans lequel ils apparaissent sur T.N.T. qui lui était sorti en Décembre 1975 en Australie. Suivent «T.N.T. », « Can I Sit Next to You Girl » et « High Voltage » de ce même album. Afin de compliquer les choses il faut remarquer que le titre « High Voltage » était sorti sur l’album T.N.T. …bon Ok vous allez me dire que « If You Want Blood (You've Got It) » est sorti sur Highway to Hell ?
On reparle ici de pochette. Angus brandissant sa SG lui sortant du short devant un éclair (que fera par la suite parti du logo du groupe) brulant la pochette en bas à gauche.
Au verso on retrouve des lettres en facsimilé s’adressant à chacun des musiciens.
Sur la première le Directeur du Pub Rocky Mungo refuse à son employé Marc Evans la permission de jouer avec son nouveau groupe AC/DC et lui donne des nouvelles du videur que le bassiste vient de tabasser.
Helen écrit à Bon Scott (en dessinant de nombreux cœurs sur la lettre) lui expliquant que son père pense que ce que le chanteur à sous son pantalon est une chose terrible. Tandis qu’elle pense qu’il y a un cœur la dessous… (AC/DC ne manquant jamais d’humour, le mot « Dur » est rayé et remplacé par « Cœur »)…
Thomas Barton renvoie une lettre accompagnée d’un bout de baguette à Phil Rudd que ce dernier a cassé sur la tête de sa fille et précise que ses avocats se mettront en relation avec lui…
RK Lanning, le proviseur de l’école, écrit à Madame Young pour se plaindre du comportement d’Angus et de Malcom concernant la vulgarité de leurs langages et leurs gestes obscènes. Malcom ne prenant son stylo que pour écrire des « pseudos » poésies ; quand à Angus il ne mange que des friandises, que son uniforme est sale et que son nez coule constamment.
« It's a Long Way to the Top (If You Wanna Rock 'n' Roll) » avec son riff d'intro bien lourd, le duo basse/batterie groovant et créant l’ambiance et la voix de Bon qui nous parle de la vie d’un groupe de Rock. La cornemuse joué par Bon arrive à la fin du morceau et nous rappelle d'où viennent les Boys.
« She’s Got Balls » est un titre qui s’adresse à Irene, la femme de Bon avec qui il vient de divorcer. Il faut savoir que Bon Scott avait une relative facilité dans l’écriture, il disait d’ailleurs qu’il faisait de la « Poésie de chiottes »…Pour cela il ne lui fallait dans les studios d’Albert Productions que d’un stylo, un carnet et une bouteille de Stone’s Ginger Wine…
Le Boogie est lent et pesant, on est typiquement dans l’essence même des premiers titres d’AC/DC teinté de Blues. Pour info ou plutôt pour les puristes c’est Peter Clarck, le batteur « live » qui s’occupe de la batterie. T.N.T. taillé pour la scène, n’est là que pour nous faire bouger et participer au refrain lorsque le titre est joué en live.
L’esprit de séducteur, chaud comme la braise ressort sur les paroles de titres comme « Can I Sit Next to You Girl » où la voix de Bon s’enroule autour de la jeune fille qui commence à tomber sous le charme de sa voix rocailleuse qui coule lentement dans son oreille.
Bon Scott au delà d'être un grand chanteur est aussi un excellent acteur. Il se fonde dans son personnage comme sur "Rock 'n' Roll Singer". Il est habité par ses propos comme sur "The Jack" et "Little Lover" où il dégage quelque chose de plus que n'importe quel chanteur. Bon nous raconte sa relation équivoque avec une admiratrice. Le titre s’arrête au bout de 4’49’’ avant de reprendre pour un fade-out…
« The Jack » s’inspire de la vie d’AC/DC. En effet à cette époque il vivait tous ensemble dans une maison où de charmantes jeunes filles passaient souvent par là. En argot anglais, the jack veut dire gourdin ainsi que chtouille…
Il faut écouter la voix de Bon qui nous chatouille les tympans, charmant la gente féminine et la regardant droit dans les yeux en la pointant du doigt en disant « She’s Got The Jack »… Ici pas trop de distorsion, la guitare d’Angus est des plus claire, et ce même sur le solo où l’on entend distinctement chaque note tel un vieux Bluesman du Delta du Mississipi.
« Live Wire » vous explose à la tête comme un colis piégé avec la basse de Marc en intro suivi de quelques notes de guitare Ce petit riff anodin qui vous fait secouer la tête inconsciemment pour vous éblouir par tant d’ingéniosité et cela avec seulement 4 notes…
Cet album construit les bases de ce que sera les fondations d’un des plus grand groupe de Rock de tout les temps sur un champ de Blues, de Boogie, de textes osés, de guitares bien tranchées et d’ une rythmique imparable. Et cela parait pourtant simple…
“Let there be light, sound, drums, 'n guitar, ah…Let there be rock”
Lionel / Born 666