Thrashfest au Bataclan (27.11.2011)

Le bataclan soufflé par la déferlante thrash

C’était dimanche 27 novembre qu’avait lieu le rendez-vous immanquable des thrashers parisiens : le Thrashfest Classics, qui réunissait en un soir Sepultura, Exodus, Destruction, Heathen et Mortal Sin. Comme si ce n’était pas tout, chacun de ces groupes a joué une sélection de chansons venant de leurs albums les plus appréciés par leur public amateur de sensations fortes. Headbang, circle pits et autres joyeusetés étaient au rendez-vous de cette soirée brutale.

Mortal Sin

Les festivités commencent avec les thrashers australiens de Mortal Sin. Le faible nombre de gens présents (le groupe commence à jouer à 16h30) n’a pas empêché au groupe d’envoyer la sauce pendant une demi-heure. En plus d’avoir une bonne présence scénique et un bon son, le groupe a montré qu’il savait improviser. En effet, les fans étaient étonnés de voir le bassiste Andy Eftichiou tenir le micro lors de la première chanson. Le chanteur était-il malade ? Avait-il été remercié ? Rien de tout ça ! A la fin du premier titre, c’est un Mat Maurer haletant qui arrive sur scène, et qui explique qu’il était coincé dans les embouteillages parisiens ! Peu enclin à fournir un mot d’absence au public, le chanteur se donnera de plus belle dans le reste du show, qui a convaincu bon nombre de présents, en interprétant six chansons venant uniquement de leurs deux premiers albums, Mayhemic Destruction et Face Of Despair. Une belle leçon de Rock n’Roll de la part Mortal Sin, qui a su faire démarrer cette soirée au quart de tour.

Chanteur Mortal Sin

Heathen

Après une ouverture plus que réjouissante, c’est au tour des thrashers de la Bay Area d’Heathen de venir en découdre avec le public français. Ne venant que très peu souvent dans nos contrées, ce fut un plaisir pour les fans de voir ce groupe récemment reformé interpréter les classiques de leurs deux premiers albums, Breaking The Silence et Victims Of Deception. Au grand étonnement général, c’est la pochette du dernier album, The Evolution of Chaos, qui sert de décor scénique. Thrashfest Classics oblige, ce sont bien les deux premiers albums qui seront interprétés ce soir.

L’ambiance était encore une fois au beau fixe pour le public parisien, heureux de pouvoir headbanguer sur les impitoyables "Pray For Death" ou "Mercy Is No Virtue". Peu de circle pits ou de pogos. Si la musique du groupe est énergique, la place faite à la mélodie est telle que ces pratiques s’y prêtent peu. Cela n’a pas empêché au public d’apprécier la performance de nos californiens.

David White

Et si rien n’est à redire sur la performance des musiciens comme celle du chanteur chauve David White, des couacs sonores malvenus se sont montrés pendant leur set. D’une part, on a pu se rendre compte que la voix était assez sous-mixée pendant le début du show. Son micro a aussi fait des caprices pendant le concert, si bien que le pauvre vocaliste se retrouvait forcé à briser le silence en chantant plus fort. Les problèmes se sont aussi fait sentir au niveau des guitares, avec un Lee Altus qui n’était pas mis à l’honneur dans le mix. Un autre couac amusant : la distorsion d’une guitare est subitement partie pendant le solo d’"Hypnotized", ce qui a donné un effet assez étonnant, qui a fait rire bon nombre de fans présents.

Malgré ces problèmes, le groupe a su mener son show jusqu’au bout des 45 minutes qui leur étaient imparties. Le groupe s’est tout de même montré plus statique que la moyenne des thrashers. Heureusement que le frontman David White a n’oubliait aucun côté de la scène pour haranguer les fans.

Pour les fans du groupe qui en voudraient toujours plus, le groupe prépare une tournée en tête d’affiche au printemps prochain, et un passage au Hellfest également, avec un Lee Altus qui jouera encore pour deux groupes le même jour.

Heathen

Setlist :

Pray for Death
Goblin's Blade
Open the Grave
Hypnotized
Opiate of the Masses
Mercy Is No Virtue
Death by Hanging

Destruction

C’est à nos metalleux allemands de fouler les planches du Bataclan pour 50 minutes de thrash evil. Comme d’habitude chez Destruction, sur scène c’est carré, ça tabasse sec, et ça ne se pose pas trop de questions. Le thrash allemand par excellence, en somme.

Servis par un bon son, et sans rencontrer les problèmes d’Heathen, les musiciens ont pu exhiber leur rage de manière complètement débridée. La basse du leader charismatique Schmier est toujours aussi bien mise en avant, et martèle de concert avec la batterie de Vaaver, le jeune batteur qui tabasse comme il faut. Le frêle Mike, à la guitare, est toujours égal à lui-même, balançant riffs acérés et solos chaotiques dont il a le secret.

A trois, les membres de Destruction n’ont aucun mal à balancer la sauce et à remplir l’espace scénique. Les trois micros disposés sur scène permettent à Schmier de bouger et d’haranguer la foule comme il se doit. Notre boucher a le sens de la formule, profite pour demander qui est allé à l’Eglise ce dimanche, et sert des "beer shower" (douche à la bière) à volonté en balançant ses pintes au public. Entre deux tueries thrash, il n’est jamais interdit de plaisanter !

Schmier

Côté public, c’est déjà plus rempli que les concerts précédents, et les circle pits se font plus grands et plus violent. Destruction est un groupe de mosh par excellence, les refrains sont rarement repris par le public, et les mélodies à fredonner sont inexistantes. Malgré cela, les titres restent accrocheurs et les headbangueurs sont bien là pour le montrer.

Côté setlist, les allemands se permet une petite entorse à la règle. Ils n’étaient censés interpréter que des titres de l’EP Sentence Of Death et de l’album Infernal Overkill, mais ils arriveront quand même à caler les perles "Eternal Ban" et "Curse The Gods" de l’album Eternal Devastation. N’ayant que 50 minutes devant eux, le groupe s’est fadé de deux medleys pour certaines chansons de leur premier album, qui étaient des plus efficaces. Les classiques "Total Disaster" et "Bestial Invasion" n’étaient évidemment pas oubliés.

Destruction a donc su convaincre le public parisien ce soir-là, en servant un set puissant et sans concession, à leur manière. Le thrash allemand par excellence.

Mike Destruction

Setlist :

Total Disaster
Satan's Vengeance
Mad Butcher
Black Mass / Antichrist / Death Trap
Invincible Force
The Ritual / Thrash Attack
Eternal Ban
Bestial Invasion
Curse the Gods

EXODUS

Place maintenant à la première tête d’affiche de la soirée, pour le show qui réunira le plus de moshers. Exodus ont une sacrée réputation pour chauffer une foule, et ils ne décevront pas ce soir. Ils avaient déjà su mettre le feu au précédent Thrashfest, lorsqu’ils avaient ouvert pour Kreator à l’Elysée Montmartre en décembre 2010. Cette fois-ci, ils sauront mettre tout le monde d’accord.

En effet, les circle pit prennent des dimensions démesurées et les infatigables moshers ne freineront pas leurs ardeurs, des premières minutes de "The Last Act Of Defiance" à la conclusion de "Strike Of The Beast". Sous les ordres du frontman Rob Dukes, le public enchainera les mosh pits et fera un joli Wall Of Death sur "Bonded By Blood". C’est à ce concert que l’ambiance thrash atteint donc son paroxysme.

Rob Exodus

Sur la scène, les musiciens s’éclatent. Lee Altus semble bien plus dedans que pendant Heathen, et Gary Holt s’amuse toujours autant avec les grimaces dont il a le secret. Les membres jouent entre eux, s’échangent sourires et plaisanteries, et arrivent à communiquer leur joie au public sans problème. Rob Dukes, chanteur au grand cœur, invitera un jeune thrasher sur scène pour lui faire chanter le refrain de "Metal Command", et un autre pour "Bonded By Blood". Il marquera également des points dans l’estime du public, en empêchant un roadie de virer le fan de la scène pour qu’il puisse continuer à profiter de cet instant unique.

Tous ces éléments ne distraient pas les musiciens, au top, comme le batteur Tom Hunting et sa frappe chirurgicale, épaulé par le bassiste carré Jack Gibson. Les guitaristes balancent riffs et solo au quintal, sans jamais fatiguer. Et que dire de l’interprétation de Rob Dukes, vociférant sa haine de manière toujours aussi convaincante ? Egal à lui-même, le chanteur est parfaitement à sa place et s’approprie parfaitement les titres de ses prédécesseurs Paul Baloff et Steve Souza.

Côté setlist, parmi les trois premiers albums représentés ce soir, c’est Bonded By Blood qui est clairement mis en avant, en occupant plus de la moitié du set. Les classiques "Last Act Of Defiance" et "Toxic Waltz" ne sont pas non plus oubliés. Au rayon raretés, on retrouve les perles de "Fabulous Disaster" et autres "Brain Dead". Autant de titres qui constituent un set sans temps mort, pour un groupe décidément à la hauteur de sa réputation live.

Gary exodus

Setlist :

The Last Act of Defiance
Exodus
Fabulous Disaster
Brain Dead
A Lesson In Violence
Chemi-Kill
Pleasures of the Flesh
Piranha
Metal Command
And Then There Were None
Bonded By Blood
The Toxic Waltz
Strike Of The Beast

SEPULTURA

Au tour de Sepultura de revenir vers le public parisien, trois mois après leur dernier passage au Nouveau Casino. Après une tournée qui mettait en avant leur dernier bébé, Kairos, c’est maintenant un set composé uniquement de titres anciens, comme le veut l’affiche proposée.

Au groupe de démarrer sur un "Beneath The Remains" des familles, qu’on avait pas entendu depuis des lustres. Comme Exodus, la setlist sera volontairement déséquilibrée et mettra Arise à l’honneur, avec pas moins de 6 titres, parmi lesquels des classiques comme "Dead Embryonic Cells", et des titres plus rares comme "Altered State". C’est d’ailleurs une setlist riche en pépites peu souvent jouées que le groupe servira ce soir, pour le plus grand bonheur des fans. Des titres comme "Amen" ou "We Who Are Not As Others" refont leur apparition.

Côté musiciens, on ne fait pas dans la dentelle. Le leader Andreas Kisser, qui a ressorti la veste patchée pour l’occasion, nous sert ses riffs assassins et ses solos exquis avec le talent qu’on lui connaît, sans jamais fléchir. Paulo Xianto, seul membre fondateur qui a survécu aux changements de line up, reste carré et assure la rythmique comme personne. L’absence d’une seconde guitare ne gêne toujours pas, même dans un set qui ne contient que des titres fait pour en avoir deux. L’adaptation est donc au poil.

Andreas Sepultura

Mais tous les regards sont portés vers le nouveau venu dans le groupe, le batteur Eloy Casagrade, qui remplace Jean Dollabella depuis peu. Doté d’un grand talent, il arrive à faire oublier Igor Cavalera sans difficulté. Il offrira un bref solo de batterie très court mais efficace avant le titre "Subtraction", qui achèvera les thrashers ébahis.

Derrick Green, le frontman charismatique, viendra lui prêter main-forte en se mettant aux percussions sur les titres "Refuse/Resist" et "We Who Are Not As Others". Un peu en retrait dans le mix au début du set, le chanteur ne démérite pas et pousse toujours sa voix pour mieux faire ressortir la fureur des paroles de Sepultura. Il n’hésitera pas à montrer sa joie d’être présent sur scène, en compagnie de ses compagnons d’armes.

Côté public, si les mosh-pits étaient présents, l’ambiance était globalement plus calme qu’à l’accoutumée. Les refrains-slogans sont repris en chœur, mais la fosse bouge moins. Les moshers ont probablement été achevés par la performance d’Exodus, qui les a laissé dans un sale état. Passer après les thrashers de la Bay area n’est pas une chose facile, Kreator en a fait les frais l’année dernière.

Cependant, cela n’a pas empêché à Sepultura de donner un excellent concert, et d’offrir à cette soirée unique une conclusion des plus convaincantes. Riche en émotions, cet évènement s’est terminé avec le titre « Arise », et a permis au thrashers, jeune comme moins jeunes, de repartir du Bataclan avec des souvenirs plein la tête.

Derrick sepultura

Setlist :

Intro
Beneath The Remains
Refuse/Resist
Dead Embryonic Cells
Desperate Cry
Amen
Mass Hypnosis
We Who Are Not as Others
Altered State
Infected Voice
Subtraction
Inner Self
Territory
Arise

Un très grand merci à Hellbangeuse pour ses photos.
 



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