Le gars n’est pas des plus avenants, pas sûr qu’il veuille boire une bière avec vous backstage, car lui ce qu’il sait faire, ce n’est pas discuter, c’est envoyer des riffs qui font l’unanimité entre thrasheurs et blackeux. C’est ce que K.K. Warslut nous fait sur « Traitor » avec des solos qui fusent dans tous les sens épaulés par une rythmique solide.
Deströyer 666 va donc nous infliger un traitement « old school » par intraveineuse avec Wildfire, mais sans chichi, sans petite larme, sans nostalgie, seulement parce qu’ils aiment ça tout autant que nous.
Sur « Live and Burn » KK gueule comme les chanteurs émasculés des années 80, avec une agressivité à la Grim Reaper, Heir Apparent, Savage ou Satan. On se croirait encore dans une vieille boutique de disques enfumée où l’on pouvait dénicher un vieil « import » accroché au mur. L’impression patinée et efficace n’est pas en reste avec « Wildfire » carrément motörheadien, rapide, doté d’un refrain de thrasher : « Wildfire, Wildfire, Wildfire » où les guitares stridentes font grincer des dents. Titre me faisant penser au premier album de The Rods. Même constat pour « White Line Fever » (cömme un titre de livre) où l’électricité dégagée par les guitares est aussi aiguisée que la voix de KK.
À l’image du cavalier de la pochette venu défendre les couleurs de K.666, la rythmique de « Artiglio Del Diavolo » fait penser au son d’un cheval au galop traversant ruisseaux et sautant par-dessus les clôtures avec des coups de solos en guise de triques sur la croupe : instrumentale jouissive.
Sur « Hounds at ya Back » on émerge d’un marécage de sons lourds et poisseux avant que les riffs nous extirpent d’un sol gluant. Refrain rock n’ roll que l’on reçoit comme une baffe d’une grand-mère qui nous a trouvé les doigts dans la confiture en équilibre sur un tabouret allongeant couche de guitare sur couche de guitare…
Mais les Australiens ont du talent et peuvent sur une intro nous sortir des sons limite stoner sludge pour « Hymn to Dionysus ». Mais quelques secondes plus tard sortez le slip blindé car les coups de pieds dans les parties comme un mec qui n’a jamais fait de cheval et ne sachant pas monter ne sait pas amortir le rythme de la bête au galop et se prend tout dans l’entrejambe. Etourdissant avec une fin comme le début.
Agressif dans le traitement autant que dans les propos « Die You Fucking Pig » ne fait pas dans la dentelle de Calais mais plutôt dans le razorback du bush. Avec de l’intensité et comme sur de nombreux titres de l’album un esprit punk assez cash pour des brûlots qui tournent autour des trois minutes.
Quand à « Tamam Shud » titre le plus long et le plus dispensable arrosé d’échos sur les guitares, il est trop en décalage avec le reste de l’album, dommage alors que des chœurs valeureux font leur apparition sur la fin.
Bref Deströyer 666 nous l’a fait dans le brut de décoffrage, sincère, droit dans la tronche, sauvage, à l’ancienne. Je n’ose imaginer ce que cela va faire en live…
Liönel / Börn 666
Photos : © 2016 Ester Segarra
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